Du sacre du voyou au sacre du criminel

Source [Marion Duvauchel] Le « sacre du voyou » auquel nous assistons aujourd’hui, n’a rien de récent. Il s’inaugure le samedi 11 février 1983, lors d’une émission de Michel Pollack dont les plus âgés se souviennent peut-être : Droit de réponse. On y hurlait, on y fulminait, on fumait comme des troupiers, c’était le journalisme d’alors. Il valait bien celui d’aujourd’hui. Ce jour-là, Michel Pollack avait pour guest star Maître Verges, qui était, cum grano salis, le Dupont-Moretti de l’époque. Cum grano salis, car on n’était pas encore assez fous ou assez égarés alors pour nommer Maître Verges ministre de la justice.

Chaque société choisit les héros qui correspondent à son éthique. On ne choisit pas sans une profonde raison de concélébrer le Sacre du voyou, quel que soit le visage qu’il prend. Au début du XIXe siècle, avec le romantisme, Paul Bénichou avait cru discerner ce qu’il appelle le sacre de l’écrivain. Personne ne touche plus les écrouelles et nous respectons (pour combien de temps encore, et pas toute la société) l’État-Providence qui étrangle toute initiative et rembourse l’avortement. Il faut bien que nos artistes, généralement de gauche, placent quelque part les bouffées de chaleur respectueuse qui les étouffent. En 82, la bouffée de chaleur respectueuse allait à ce vulgaire criminel du nom de Mesrine.

Il y eut au cours de cette émission du 11 février 1983 un quart d’heure de glose à la mémoire de ce truand très ordinaire qui tuait, raptait, torturait pour le plaisir, la jouissance et pour l’argent : Mesrine. C’était trois ans et demi après sa mort. Il avait alors obtenu 560 fois environ la place et le temps consacrés au dernier prix Nobel de la paix (français) de médecine d’alors.

Puisque Mesrine était présenté comme l’innocente victime des contradictions du capitalisme, on lui devait bien cette modeste compensation, écrit alors Pierre Chaunu, qui fut à l’histoire ce que Raymond Aron fut à la sociologie, (avec plus de force, d’énergie et de prophétique lucidité) dans le journal le Figaro, le 9 avril de la même année.

J’aimerais reprendre ce que nous apprend notre historien de la longue durée. Prophète de notre malheur d’aujourd’hui, Pierre Chaunu nous donne dans la foulée une petite leçon d’histoire.

Le sacre du voyou des années 80 ne s’inscrit pas dans la tradition du bandit au grand cœur. L’histoire du banditisme que notre historien appelait de ses vœux est toujours à écrire. De préférence par de bons historiens. Il conviendra alors d’y ajouter un chapitre spécial sur ce banditisme particulier, effroyable, des cinglés de l’islam. Là encore, il y a une faille dans cette histoire de la crapulerie.

En Gaule, la première manifestation du grand banditisme, au Vème siècle, est celle des Bagaudes. Les Bagaudes sont des barbares de l’intérieur. Expliquons pour ceux qui ont oublié : en s’alourdissant, le Bas-empire ne contrôle plus rien. Conséquence, entre les barbares du dehors et les cités recroquevillées dans les mailles d’un tissu social mité, une société élémentaire, brutale, vengeresse, violente, sadique, occupe les vides d’un Imperium asthénique et d’une civilisation aussi énervée que l’est aujourd’hui la nôtre. La justice bagaude est sommaire : les sentences sont rendues sous un chêne et inscrites sur le dos des coupables. Là, tout est permis. Dans la grande forêt de la Gallia, de l’Iberia et de la Britannia redevenues chevelues, les Bagaudes annoncent le mythe d’une société inversée, d’une Saturnale concrète où les premiers seront les derniers avec l’exercice illimité de la vengeance et la simplification des règles rendues plus accessibles à ceux que l’ignorance tient en position d’infériorité.

L’islam utilise la même combinaison. Il rend accessible à des femmes incultes et à des hommes  semi-illettrés, des règles simplifiées : le méchant est le mécréant, on peut le voler, le tuer aussi s’il le faut (s’il ne veut pas se convertir ou s’il bafoue Mahomet). Les vertus sociales qui représentaient deux volumes de la Somme de saint Thomas d’Aquin sont réduites à l’essentiel. Et dans ce domaine, cet essentiel est la mort de l’intelligence. Et ensuite, la mort tout court.

Après les Bagaudes, il y a eu Mandrin. Le bandit s’est individualisé. Il s’en prend à la Ferme générale, symbole en acte de la résistance à l’impôt et aux plus lourdes et aux plus impopulaires de ces taxes iniques : les aides et gabelle.

