Du côté des Républicains, le week-end fut à la fois très dense… et dénué de toute perspective. Deux événements se sont en effet tenus coup sur coup, samedi, puis dimanche, censés donner un coup d’accélérateur au parti de la droite gouvernementale dans la perspective de l’élection présidentielle. Un coup d’accélérateur bien poussif, il faut le dire, comme si le moteur manquait d’essence.

Samedi, réunis en Congrès, les Républicains ont fait le choix de renoncer à une primaire ouverte, c’est-à-dire à un processus de désignation du candidat par le vote non seulement des adhérents, mais aussi de toute personne appartenant, sans carte, à la fameuse « famille de la droite et du centre ». Ils ont préféré le choix du congrès interne, c’est-à-dire au choix par un vote des seuls militants à jour de cotisation. Les adhérents Républicains ont donc envoyé le signal qu’ils entendaient rester maîtres de leur destin. Soit. Le problème est que la provenance des candidats, elle, reste ouverte. Tout est donc soigneusement préparé pour permettre d’offrir la candidature, dans un fauteuil, à Xavier Bertrand, que la presse s’emploie à nous dépeindre comme l’incontournable favori.

Voilà une situation bien commode : ce monsieur a claqué la porte du parti, mais entend devenir son candidat officiel, sachant que tout est fait pour qu’il n’ait aucun contradicteur sérieux. Les figures les plus à droite du parti ont toutes jeté le gant, les unes après les autres : Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau, ou encore David Lisnard, le maire de Cannes en qui certains militants avaient pu placer leurs espoirs. Michel Barnier est resté bloqué dans les années 1990 et ne plaît qu’à quelques technocrates déconnectés de la réalité de la France d’aujourd’hui, tout en s’empêtrant dans des revirements de paroles censées s’aligner sur le côté d’où vient le vent. Les autres n’ont aucune envergure et ne sont là qu’à titre de faire-valoir.

Dimanche se tenait la Journée du conservatisme, organisée à l’initiative du Mouvement conservateur, ainsi que s’est rebaptisée la tendance Sens Commun. Les têtes d’affiche étaient alléchantes : Christine Kelly, Valérie Boyer, Guilhem Carayon pour les jeunes LR, Geoffroy Lejeune ou encore Eric Zemmour. Valérie Pécresse, concurrente de Bertrand, qui devait s’y rendre, a préféré décliner à la dernière minute. Elle s’est montrée plus empressée à parader à la Fête de l’Huma qu’auprès des conservateurs. Les adhérents Républicains sauront apprécier son sens des priorités, et ils étaient nombreux à participer à cette réunion. Soit. Mais l’on sait que Sens Commun n’a jamais pu imprimer sa marque au sein des Républicains. Leur mobilisation militante parallèle restera-t-elle une fois de plus sans objet ?

Aujourd’hui, plus que jamais, les Républicains sont un corps sans tête, et une tête sans âme. Toutefois, nous pouvons toujours imaginer que les choses tournent autrement. Si les candidats au vote du parti, eux, peuvent venir de l’extérieur, pourquoi ne pas ouvrir largement les portes, jusqu’à Eric Zemmour, par exemple ? C’est la position que défend François-Xavier Bellamy, soucieux de revenir plus à droite après ses expérimentations européistes. Mais le parti se rebiffe, se défend, en instaurant une clause de contrôle sur les candidats potentiels : l’acceptation doit se faire « au regard notamment de leur compatibilité aux valeurs de la droite et du centre. » Quelles sont ces valeurs ? Le mystère reste entier… et le parti, qui se gardera bien de les définir, ne sait toujours pas où il en est.

En attendant, la proclamation de la candidature définitive est repoussée aux calendes grecques, c’est-à-dire au 4 décembre. Au fait, pourquoi le 4 décembre ? Serait-ce pour commémorer la faillite de la République, après le coup d'Etat d'un certain Bonaparte ? Ce serait pour eux un bien curieux présage... ne soyons pas inquiets outre mesure : aujourd’hui, Les Républicains sont bien incapables de révolutionner notre pays !

François Billot de Lochner