Camélia Jordana, ou le paradoxe de l’a-comédienne

Source [Causeur] Vous vous souvenez, bien sûr, que dans son fameux Paradoxe du comédien, Diderot explique que seul un acteur psychologiquement neutre peut prétendre s’emplir des subtilités d’un personnage complexe. Sinon, argumente-t-il, ses propres qualités étouffent toute possibilité de devenir le rôle qu’on lui assigne… Camélia Jordana, j’en avais un vague souvenir en petite hétaïre maghrébine dans l’excellent film de Lou Jeunet, Curiosadont j’ai rendu compte ici même : elle était l’un des modèles que Pierre Louÿs, écrivain et photographe érotomane, amène devant son objectif.

C’est donc sans a priori que j’ai regardé en DVD le Brio, où Daniel Auteuil est contraint par l’administration de son université, pour avoir dit d’une façon un peu brutale à ses étudiants les choses telles qu’elles sont, à former une étudiante maghrébine aux subtilités d’un concours de rhétorique.

Le sujet m’intéressait, j’avais moi-même il y a quelques années dirigé deux étudiants marseillais pour le concours du Lyon’s Club — à tel titre qu’ils étaient montés en finale nationale. C’est une gageure, pour un formateur, de se saisir de la terre glaise informe et d’en tirer une statue qui parle. Et pour être informe, Camélia Jordana, dans le film d’Yvan Attal, l’est des ongles aux cheveux.

L’innocente jeune fille a réalisé, il y a peu, que le film au fond racontait comment un vieux mâle blanc faisait sortir du néant intellectuel une petite Maghrébine. Caramba ! Elle avait donc été manipulée par ce vieux satyre d’Auteuil, qui se permettait, en filigrane, de lui donner une leçon de comédie.

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