France Inter, dimanche 18 avril. Émission Le Masque et la Plume Au centre des débats : La Passion de Mel Gibson. Débat est un mot un peu fort. Les critiques reprennent un à un, avec beaucoup d’obéissance et un bel esprit de soumission, tous les poncifs que l’on répète partout, à l’époque, sur ce film : violence, intégrisme, antisémitisme, présentation de Pilate sous un jour favorable, etc.

Un seul manque à l’appel : celui de l’intégrisme de M. Gibson père. On s’attendait à chaque instant à le voir fleurir sur les lèvres de nos Saint-Just cinématographiques.

Aucune de ces accusations – graves, par les temps qui courent — n’est étayée par le moindre argument, le moindre exemple. C’est un peu normal : nous sommes dans la croyance, la vérité révélée. Il ne s’agit pas de donner son avis, de faire une critique, mais de dire le Vrai. On ne savait pas que la pensée unique existait en matière de cinéma. Le Masque et la Plume l’a inventée, il était temps !

Obéissance, mais aussi humour quand, par exemple, Jérôme Garcin, maître de cérémonie, ironise sur la scène montrant Jésus en train de fabriquer une table Ikéa… Désopilant ! Il faut dire, ce film sur un menuisier — autant dire un Palestinien d’en-bas, c’est un peu exotique pour nos plumitifs bobos de la rive gauche. Que peuvent-ils comprendre à toutes ces histoires ?

De toutes les accusations, la plus inattendue était sans doute celle de la violence excessive de l’œuvre de Gibson. Jamais, auparavant, on ne les avait entendu dénoncer la violence d’aucun film. Celle de Tarantino ? Vachement esthétique. Celle de Gaspard Noé, dans Irréversible ? Indispensable pour comprendre son propos. En revanche celle de Mel Gibson est " gratuite " et insupportable. Étrange !

Le plus frappant est l’unanimité dont ils ont fait preuve. Rien ni personne ne dépassait. C’était parfait. Aussi nous permettrons-nous de leur faire une suggestion : pourquoi, dorénavant, ne parleraient-ils pas d’une seule voix ? Ils remettraient leurs pouvoirs à Jérôme Garcin, qui deviendrait le porte-parole officiel de la critique cinématographique française. Nous entendrions un seul discours, plutôt que cinq fois le même, cela nous ferait gagner du temps. Nous saurions, en l’écoutant, ce qu’il convient de penser de tel ou tel film. Ainsi France Inter deviendrait ce vers quoi elle tend depuis des années : une véritable Pravda des ondes nationales.

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