Source [Le Salon Beige] Le devoir de mémoire est toujours risqué pour un président de la république. On se souvient de Nicolas Sarkozy qui avait fait untrès mauvais choix historique en choisissant Guy Môquet, qui, bien que fusillé par les Allemands, n’a jamais résisté contre ces mêmes Allemands. Ce choix avait été dénoncé notamment par Patrick Buisson, dans son livre la Cause du peuple (voir aussi ces archives) :
Elève au lycée Carnot dans le XVIIe arrondissement de Paris, Guy Môquet était le fils du député communiste du quartier des Epinettes, Prosper Môquet, arrêté en octobre 1939 et déchu de son mandat en même temps que cinquante-neuf autres de ses camarades siégeant à la Chambre en raison de leur soutien au pacte germano-soviétique et sous l’incrimination d’intelligence avec l’ennemi. Après avoir réclamé une « paix immédiate » avec l’Allemagne et organisé des actions de sabotage du matériel militaire français dans les usines d’armement, l’appareil clandestin du Parti communiste, alors dissous, lançait dès le mois de juillet 1940 un appel à la fraternisation avec les soldats du Reich, au nom de la lutte commune contre le grand capital et les trusts, tandis que des responsables du PC sollicitaient auprès des autorités nazies l’autorisation de faire reparaître L’Humanité. Ayant repris le flambeau du combat paternel, le jeune Guy Môquet déploya une intense activité militante, notamment dans la distribution de tracts dénonçant le caractère impérialiste de la guerre et plaidant, dans une France occupée, pour une « vraie collaboration internationale » et une « fraternité avec le peuple allemand »(…)
D’emblée, le PC s’employa à faire de ce lycéen de 17 ans et des fusillés de Châteaubriant les figures centrales d’un dispositif légendaire destiné à faire oublier ses déplorables errements d’avant l’été 1941. Ce fut, on vient de le dire, au prix d’une falsification de l’histoire. Car si Guy Môquet tomba bien sous les balles d’un peloton d’exécution allemand dans la carrière de La Sablière en octobre 1941, l’auréole des suppliciés dans la fleur de l’âge qu’il y gagna n’avait pas, cependant, le pouvoir de transformer en héros et martyr de la Résistance celui qui, pour son malheur, avait agi en bon petit soldat du pacte hitléro-stalinien, abusé par la politique de trahison et de collaboration des dirigeants communistes de l’époque. »
Emmanuel Macron semble avoir fait un choix meilleur avec la lettre d’adieu d’Henri Fertet, jeune résistant catholique, ayant réellement agi en résistant :
Henri Fertet participe comme chef d’équipe à trois opérations : c’est tout d’abord l’attaque du poste de garde du Fort de Montfaucon, le 16 avril 1943, dans l’intention de s’emparer d’un dépôt d’explosifs ; l’opération entraîne la mort d’une sentinelle allemande. Le 7 mai suivant, il participe, à proximité de Besançon, à la destruction d’un pylône haute tension. Le 12 juin 1943 enfin, sur la route Besançon – Quingey, il prend part à l’attaque d’un commissaire des douanes allemand dans le but de lui subtiliser arme, uniforme et papiers. Henri Fertet tire sur le commissaire, le blessant mortellement. L’arrivée inopinée d’une moto l’empêche de se saisir des documents. Avec d’autres membres du groupe, il est arrêté par les Allemands le 2 juillet à 3 heures 30. Interné à la prison de la Butte, il est fusillé le dimanche 26 septembre 1943 à 7 heures 36 à la Citadelle de Besançon, avec 15 de ses camarades alors qu’il n’avait pas encore 17 ans.
La lecture est pleine d’émotion mais malheureusement incomplète. Voici l’intégralité de la lettre avec en gras les références à la foi catholique d’Henri Fretet et à la “France éternelle”, non retenues par Emmanuel Macron :
Besançon, prison de la Butte (Doubs)
26 septembre 1943
Chers parents,
Ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que, je n’en doute pas, vous voudrez bien encore le garder, ne serait-ce que par amour pour moi.
Vous ne pouvez savoir ce que moralement j’ai souffert dans ma cellule, [ce] que j’ai souffert de ne plus vous voir, de ne plus sentir sur moi votre tendre sollicitude que de loin. Pendant ces quatre-vingt-sept jours de cellule, votre amour m’a manqué plus que vos colis et, souvent, je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait, tout le mal que je vous ai fait. Vous ne pouvez douter de ce que je vous aime aujourd’hui, car avant, je vous aimais par routine plutôt mais, maintenant, je comprends tout ce que vous avez fait pour moi. Je crois être arrivé à l’amour filial véritable, au vrai amour filial. Peut-être, après la guerre, un camarade parlera-t-il de moi, de cet amour que je lui ai communiqué ; j’espère qu’il ne faillira point à cette mission désormais sacrée.
Remerciez toutes les personnes qui se sont intéressées à moi, et particulièrement mes plus proches parents et amis, dites-leur toute ma confiance en la France éternelle. Embrassez très fort mes grands-parents, mes oncles, mes tantes et cousins, Henriette. Dites à M. le Curé que je pense aussi particulièrement à lui et aux siens. Je remercie Monseigneur du grand honneur qu’il m’a fait, honneur dont, je crois, je me suis montré digne. Je salue aussi en tombant mes camarades du lycée. À ce propos, Hennemay me doit un paquet de cigarettes, Jacquin, mon livre sur les hommes préhistoriques. Rendez le “Comte de Monte-Cristo” à Emeurgeon, 3, chemin Français, derrière la gare. Donnez à Maurice Andrey de La Maltournée, 40 grammes de tabac que je lui dois.
Je lègue ma petite bibliothèque à Pierre, mes livres de classe à mon cher Papa, mes collections à ma chère maman, mais qu’elle se méfie de la hache préhistorique et du fourreau d’épée gaulois.
Je meurs pour ma patrie, je veux une France libre et des Français heureux, non pas une France orgueilleuse et première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête.
Que les Français soient heureux, voilà l’essentiel. Dans la vie, il faut savoir cueillir le bonheur.
Pour moi, ne vous faites pas de soucis, je garde mon courage et ma belle humeur jusqu’au bout et je chanterai “Sambre et Meuse” parce que c’est toi, ma chère petite maman, qui me l’a appris.
Avec Pierre, soyez sévères et tendres. Vérifiez son travail et forcez-le à travailler. N’admettez pas de négligence. Il doit se montrer digne de moi. Sur les “trois petits nègres”, il en reste un. Il doit réussir.
Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée, mais c’est parce que j’ai un petit crayon. Je n’ai pas peur de la mort, j’ai la conscience tellement tranquille.
Papa, je t’en supplie, prie, songe que si je meurs, c’est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable pour moi ? Je meurs volontairement pour ma Patrie. Nous nous retrouverons bientôt tous les quatre, bientôt au ciel. Qu’est-ce que cent ans ?
Maman rappelle-toi :
“Et ces vengeurs auront de nouveaux défenseurs Qui, après leur mort, auront des successeurs.”
Adieu, la mort m’appelle, je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous. C’est dur quand même de mourir.
Mille baisers. Vive la France.
Un condamné à mort de 16 ans.
H. Fertet.
Excusez les fautes d’orthographe, pas le temps de relire.
Expéditeur :Monsieur Henri Fertet, Au ciel, près de Dieu.
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