Dans la mise en place de l’imaginaire des grands justiciers, le roman feuilleton, « sorte de complainte du crime redouté et exalté » et des grandes affaires criminelles a joué un rôle que notre critique littéraire n’a jamais daigné analyser. Stérilisée par deux décennies de nouveau roman suivi par l’écœurant narcissisme des autobiographies de l’infinie médiocrité qu’on ne cesse d’imprimer à des fins d’édification, elle bavarde ad nauseam sur l’insignifiance de destinées diverses qui s’offrent à notre vénération.

Or, de Mandrin et Bonnot à Mesrine, il y a une faille. Et Chaunu l’avait vue avec la précision de l’historien et l’inspiration prophétique.

À nous de poursuivre.

Mesrine torture et tue pour le gain. Il ne symbolise pas, comme les Bagaudes, une autre société, ou comme Mandrin, la résistance à l’État de finances. Encore moins l’ignorance comme le Surineur du roman d’Eugène Sue, les Mystères de Paris, ou l’inoubliable Jean Valjean, symbole de l’acharnement du malheur et du poids de l’anankè sociale.

Mesrine a été rendu célèbre parce qu’il est peu doué, qu’il aime l’argent, et que ne pouvant faire plus et mieux, il tue. Comme sont rendus célèbres tout les petits malfrats des banlieues, symbole de notre infinie culpabilité pour n’avoir pas su les comprendre et les intégrer, ces « sauvageons ».

Le lointain et approximatif archétype du Mesrine cinématographique des années 80 est fourni par Jacques Bonnot dont la bande tuait en voiture et dont on a tenté de couvrir les crimes d’une revendication anarchisante. La filmographie de Mesrine des années 80 ne faisait qu’inaugurer le sacre du voyou. Plus récemment, la presse a relayé avec fureur un diptyque, avec Vincent Cassel dans le rôle titre, sur ce voyou célèbre. Les critiques le soulignent avec  moult fautes d’orthographes comme un sommet : le film ne dénonce pas.

Déjà avec la Haine, Vincent Cassel et Matthieu Cassovitz avait inauguré le genre, avec les petits voyous des banlieues, sur fond « multi-ethnique », entendre multi religieux aussi. On est passé ce jour-là au sacre des petits voyous, de ces « sauvageons » dont les délits sont excusés, parce que n’est-ce pas, la France est responsable de leur état, de leur situation, de leur inculture crasse, de leur arrogance musulmane lorsqu’ils le sont. Ils tuent, violent, incendient en toute impunité.

Ne nous leurrons pas, nul doute que quelque cinéaste aura à cœur de placer la bouffée de chaleur respectueuse envers ces pauvres musulmans qui va l’étouffer. Nul doute que nous aurons un jour ou  l’autre sur nos écrans quelque chef-d’œuvre salué par la critique, et que l’on verra sur tous les plateaux télévisés les acteurs qui auront campé quelque chef de guerre dont la férocité sans nom porte l’euphémique nom de « terrorisme ».

Ce régime de terreur que l’islam (et non l’islamisme) prétend bien installer rappelle le régime des Bagaudes. La loi y est celle de l’islam, et ceux qu’on ne tue pas, on les revend au pays d’origine, pas tout à fait dans le même état : le syndrome de Stockholm dont a vu  récemment les tristes ravages pourrait s’appeler désormais le syndrome Pétronin.

Nous justifions et payons de nos cotisations sociales le meurtre de l’enfant à naître, qui nous manque aujourd’hui parce qu’il risquait de nous gêner hier et que nous remplaçons par la main d’œuvre bon marché, mais inapte, inculte, et donc dangereuse, qui arrive massivement dans un pays que le covid appauvrit chaque jour davantage. Un pays dont le retard de formation s’accélère grâce aux réformes successives menées par des idéologues sans entrailles ni bon sens. Un pays qui, depuis quarante ans, n’a plus assez d’enfants pour assimiler les enfants d’ailleurs.

Car ce sont les enfants qui assimilent les enfants.

Cet effroyable massacre depuis quarante ans des enfants à naître est en corrélation directe avec l’afflux massif de populations étrangères, issues pour la plupart de cultures traditionnelles, qui ne comprennent pas nos sociétés modernes et qui les voient à travers le glacis des richesses invraisemblables qui s’étalent devant leurs yeux ou sur les écrans de télévision. Richesses loin d’être partagées par les ressortissants de France. Le « collapsus » annoncé par un Pierre Chaunu prophétique a eu lieu. Pour la survie de nos sociétés, nos responsables ont bien compris qu’il fallait un afflux de population. Trop tard pour revenir en arrière, les lobbys LGBT et les semi-folles du féminisme sont là, presque aux commandes. C’est la course en avant. Elle ne cessera que lorsque nous serons parvenus au seuil, et il est imminent, de la mort de notre société française, décervelée depuis trois décennies au moins, paralysée par un État boulimique asservie à une classe politique européenne qui ne lâchera pas les prodigieux avantages dont elle jouit.

Et surtout par une société française que l’on s’est employée à priver du ressort le plus profond de son histoire, de sa culture, de ses terroirs : le formidable ressort chrétien.