Le pape François, l’ayatollah et le troisième homme...

Source [Boulevard Voltaire] Cela pourrait être le sujet de multiples histoires d’humour juif. Quatre mille ans après, au terme de son errance, Abraham, ou le Juif errant, ou le Messie, arrive à Ur un beau jour du mois de mars 2021.

Il reconnaît l’endroit, malgré les ruines et le peu de visages connus, mais s’étonne de l’étrange réunion de tous ces chefs de tribus enturbannés ou calottés. Il se glisse entre eux, comprenant le moindre mot de tous ces dialectes babéliens, s’amusant de leurs vains efforts et de leurs illusions pour se comprendre et agir pour la paix, soupire aussi devant leurs oublis. Troublés, l’homme en blanc et l’homme en noir l’interrogent : « Qui êtes-vous ? » La réponse claque comme un coup de vent plein de sable au visage des deux grands dignitaires et des autres : « Je suis votre hôte, que vous n’avez même pas invité et que vous faites mine d’ignorer. »

Le troisième homme. Ou le premier. Le Juif. Le grand absent du 6 mars 2021 à Ur…

Les envoyés spéciaux du Monde ont bien confirmé cette absence, sans plus de commentaire : « Aucun rabbin ne participait à cet hommage au patriarche commun. » Jean-Marie Guénois, dans Le Figaro, avait prévenu : « Il est quasi impossible aux juifs de demeurer en Irak. Ils se comptent d’ailleurs, au sens propre, sur les doigts des deux mains : il y en aurait huit à Bagdad. Avant la Seconde Guerre mondiale, les juifs formaient pourtant une communauté de poids en Irak : selon le recensement ottoman, les juifs composaient 40 % de la population de Bagdad. » Et le vaticaniste de citer un expert : « Il y a comme une obsession antijuive et anti-israélienne en Irak qui rend impossible la présence de juifs, qui plus est à cette cérémonie. La présence, pourtant ancienne, des juifs en Irak est comme niée. Ainsi du Farhoud, le massacre des Juifs de Bagdad, sur fond de nazisme, en juin 1941, un tabou, complété par des mesures antijuives irakiennes en 1947 qui ont conduit à l’exode de la communauté juive irakienne vers Israël en 1951. »

On peut donc comprendre le dépit de Gilles-William Goldnadel qui a tweeté, impitoyable : « Pendant des années, le Vatican n’a pas bronché sur le martyre des chrétiens d’Orient qui ont pour la plupart fui le berceau de leur histoire. Et pour couronner le tout, aucun Juif invité dans la ville d’Abraham. Soumission papale globale à l’islam radical. »

Certes, le pape François, en bon jésuite, pourra bien tenter de retenir Abraham par la manche en lui soufflant à l’oreille que quand il a parlé de « liberté religieuse », c’était à lui qu’il pensait, aussi !

Mais Abraham persona non grata chez lui, oui, cela interroge… Il n’empêche que, pour Courrier international qui relaie un site panarabe (Raseef22), ce seraient les musulmans sunnites qui se seraient sentis particulièrement « lésés »« marginalisés », lors de cette visite du pape. Ils avaient pourtant des représentants à Ur. Et dans le monde entier.

Non, quoi qu’en disent ces « haut-parleurs » sunnites, il n’y a pas photo : le grand absent de la rencontre d’Ur, chez Abraham, c’était bien le frère aîné, c’était bien Abraham.

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