Le journaliste Bourdin a fait fantasmer un nombre considérable d’hommes politiques, d’intellectuels, d’économistes, d’analystes et j’en passe, le point commun entre toutes ces personnes étant simplement le souhait ardent  que leur notoriété s’accroisse, par la seule grâce du « passage chez Bourdin ». Ce passage était une sorte de consécration, une sorte de Légion d’honneur dont on pouvait parler, ensuite, pendant des années : le « je suis passé chez Bourdin » provoquait immédiatement une admiration définitive.

Il ne sera désormais plus possible de passer chez Bourdin, qui vient d’être démissionné sans ménagement de ses fonctions de journaliste chez BFM TV et chez RMC. Tout cela parce qu’une femme a porté plainte contre le journaliste, pour une agression sexuelle présumée remontant à une dizaine d’années.

Les avances de Bourdin à cette femme sont consignées dans la plainte que celle-ci a déposée. Il ne nous appartient évidemment pas de porter le moindre jugement sur cette affaire : une plainte est déposée, elle émane de la victime, l’accusé doit répondre à l’accusation, la justice doit trancher. Tant que la justice ne s’est pas prononcée, la  présomption d’innocence est totale, et doit générer un comportement exemplaire de la part de la société tout entière : Bourdin, jusqu’à nouvel ordre, est considéré comme innocent.

Or, nous avons assisté avec effarement à une exécution en direct du journaliste par Valérie Pécresse, lors d’une émission grand public concernant sa candidature à l’élection présidentielle. Pécresse a démarré cette émission par une déclaration inouïe, se transformant en procureur implacable, en une sorte de Saint-Just en culottes courtes, attaquant frontalement un Bourdin tétanisé, et donnant donc à son émission une tournure moralisatrice inacceptable. Pourtant, la candidate avait en son temps soutenu envers et contre tout un élu Républicain actuellement en prison pour agression sexuelle avérée. Madame Propre peut afficher des propretés variables.

Dans de telles conditions, BFM TV et RMC ont emboîté le pas, et remercié sans ménagement leur journaliste vedette. Une fois de plus, les « élites du système » se sont arrangées entre elles pour exécuter en bonne et due forme un très loyal serviteur, devenu soudainement encombrant. Décidément, le Système politico-médiatique est vraiment insupportable.

François Billot de Lochner