Source [France Catholique] La privation de messe est l’occasion pour les catholiques d’approfondir leur foi en l’Eucharistie, pour vivre cette attente douloureuse de manière féconde. Entretien avec Don Paul Préaux, modérateur général de la communauté Saint-Martin.
La messe a-t-elle besoin des fidèles pour être féconde ?
Une messe célébrée par un prêtre seul (pensez aux chartreux, aux prêtres malades ou en prison) garde une fécondité infinie : elle demeure le mémorial de la mort et de la résurrection du Sauveur, sacrement de l’amour, signe de l’unité, lien de la charité, sacrifice de toute l’Église.
La présence des fidèles est importante car la messe est aussi le lieu théologique où la vie des chrétiens est associée sacramentellement à l’unique sacrifice de Jésus sur la croix : « La vie des fidèles, leur louange, leur souffrance, leur prière, leur travail, sont unis à ceux du Christ et à sa totale offrande, et acquièrent ainsi une valeur nouvelle. Le sacrifice du Christ présent sur l’autel donne à toutes les générations de chrétiens la possibilité d’être unis à son offrande » (CEC § 1368).
Si nous sommes la religion de l’Incarnation, nous avons besoin de ces signes sensibles, sacramentels, pour nous rapprocher de Dieu : « Nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous rapprochent de toi » (Préface commune IV).
Que pensez-vous de proposer la communion sans messe, pour permettre de recevoir l’Eucharistie malgré tout ?
Nous vivons actuellement une situation douloureuse liée à la pandémie du Covid-19. Elle nous pousse à l’inventivité, mais aussi au discernement. Elle nous oblige, d’abord, à considérer l’Eucharistie dans toute son ampleur, aussi bien dans la célébration même de la messe que dans le culte rendu aux saintes espèces, qui sont conservées pour étendre la grâce du sacrifice. Après l’offrande du sacrifice, c’est toujours le Seigneur qui est vraiment présent dans l’hostie, qui nous attend pour le visiter en l’adorant. Nos églises ne sont pas fermées : « Jésus nous attend dans ce sacrement de l’amour. Ne refusons pas le temps pour aller Le rencontrer dans l’adoration, dans la contemplation pleine de foi et ouverte à réparer les fautes graves et les délits du monde. Que ne cesse jamais notre adoration » (Jean-Paul II, Dominicæ cenæ).
Il est important aussi de nous rappeler que l’Église demande que la communion sacramentelle ait lieu normalement au cours de la célébration de la messe. Cependant, les fidèles empêchés d’assister à la célébration de la communauté rassemblée peuvent recevoir la sainte communion, et être ainsi réconfortés par l’Eucharistie. Qu’ils se sentent unis non seulement au sacrifice du Seigneur, mais aussi à la communauté chrétienne et soutenus par l’amour de leurs frères.
On ne peut évidemment pas séparer la communion au corps eucharistique de Jésus de la communion à son corps ecclésial. Pour se préparer à la communion en dehors de la célébration de la messe, l’Église possède un rituel qui donne des indications concrètes tant pour la distribution que pour la réception fructueuse de la sainte communion en dehors de la messe. Elle recommande en particulier de s’approcher du sacrement avec une conscience pure, en respectant le jeûne eucharistique et les autres dispositions requises.
Quelles conséquences spirituelles au fait que les fidèles nʼaillent plus à la messe ?
La pratique eucharistique nous protège d’une part de la gnose et d’autre part de l’ingratitude. De la gnose, car la vie chrétienne ne consiste pas seulement à connaître son catéchisme du bout des doigts ou à avoir des idées exactes sur Jésus, mais bien à vivre de cette communion au corps et au sang du Christ qui nous remplit de l’Esprit Saint.
De l’ingratitude, car l’Eucharistie nous fait entrer dans l’action de grâce du Fils de Dieu à son Père, et nous rappelle que tout ce que nous sommes, tout ce qui nous est donné en vue de la vie éternelle, nous le recevons gratuitement de Dieu. N’oublions jamais enfin, comme le rappelait saint
Jean-Paul II : « L’Eucharistie fait l’Église » !
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