A la demande de l'évêque de Salzbourg, un appel pour la bénédiction des unions de couples homosexuels

Source [Le blog de Jeanne Smits] Premier pays européen à relâcher le confinement, au cours du mois d’avril – sans que ne se produise d’ailleurs la « seconde vague » dont les comités scientifiques brandissent la menace pour faire comprendre aux populations qu’elles risquent une deuxième phase d’arrêt économique pour cause de COVID-19 – l’Autriche prouve qu’elle est prête pour la « nouvelle normalité » qu’est sensée entraîner la pandémie. 

L’université catholique de Linz a publié fin avril un livre qui prône la Bénédiction des partenariats de même sexe – c’est le titre du livre –, à la suite d’une demande officielle de l’archevêque de Salzbourg, Franz Lackner, en tant que président de la commission liturgique de la Conférence des évêques d’Autriche, qui avait donné lieu à un colloque dont plusieurs contributions sont ici rassemblées et mises en forme par les principaux auteurs.

Quel rapport entre le COVID-19 et les « droits homosexuels ? La réponse était donnée par l’ONU un mois plus tôt, lorsque son secrétaire général Antonio Guterres présentait le rapport des Nations unies sur la crise du coronavirus : sous le titre Responsabilité partagée, solidarité globale : la réponse aux effets socio-économiques du COVID-19, un meilleur respect de « l’identité de genre » était présenté comme l’une des nécessaires réponses que le monde devrait apporter dans sa globalité.

Ne nous y trompons pas : lorsqu’un prêtre supposé catholique, à la demande de la commission liturgique d’Autriche, et sans susciter le moindre rappel à l’ordre de la part de la hiérarchie catholique, demande que l’Eglise bénisse un choix de vie radicalement contraire à la loi de Dieu et à la morale qu’elle enseigne, il s’agit d’un alignement sur les exigences des puissances de ce monde.
En clair : du prince de ce monde.

La liturgie de la Pentecôte nous rappelle certes en ce jour que le prince du monde est déjà vaincu, mais cela n’enlève rien à la gravité des ces actes de responsables de l’Eglise qui choisissent clairement son camp.

Les auteurs inscrivent explicitement leur démarche dans le contexte du regard négatif porté par le monde sur l’enseignement de l’Eglise sur l’homosexualité. Le P. Ewald Volgger, l’un des deux auteurs, l’a expliqué lors d’un entretien donné à l’hebdomadaire catholique Kirchen Zeitung Diöceze Linz : certes le Catéchisme de l’Eglise catholique condamne les actes homosexuels, mais c’est une pensée qui « bouge ».

« L’enseignement de l’Eglise rencontre de moins en moins de résonance au sein de la société et de l’Eglise, et la théologie morale en particulier est favorable à de nouvelles approches quant à l’évaluation de l’homosexualité. Cela permet de comprendre notre mission qui consiste à réfléchir à une bénédiction du point de vue liturgique », a-t-il expliqué.

Dans le livre qu’il cosigne avec Florian Wegscheider, un jeune théologien professeur-assistant à l’Institut pour la science liturgique et la théologie des sacrements, Volgger s’est penché sur l’histoire de l’homosexualité dans la Bible, les perspectives éthiques relatives au mariage des couples de même sexe et la manière dont celui-ci a été progressivement instauré en Autriche. Voilà pour la première moitié de l’ouvrage ; la seconde présente des suggestions pour la cérémonie liturgique de bénédiction que l’on pourrait imaginer, non sans une modification préalable de l’exposé de l’enseignement moral de l’Eglise sur la question.

Cette « ouverture » – qui passe par une révolution doctrinale et liturgique – affirme-t-il dans l’entretien, « ne doit pas seulement être soumise à la discussion, elle est souhaitable ». Mieux : « Il existe un nombre significatif d’évêques qui veulent repenser la morale sexuelle pour évaluer la relation des couples homosexuels. »

Ces changements, Volgger aimerait les voir survenir « aussi vite que possible », d’autant que la « pastorale arc-en-ciel » se pratique depuis longtemps et que des bénédictions ont déjà lieu « pour la Saint-Valentin », précise le prêtre.

Et de se défendre de vouloir mettre tout cela au même rang qu’un sacrement. Néanmoins, le livre en fait la promotion au titre d’« acte officiel de bénédiction », comme peut l’être la bénédiction d’un « père abbé » ou des fiançailles. « Spécifiquement, cela signifierait que, tout comme le mariage entre un homme et une femme est une image de l’amour créateur de Dieu, de même la relation d’un couple de même sexe serait l’image de l’amour attention de Dieu pour les personnes ».

Pour le P. Volgger, « si les partenaires vivent le don de l’amour mutuel dans la fidélité réciproque et façonnent leurs vies à l’aide des dons spirituels de Dieu que sont leur gentillesse, leur longanimité, leur patience, la reconciliation, etc., alors leur relation est aussi une image de la bonté et l’amour de Dieu pour les hommes ».

Le livre qu’il évoque a été accueilli avec enthousiasme par le groupe homosexualiste américain New Ways Ministry. Dans son compte-rendu, celui-ci rappelle des déclarations favorables à une certaine forme de reconnaissance des couples homosexuels par plusieurs prélats des pays germanophones : le nouveau président de la Conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, mais aussi le précédent, le cardinal Reinhard Marx – qui fait partie de la garde rapprochée du pape François – et  le Suisse Mgr Felix Gmür de Bâle.

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