Source [France Catholique] Le catéchisme est un outil primordial pour transmettre les vérités de la foi catholique aux plus jeunes. Il a pourtant été longtemps en crise, parfois réduit à de vagues notions généreuses, comme l’explique Denis Sureau, auteur de l’ouvrage J’élève mon enfant avec le Christ (éd. Transmettre).
Des années durant, l’enseignement du catéchisme a traversé en France une grave crise. En est-on sorti ?
Denis Sureau : Il faut reconnaître une certaine prise de conscience, surtout à la base : les courageuses « dames caté » font de leur mieux, avec une bonne volonté qu’il convient de saluer, et les jeunes prêtres sont souvent plus exigeants que leurs aînés. Les outils catéchétiques sont globalement moins inadaptés que dans les années soixante-dix, mais les défauts subsistent même dans les manuels les plus récents. Ils escamotent le péché originel ou les fins dernières. On passe directement de la Création à Abraham, si bien que l’on s’interroge sur ce dont l’homme doit être sauvé !
Cela explique par contrecoup le succès du parcours édité par Transmettre intitulé À la rencontre de Dieu, de Madeleine Russocka, qui, lui, est pleinement conforme au Catéchisme de l’Église catholique. Mais la crise du « caté » ne se limite pas au contenu, elle est aussi d’ordre sociologique : l’érosion des effectifs s’accélère. Dans les campagnes, réunir des enfants dispersés dans des villages de plus en plus éloignés devient une véritable gageure.
La catéchèse familiale a de beaux jours devant elle : des groupes se constituent, parfois en dehors des structures paroissiales, pour colmater les brèches. Ce ne sont pas les moins dynamiques. Les grands-parents jouent ici aussi un rôle important. Par ailleurs, si hier la communion solennelle méritait souvent le nom d’apostasie solennelle, tant étaient nombreux les enfants pour qui cet événement marquait la fin de la pratique religieuse, aujourd’hui, le même phénomène est observable dès la Première communion, qui clôt pour certains le temps de l’initiation chrétienne.
De plus, la plupart des enfants catéchisés n’assistent jamais à la messe dominicale, ne prient jamais en famille : il est donc permis de s’interroger sur l’utilité d’un enseignement coupé de la plus élémentaire mise en pratique.
Il y a près de 40 ans, en 1983, le cardinal Ratzinger avait publiquement dénoncé cet état de fait… Que s’était-il passé ?
Il s’agissait d’une vigoureuse mise au point faite par le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, par des conférences à Notre-Dame de Paris et à Fourvière à Lyon. Ce fut un puissant encouragement pour des familles déboussolées par la catéchèse préconisée par les évêques français depuis les années soixante. II n’hésita pas à parler de « crise de la foi » et de sa transmission, crise qu’il liait à des méthodes déficientes. Ailleurs, il évoqua « l’insuccès catastrophique de la catéchèse moderne ». La publication en 1992 du Catéchisme de l’Église catholique fut une première réponse romaine aux questions soulevées par le futur Benoît XVI, comme par saint Jean-Paul II. Elle fut suivie, en 1997 par le Directoire général pour la catéchèse, qui dénonçait les faiblesses des « parcours » catéchétiques. À savoir la référence quasi exclusive à l’Écriture Sainte au détriment de la Tradition et de la foi exprimée par les dogmes ; une présentation déséquilibrée du mystère du Christ par l’accent mis parfois uniquement sur son humanité ; des lacunes doctrinales sur le péché, la grâce et les fins dernières, etc. Le ton employé dans ce Directoire était sévère : « L’insistance excessive de certains sur la valeur des méthodes et des techniques ; on continue à ne pas porter l’attention qu’il faudrait aux exigences et à l’originalité de la pédagogie propre de la foi ; on tombe facilement dans le dualisme "contenu-méthode", avec des réductions dans un sens comme dans l’autre », pouvait-on lire…
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