Je me réjouis que le cardinal Ruini ait protesté contre la sentence du tribunal de l'Aquila sur l'enlèvement du crucifix dans les écoles. Je pense qu'il l'a fait au nom de la Conférence épiscopale et que tous les évêques italiens reconnaissent la valeur du signe du Christ sur les institutions publiques.

Jusqu'alors personne ne l'avait dit. Le principal défenseur du crucifix à l'école a été la Ligue du Nord, suivie par Forza Italia et par l'Alliance nationale.

Dans le monde catholique, la " chrétienté ", c'est-à-dire le sceau chrétien sur l'État, est considérée comme relevant de l'intégrisme, entendant par intégrisme l'idée d'un rapport formel entre catholicisme et institutions publiques. Est considérée comme chrétienne l'acceptation de l'autre jusqu'à la négation de sa propre identité spirituelle et de sa propre valeur sociale. Aujourd'hui, abdiquer publiquement sa propre identité est signe d'amour du prochain, en revanche parler du Christ avec l'immigré musulman, même quand celui-ci le demande, est vu par la Caritas ou par Sant'Egidio comme une interférence dans la liberté de l'autre.

Le Saint-Siège a surpris depuis qu'après avoir confessé les péchés de la chrétienté, des croisades et de l'Inquisition, il insiste avec tant de ferveur sur la mention du christianisme dans le Traité constitutionnel européen au point de publier chaque jour dans l'Osservatore Romano le slogan : " l'Europe sera chrétienne ou ne sera pas ". [...] Désormais, nous pouvons aussi dire à voix haute, en endossant l'accusation d'intégrisme, que l'État italien est laïc mais pas laïciste ; et que la " Maison des libertés ", à la différence de la gauche, n'est pas laïciste [...].

Le langage officiel catholique était faible. S'il n'en avait pas été ainsi, s'il y avait eu un minimum d'Église militante et pas tant seulement d'Église pénitente, on n'en serait jamais arrivé à la sentence de l'Aquila. Et peut-être que Mme Turco (député européen, membre de la Gauche unitaire-Ndt), qui soutient la reconnaissance formelle des couples homosexuels, n'aurait plus le front de se proclamer catholique.

La sentence de l'Aquila a vu le ministre membre de la Ligue envoyer des inspections dans le chef-lieu des Abruzzes : la Ligue peut parler mal, mais en matière catholique elle se comporte bien. Et aujourd'hui le cardinal Ruini, qui critique la Ligue dans ses propos à la Conférence épiscopale, pourrait noter que la Ligue a fait ce que les centristes postdémochrétiens n'auront pas fait. Finalement celui qui obéit librement est meilleur que celui qui préfère le silence du conformisme.

© Tempi. Traduction Éric Iborra pour Décryptage.

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