Etats généraux de la bioéthique : bienvenue à Gattaca

Source [Boulevard Voltaire] Quel monde voulons-nous transmettre aux générations futures ? C’est bien là tout l’enjeu de ces États généraux de la bioéthique.

Ouverts le 18 janvier dernier, les États généraux de la bioéthique vont se dérouler sur plusieurs mois avec des colloques, des débats citoyens participatifs ainsi que des auditions de spécialistes dans la France entière.

Il est erroné de penser que cette consultation se résumerait à discuter de deux questions fondamentales qui nous tiennent à cœur, la PMA et la GPA, corollaires du mariage entre personnes de même sexe. L’enjeu va, en réalité, bien au-delà de ces questions qui ne sont que la partie immergée de l’iceberg des problématiques envisagées.

En effet, la première rencontre de région parisienne qui s’est tenue, il y a quelques jours, à la mairie du 4e arrondissement avait pour titre « Guérir, réparer, augmenter : aux frontières de la médecine ». Elle a permis de planter le décor d’un débat aux conséquences potentiellement terrifiantes pour l’avenir de l’humanité. Si nous n’agissons pas, si nous ne mettons pas les barrières éthiques nécessaires, le monde de demain que l’on nous promet sera terrible pour l’homme.
Il y a vingt ans, le film culte Bienvenue à Gattaca (formé des lettres des quatre nucléotides de l’ADN : Guanine, Cytosine, Adénine, Thymine) évoquait déjà ce monde dirigé par la science.

La bande annonce plantait le décor : « Dans un proche futur, notre ADN déterminera tout ce que nous serons. Une minuscule goutte de sang, de salive, ou un seul cheveu, déterminera où vous travaillez, qui vous épouserez, ce que vous pourrez accomplir ».

À l’époque, nous n’imaginions pas que ce film d’anticipation deviendrait réalité seulement quelques années plus tard.

Eugénisme, sélection génétique, avortement sélectif, insémination artificielle, bricolage du génome, médecine prédictive, big data : les thèmes évoqués dès le premier débat de la région parisienne et leurs développements potentiels apparaissent vertigineux.

Quel monde voulons-nous transmettre aux générations futures ? C’est bien là tout l’enjeu de ces États généraux de la bioéthique qui, derrière une allure bon enfant, abordent des questions fondamentales. C’est d’eugénisme qu’il s’agit, déjà à l’œuvre pour les enfants trisomiques, par exemple, avec des débouchés commerciaux inouïs.
La campagne publicitaire menée par l’Agence de la biomédecine en manque de sperme et de gamètes comme les modifications légales sur le don d’organes annonçaient déjà la progression très rapide de cette tendance lourde. Déjà, dans certaines banques du sperme, il n’est plus proposé d’homme aux cheveux roux. Le modèle Europe du Nord blond aux yeux bleus est préféré par les femmes en désir d’insémination. C’est le projet de l’homme parfait !

Le monde que l’on nous avance sera terrible. La médecine prédictive conduira-t-elle les compagnies d’assurance à refuser des assurances à tel ou tel porteur de gènes identifiés à risque. Certes, c’est interdit aujourd’hui, mais n’y arrivera-t-on pas à terme ? L’identification de maladies génétiques « à risque » conduira à empêcher certains mariages. Les enfants ne seront plus souhaités, ils seront sélectionnés, triés et éliminés le cas échéant.

Toutes ces évolutions sont, en réalité, une réelle occasion commerciale pour de nombreux « médecins » qui se transforment progressivement en « businessmen » du vivant. La marchandisation de l’homme, de la femme et des enfants est la dérive épouvantable dans laquelle s’immiscent de prétendus médecins.

Lors du débat de la mairie du 4e arrondissement, le professeur Arnold Munnich, pédiatre-généticien français, a rapporté une anecdote qui fait froid dans le dos : un généticien américain ayant séquencé son propre génome a fait part de son regret. En effet, son génome fait apparaître un « variant » génétique pour lequel, aujourd’hui, on recommande l’avortement sélectif, et pourtant… il se porte comme un charme !

Toujours selon le même généticien, la moitié des femmes ayant une mastectomie bilatérale, aux États-Unis, pour cancer du sein l’ont eue au bénéfice du doute (voir à 6’22 ») !

Ces grands professeurs de médecine qui ont joué un rôle fondamental pour soigner les hommes sont progressivement en train de se transformer en professeurs Frankenstein, contribuant ainsi à la déshumanisation de l’humanité.

Il est absolument fondamental de se mobiliser fortement et de s’investir dans ces États généraux de la bioéthique ; nous devons laisser la trace de nos interventions et influer. Il en va de l’avenir de l’humanité.