Accueil triomphal et chaleureux pour Benoît XVI en Grande Bretagne où le pape a entrepris ce jeudi 15 septembre son dix-septième voyage apostolique. L'avion papal s'est posé à Edimbourg, capitale de l'Ecosse. Le pape a été accueilli par le prince Philippe, duc d'Edimbourg, qui l'a accompagné au palais de Holyroodhouse, résidence officielle de la reine en Ecosse. Cette résidence royale a été bâtie au XVIe siècle à l'emplacement d'un monastère construit au XIe siècle par le roi d'Ecosse David Ier, et dédié à la Sainte Croix.

Après les honneurs d'État (il s'agit d'une visite d'Etat et non d'un voyage pastoral, comme le fit Jean Paul II), Benoît XVI s'est entretenu en privé avec la reine Elisabeth II, après quoi il a gagné le parc où l'attendaient 400 personnalités, parmi lesquelles les représentants du parlement écossais et de l'Église anglicane. Après le discours de bienvenue de la souveraine britannique, le pape a prononcé un premier discours.
L'exemple des grands saints britanniques
Le nom de Holyroodhouse, a dit Benoît XVI en s'adressant à la reine Elisabeth, évoque la Sainte Croix, mais aussi les profondes racines chrétiennes qui restent présentes dans toutes les strates de la vie britannique :

Les monarques d'Angleterre et d'Ecosse ont été chrétiens très tôt, et on compte parmi eux des saints exceptionnels comme Edouard le Confesseur et Marguerite d'Ecosse. Beaucoup parmi eux ont exercé consciencieusement leur souverain devoir à la lumière de l'Évangile, et, ils ont ainsi façonné très profondément la nation vers le bien. Le message chrétien est ainsi devenu partie intégrante de la langue, de la pensée et de la culture des populations de ces îles depuis plus de mille ans.
Le respect de vos ancêtres pour la vérité et la justice, pour la miséricorde et la charité qui vous a été transmis, vient d'une foi qui reste une force puissante pour le bien dans votre royaume, au grand bénéfice des chrétiens comme des non-chrétiens...
Grâce à des personnalités comme William Wilberforce et David Livingstone, la Grande-Bretagne est intervenue directement dans l'abolition du commerce international des esclaves. Inspirées par leur foi, des femmes comme Florence Nightingale, ont servi les pauvres et les malades et ont créé de nouveaux modèles de soins médicaux, qui, par la suite, ont été imités partout.
John Henry Newman, dont je procéderai bientôt à la béatification, fut un des nombreux chrétiens britanniques [...] dont la bonté, l'éloquence et l'action ont fait honneur aux hommes et aux femmes de leur pays. Avec tant d'autres encore, ces personnalités étaient inspirées par une foi profonde qu'ils avaient reçue et nourrie dans ces îles.

Les conséquences dramatiques de l'extrémisme athée du XXe siècle
Puis le Saint-Père a rappelé que, plus récemment, la Grande-Bretagne et ses dirigeants ont combattu la tyrannie nazie qui cherchait à éliminer Dieu de la société, et qui niait notre commune humanité avec beaucoup de personnes jugées indignes de vivre, en particulier les juifs. J'évoque aussi l'attitude du régime envers des pasteurs et des religieux chrétiens qui ont défendu la vérité dans l'amour [...] et qui l'ont payé de leurs vies.
En réfléchissant sur les leçons dramatiques de l'extrémisme athée du XXe siècle, n'oublions jamais combien exclure Dieu, la religion et la vertu de la vie publique, conduit en fin de compte à une vision tronquée de l'homme et de la société.
Ne pas enfouir les fondements chrétiens qui sous-tendent la liberté
Benoît XVI a rappelé qu'il y a 65 ans, la Grande-Bretagne a joué un rôle essentiel en suscitant le consensus international de l'après-guerre qui favorisa la création des Nations-Unies et inaugura une période de paix et de prospérité jusqu'alors inconnue en Europe :

Plus récemment, l'Accord dit du Vendredi Saint, a délégué des pouvoirs à l'Assemblée de l'Irlande du Nord. Le gouvernement de Votre Majesté et le gouvernement de l'Irlande, en collaboration avec les dirigeants politiques, religieux et civils de l'Irlande du Nord, ont aidé à donner naissance à une résolution pacifique du conflit irlandais. J'encourage tous ceux qui y sont impliqués à continuer de marcher ensemble courageusement sur le chemin déjà tracé vers une paix juste et durable [...].
Votre gouvernement et votre peuple ont forgé des idées qui ont encore un impact bien au-delà des Îles britanniques. Cela leur confère le devoir particulier d'agir avec sagesse en vue du bien commun. De même, parce que leurs opinions atteignent une audience aussi large, les médias britanniques ont une responsabilité plus lourde que la plupart des autres médias, et une plus grande opportunité pour promouvoir la paix entre les nations, le développement intégral des pays et la propagation d'authentiques droits de l'homme. Puissent tous les Britanniques continuer d'être animés par ces valeurs d'honnêteté, de respect et d'impartialité qui leur ont mérité l'estime et l'admiration de beaucoup !.

Le Saint-Père a conclu en affirmant que le Royaume-Uni s'efforce d'être aujourd'hui

une société moderne et multiculturelle. Dans ce noble défi puisse-t-il garder toujours son respect pour les valeurs traditionnelles et les expressions de la culture que des formes plus agressives de sécularisme n'estiment ni ne tolèrent même plus.
Qu'il n'enfouisse pas les fondements chrétiens qui sous-tendent ses libertés ; puisse aussi ce patrimoine qui a toujours servi le bien de la nation, inspirer constamment l'exemple que Votre Gouvernement et Votre peuple donne aux deux milliards de membres du Commonwealth et à la grande famille des nations de langue anglaise à travers le monde .

Après cette intervention, Benoît XVI a pris congé de la reine et du duc d'Edimbourg pour gagner la résidence du cardinal archevêque de Saint-Andrews and Edinburgh, où il a déjeuné.

[Source : Vatican Information Service]
En savoir plus (avec Zenit.org) :
Discours d'Edinburgh aux autorités
Homélie de Glasgow
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