Islam et Occident : où va-t-on?

Source [Le Salon Beige] Mission Ismérie et Clarifier ont récemment organisé un grand colloque sur le thème: “Islam et Occident: où va-t-on?”. Une récente lettre de Mission Ismérie donne un aperçu de ce colloque, dont on peut retrouver un compte rendu plus exhaustif ici.

Annie Laurent, déléguée générale de l’association Clarifier, a présenté les « différences, incompatibilités et incompréhensions » entre islam et Occident : anthropologies et sociologies très éloignées, statut de la personne, citoyenneté, liberté, relations homme-femme… En ce sens, la présence et l’enracinement de l’islam en Europe constituent « un des plus grands défis auquel cette dernière est confrontée ».

Alexandre Del Valle, géopolitologue, a montré l’évolution considérable que vit l’islam mondial depuis plus d’un siècle vers le rigorisme, le littéralisme et une application de plus en plus dure de ses textes, doctrines et principes. Un « islam standard », « d’obédience fréro-salafiste », s’est imposé dans le monde musulman, et infiltre l’Europe, « subvertissant » ses structures et ses principes, jouant de ses failles idéologiques et de la naïveté ou de l’aveuglement coupable de ses élites.

Philippe d’Iribarne, directeur de recherche au CNRS, a expliqué combien l’islam place l’Occident issu des Lumières dans le « piège de ses contradictions ». En particulier celles de son principe d’égalité et « d’égalité des religions, constituant un aspect fondamental de notre vie politique ». Grâce à lui, l’islam peut « faire entrer en contrebande, au nom de la liberté de conscience et de religion, tout un ensemble qui n’a rien à voir avec cela mais qui relève de la construction d’un ordre social et politique refusant la liberté, l’égalité et la fraternité ».

Xavier Lemoine, maire de Montfermeil (93) depuis 20 ans, territoire où « 40% des habitants sont de culture ou de confession musulmane, et 60 à 90% des enfants des écoles », a illustré par son expérience d’élu de terrain qu’il est possible de donner la France à aimer à tous si l’on agit selon des principes de bon sens, de réalité et de respect des personnes. C’est-à-dire en travaillant avec les populations dans des « relations de personne à personne », voire de « cœur à cœur », et surtout pas dans des rapports de « système à système » ou de « communauté à communauté » qui les y enfermeraient.

La table ronde finale a réuni trois personnalités d’arrière-plan musulman, françaises, devenues chrétiennes. A la question posée « proposer la France aux musulmans », elles ont répondu combien la conversion à la foi catholique peut se révéler décisive pour développer l’amour de la France, mais qu’il fallait agir à l’échelle de tous les Français et non des seuls musulmans. Décomplexés, ces convertis nous interpellent tous : quelle France donne-t-on à aimer aux musulmans ? Est-elle vraiment estimable ? Et vous catholiques, osez-vous témoigner de votre foi ? En témoignez-vous tout spécialement auprès des Français ignorants de leurs racines chrétiennes ? Votre foi fait-elle de vous des serviteurs du Bien Commun, et par là, de votre pays ? Car de fait, il ne s’agit pas tant de « proposer la France aux musulmans » que de « proposer la France aux Français, et ensuite les musulmans suivront ».