L’offensive menée par le Hamas en territoire israélien a provoqué une onde de choc en France et dans le monde. Les scènes de désolation qui ont suivi les attaques répondent de manière sanglante aux politiques menées par Benjamin Netanyahou.

C’est un sujet dont il ne fait pas bon parler. Le conflit israélo-palestinien cristallise les passions et implique des prises de position souvent déraisonnables. Les images terribles de l’offensive du Hamas et d’organisations palestiniennes armées ne peuvent que susciter la compassion à l’endroit des victimes. Les morts civiles et les suspicions de crimes de guerre seront de nature à intensifier les ressentiments des partis en présence et pourraient participer de l’intensification des affrontements.

 

Le conflit en cours s’inscrit dans une spirale infernale de violences opposant Palestiniens et Israéliens dans un conflit se déroulant depuis plusieurs décennies sur une parcelle de terre infime mais revêtant une dimension régionale et internationale. Si l’Iran et les Etats-Unis ont un rôle majeur dans ce face à face, l’ensemble du monde arabe est concerné. En effet, se rapprocher d’Israël pour des États arabes constitue un risque auprès d’opinions publiques très majoritairement hostiles. En Israël, les positions « modérées » sur la marche à suivre sur la question palestinienne ont quant à elles été balayées au cours des derniers scrutins et le maintien au pouvoir de Benjamin Netanyahou.

 

Passeport pour la respectabilité

 

En Europe et aux Etats-Unis, le soutien à l’État israélien est devenu un pré-requis pour s’abriter des accusations d’antisémitisme. Au Royaume-Uni, le travailliste Jeremy Corbyn a ainsi fait les frais de son soutien à la Palestine dans une opération de dénigrement exceptionnelle. Les événements de ces derniers jours ont montré un soutien total quasi-pavlovien à l’endroit d’Israël, notamment à droite, et un dénigrement de toute position mesurée. Ainsi, le communiqué de presse de La France Insoumise, qui fait un lien entre l’offensive du Hamas et l’accélération de la politique d’occupation israélienne, a été l’objet d’un tollé alors qu’il s’apparentait plutôt à une ligne indépendante et juste.
Dans le cas de la gauche mélenchoniste, difficile cependant de savoir si cette modération vise à courtiser l’électorat musulman sensible à la question ou s’il s’agit d’une position de principe. Sûrement s'agit-il un peu des deux. Une politique d’indépendance de la France au Proche-Orient lui permettrait de peser sur un processus de paix. Aujourd’hui marginalisé, Paris n’a plus d’influence diplomatique et se voit tiraillé entre des positions pro-israéliennes d’un côté et la nécessité de ne pas trop fâcher les populations musulmanes installées en France.

 

Quelle place pour les chrétiens ?

 

Parmi les organisations impliquées dans l’offensive, à côté du Hamas, on retrouve des groupes comme le Jihad islamique palestinien, un mouvement islamo-nationaliste (pas salafiste) proche de la Syrie de Bachar al-Assad, de l’Iran et du Hezbollah. Les combattants des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa participent également à l’offensive et sont issus du Fatah (centre gauche), le parti du président palestinien Mahmoud Abbas.

Les combattants du Front démocratique de libération de la Palestine, groupe de gauche fondé par le gréco-catholique Nayef Hawatmeh, compte parmi les organisations qui ont participé à l’offensive palestinienne. Deux des trois principaux groupes constitutifs de l’Organisation de la Libération de la Palestine (OLP) étaient par ailleurs dirigés par des chrétiens.

Aujourd’hui, la place de ceux-ci dans le conflit est marginale.

Si 80 % des chrétiens sont arabes en Terre Sainte, ils ne constituent que 2 % du total de la population des deux entités étatiques. Ils font l’objet de vexations aussi bien de la part des musulmans que des juifs. Début octobre, des scènes abjectes de crachats sur des chrétiens par des juifs dans Jérusalem ont ainsi été qualifiées de « vieille tradition juive » par le ministre de la Sécurité nationale de l’État hébreux.

 

L’offensive meurtrière du Hamas le 7 octobre sera suivie d’une réplique terrible de l’État hébreux avec les conséquences que cela implique pour des centaines de milliers de Gazaouis. Par ailleurs, le pouvoir de Benjamin Netanyahou pourrait être considérablement renforcé avec les risques que cela présente pour un désormais très hypothétique apaisement en Terre Sainte.

 

Olivier Frèrejacques

Délégué générale de Liberté Politique