Source [France Catholique] Professeur de philosophie et écrivain, Martin Steffens revient sur la figure de cet homme discret, dans l’ombre de Marie, dont la force est à découvrir.
Dans notre époque où une certaine confusion existe sur le rôle des pères et des mères, de quelle manière saint Joseph peut-il aider à retrouver le sens d’une paternité ajustée ?
Martin Steffens : Nous sommes dans une époque difficile pour les hommes. La procréation peut désormais, techniquement et légalement, se passer de leur secours. Les hommes ont le quasi-monopole des addictions et constituent la très large majorité des détenus (environ 96 %). Que peut nous dire saint Joseph, alors que lui évoluait dans une société patriarcale ? Beaucoup. Car il y occupe une place particulière : il se tient dans l’ombre de Marie. On pourrait même dire qu’il vit dans l’ombre d’une ombre, puisque Marie elle-même est tout en effacement. Le vit-il mal ? Il semble au contraire que sa discrétion s’entend de sa solidité. Seul l’escalier branlant craque. Joseph est toute tempérance quand Marie lui annonce sa grossesse. Il est toute écoute lors du songe. Il est ensuite parfaite obéissance. Ses décisions sont sans reste et, quoiqu’elles soient sans éclats, elles permettent au Verbe de prendre chair, puis force.
Les femmes ont acquis la force qu’on leur admire aujourd’hui pendant de longs siècles d’intériorisation. Le tour semble venu à l’homme d’entrer dans l’ombre. Parce que les femmes, exposées, auront d’autant plus besoin d’hommes solides, Joseph apparaît aujourd’hui comme un modèle… et un intercesseur !
Comment saint Joseph est-il un modèle d’une juste virilité ?
Saint Joseph nous révèle que la virilité est d’abord une vertu relationnelle. Ce n’est pas une démonstration de puissance, entre hommes rivaux. C’est la vertu par laquelle l’homme répond au plus faible que lui, à savoir : son enfant et sa femme quand elle le porte. On parle d’une femme « enceinte ». Mais cette enceinte n’est qu’une fine enveloppe de chair. Il y faut un homme qui fasse rempart contre le monde et ses violences. La détresse des femmes qui élèvent seules leurs enfants le montre aujourd’hui.
On condamne la virilité parce qu’on l’associe à la force. Mais la virilité est une force qui reçoit sa forme par son but : inspirer la sécurité. Comme je la définis dans Le Nouvel âge des pères (Cerf, 2015), la virilité est la vertu de celui qui inspire confiance. Est viril celui qui promet une vie sans coups bas, sans régression infantile et tient cette promesse. Une femme, un jour, m’a arrêté dans la rue pour me remercier : son mari n’était pas fort musclé, bien au contraire, mais grâce à cette définition elle avait compris pourquoi il était viril !
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