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Depuis quelques mois, un nouveau mot a fait son entrée dans la presse. Ce terme, de plus en plus en vogue, est celui de « christianophobie ». Très prisé, il vient s’ajouter au panthéon des nombreuses phobies qui occupent déjà l’espace médiatique : homophobie, xénophobie, germanophobie, islamophobie,...

Si dans le langage courant, le terme "phobie" renvoie à une sorte de peur irraisonnée, dans la voie des médias, cette notion a pris un accent très particulier. Elle consiste en un « rejet intolérant d’une minorité victimisée ». Les grands quotidiens s’efforcent de rappeler fréquemment au bon citoyen qu’il n’a pas le droit de s’opposer ou de ne pas être en accord avec ces minorités. Pourquoi ? Parce qu’elles sont minoritaires, donc faibles. Et cet argument suffit. Jouant sur l’ombre du génocide de la 2ème guerre mondiale qui plane encore dans tous les esprits, les médias nous rappellent que l'histoire récente de l'Europe nous incite à une grande prudence dans le respect des minorités. Personne ne peut oublier comment une communauté a pu être décimée, sans raison, par pure idéologie, il y a à peine un demi-siècle.

Dans notre société, être différent, et minoritaire dans cette différence, assure à l'individu la protection médiatique. La presse le recensera comme un sujet susceptible d'être discriminé et pas assez puissant pour se défendre. Il aura donc vite le droit de jouir du bouclier de la pensée unique pour être "différent" en toute liberté. Celui qui le rejettera sera dit "phobique", quelque soit ces arguments.

Pourtant le terme de phobie a en réalité un tout autre sens. Si l’on cherche dans un dictionnaire la définition du mot, on peut lire une explication telle que celle-ci : terme utilisé en psychiatrie, désignant "une peur irrationnelle", une sorte de "trouble psychiatrique". Une phobie serait donc si l’on en croit cette définition, une réaction sans fondement objectif, relevant d’un trouble de l’inconscient. Constat duquel on déduit que toute réaction décrite par la presse comme « homophobe », « islamophobe », ou autre-phobe  est réduite à une sorte de folie sans fondement. Personne ne demandera à une arachnophobe pour quelle raison elle est si terrorisée par ce pauvre animal à huit pattes. De la même manière, les médias rappellent au public qu’il n’a pas à attendre de cet autre phobique le moindre argument justifiant son comportement. Il est déviant.

Christianophobie et pensée unique

Par un simple glissement sémantique, la pensée unique retrouve toute son assise. Aucun risque qu’une personne censée ne vienne la remettre en question, à moins d‘accepter de se voir reléguer au rang des intolérants insensés, celui des phobiques.

Bon nombre de minorités jouissent aujourd'hui de leur "phobie" et sont comme "mises sous cloche". Elles sont identifiées et n'existent que comme "différentes" du reste de la société. Fermant toute possibilité de dialogue, la phobie isole la communauté du reste du groupe. Par une volonté de protéger cette minorité qui pourrait être sujette à un rejet de la part de la société, on l'entoure d'une bulle et ont interdit quiconque d'oser remettre en question sa place :
 - Est-il bon pour l'équilibre d'un enfant de grandir au sein d'un couple homosexuel ?
 - Y a-t-il une mauvaise gestion de l'immigration en France ?
 Stop ! La pensée unique s'interpose. Vous touchez au bouclier d'une minorité. On ne peut réfléchir à votre question. Il y a un risque. Donc vous avez tort. Vous êtes phobique. 

Mais aujourd’hui, aussi surprenant que cela puisse être, la chrétienté vient frapper à la porte du temple de la pensée unique. Elle revendique le droit de siéger au rang des minorités victimisées. En effet, les pièces de théâtre de Roberto Castelluci et Rodriguo Garcia ont ému bon nombre de chrétiens. Des manifestations, des articles, des interventions télévisées, radio,... Beaucoup ont choisi de réagir, de montrer à la société que les chrétiens sont encore présents en France et leur Foi vivace. Sans remettre en cause la sacro-sainte "liberté d'expression", ils ont réclamé le respect dû à leurs convictions et envers Dieu.

Peut-être certains pensaient-ils piéger les médias en allant plus loin, en exigeant ce respect au nom du fait que les chrétiens sont aussi« une minorité victimisée ». Les banderoles réclamaient de pouvoir jouir d'une "christianophobie".
Pourquoi pas ? Pour la première fois, la chrétienté ferait partie de cet ensemble protégé que l'on ne peut pas contester, critiquer ni même interroger. Fini les humiliations et les déformations médiatiques. Fini les martyrs. Les chrétiens revendiquent leur "cloche" !
 
Mais qui dit phobie dit fermeture du débat.
La christianophobie isolera les chrétiens. Elle empêchera de trouver la réponse à une question de fond : celle de l'intégration des chrétiens dans la société moderne.
La christianophobie ne permet pas de trouver une solution.
La phobie n’a jamais permis à une communauté d'exister et de rayonner. Elle la fige dans sa différence.

Quelle est la solution ? Quelles sont les bonnes attitudes ? Doit-on se taire et se laisser humilier ? Non. Sûrement pas. Le problème est complexe. Mais Quelqu'un a suggéré une méthode. Celle de la miséricorde. Peut-être faudrait-il commencer par poser des actes de réconciliation ? La France est charnellement chrétienne. Même minoritaires, les chrétiens n'ont pas le droit d'oublier leur devoir de rayonnement au cœur de la société. Quel qu’en soit le prix.