Source [Atlantico] Selon des données publiées par des économistes de l’OCDE, l’idée consistant à voir la Chine comme l’évidente première économie mondiale d’ici quelques décennies aurait du plomb dans l’aile. En effet, en prenant en compte le défi démographique auquel doit faire face Pékin, le taux de croissance du pays pourrait s’installer durablement en deçà du potentiel américain.
Atlantico : Quelles seraient les conditions à réunir pour la réalisation d’un scénario où l’économie américaine serait durablement plus importante que l’économie chinoise ?
Michel Ruimy : La question de la montée en puissance de la Chine suscite, plus globalement, des interrogations et des inquiétudes aux États-Unis, surtout lorsque ces derniers envisagent leur propre et inexorable déclin. La croissance chinoise profiterait de l’affaiblissement des États-Unis, comme si les relations de puissance sur la scène internationale étaient une affaire de vases communicants. Pour autant, la domination du soft power chinois est-elle comparable à celle des États-Unis ? En fait, le projet de puissance de la Chine n’est pas un projet politique universaliste comme celui des États-Unis.Il est plutôt un projet de puissance économique et commerciale qui prévoit assez de puissance pour contrôler les routes maritimes et terrestres, et établir des règles du jeu qui lui sont favorables. La Chine se rapproche donc plus du modèle de la Grande-Bretagne du XIXème siècle, celle que Napoléon qualifiait de « nation de boutiquiers ». Il n’en demeure pas moins que, désormais, la Chine, premier pays au monde par sa population, occupe une place prépondérante sur la scène économique et géopolitique mondiale. En termes économiques, le PIB chinois, calculé en parité de pouvoir d’achat, dépasse aujourd’hui celui des États-Unis. Mais, elle doit sa situation de premier plan d’abord à sa population : 1,3 milliard d’habitants aujourd’hui, environ le cinquième de l’humanité, devant l’Inde et l’Afrique. Mais surtout, elle détient un avantage considérable sur ses principaux rivaux sur la scène économique mondiale : 70% de la population est d’âge actif contre 65% au Brésil et en Inde, 60% en Europe de l’Ouest ou en Amérique du Nord, et 55% au Japon. Elle comprend donc une proportion exceptionnellement faible de personnes économiquement dépendantes : enfants et personnes âgées. Ce « bonus démographique » contribue à stimuler la croissance économique, mais il ne durera pas. Selon certaines projections démographiques, la population chinoise pourrait ne jamais atteindre 1,5 milliard d’habitants et la part des personnes âgées de 65 ans ou plus, qui était de 7% en 2000, devrait plus que tripler d’ici 2060, pour atteindre environ 25%, la Chine comptant alors 330 millions de personnes âgées. Son évolution aura donc un impact sensible au niveau mondial.
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