Céline Pina: «Comment l'affaire Adama Traoré est instrumentalisée pour entretenir le communautarisme»

Pour l’essayiste, l’émotion suscitée par la mort d’Adama Traoré il y a quatre ans est légitime mais ne justifie pas la colère, qui est entretenue par des agitateurs professionnels adhérant à une idéologie anti-républicaine.

Ancienne élue locale, Céline Pina est essayiste et militante. Elle est la fondatrice de «Viv(r)e la République», mouvement citoyen laïque et républicain appelant à lutter contre tous les totalitarismes et pour la promotion des valeurs républicaines. Elle est l’auteur de Silence coupable (Kero, 2016).

Depuis quatre ans, l’affaire Adama Traoré a excité les passions, parfois de manière violente, comme mardi soir au cours d’une manifestation pourtant interdite aux abords du tribunal de Paris. Pourquoi a-t-elle pris une telle importance?

Céline PINA.- La victimisation est dans l’air du temps et est en train de se transformer en levier politique. Il faut inventer des persécutions pour justifier le recours à la violence politique et présenter celle-ci comme légitime. Dans ce cadre manichéen, toute personne inquiétée par la police, quels que soient les actes reprochés, est forcément une victime et le policier un bourreau, un tortionnaire. Il faut bien des bons opprimés et des méchants oppresseurs, des victimes et des bourreaux, et surtout réduire la vie sociale et politique à cet affrontement-là: blancs contre noirs, policiers contre jeunes de banlieue… Pour créer cette combinaison de ressentiment, de haine et d’agressivité, il faut travailler sur les représentations et créer la peur. Mais surtout, la passion, à l’inverse de la raison, ne s’embarrasse pas de nuances, de quête de vérité, de contradictoires. Elle parle haut et refuse toute légitimité à d’autres visions que la sienne. Elle est là pour accuser et dénoncer, pas pour se confronter au réel. Elle installe dans les têtes des récits exaltés où il est moins question de se connaître soi que de caricaturer et de déshumaniser l’autre.

Les habitants des quartiers sont travaillés depuis des années par des militants venus de la mouvance décoloniale et par une certaine gauche, extrême ou non. Ces habitants n’en comprennent pas toujours la portée idéologique mais le travail d’assignation à résidence communautariste et le rejet de la République et de ses valeurs laïques et égalitaires fonctionnent à plein. Cette mouvance présente la France comme un état fascisant où régnerait un racisme systémique, où les jeunes maghrébins, noirs et/ou musulmans n’auraient pas leur place et seraient systématiquement discriminés et où la police «assassine» parce que l’État est raciste et les Français blancs, complices.

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