Le film Da Vinci Code, superproduction avec super-casting et super-budget, va faire l'ouverture du festival de Cannes le 17 mai. Son effet de masse va relancer la polémique cathophobe et le mythe de l'Opus Dei.

À cinq semaines de l'évènement, promoteurs et adversaires du film adapté du livre controversé préparent leurs arguments. L'Église catholique américaine a même lancé une campagne de communication.

Sur fond de complots et d'énigmes et de fictions qui jouent la réalité, le livre postule en effet l'existence d'une descendance de Jésus avec Marie-Madeleine, présumée occultée par le Vatican pendant vingt siècles. Le film, dont le scénario est celui-là même du livre, sortira deux jours après l'ouverture du festival de Cannes dans le monde entier.

Pour contrer ces assertions, qui ont connu un immense succès, la Conférence des évêques catholiques des États-Unis a lancé le site internet www.jesusdecoded.com (superbe !), destiné à "fournir des informations exactes sur Jésus, l'enseignement catholique et d'autres sujets mentionnés dans le Da Vinci code".

Son directeur de la communication, Mgr Francis Maniscalco, affirme que cette initiative veut être un éclairage positif qui dira la réalité et la vérité historique et ne constitue pas un réflexe d'autodéfense.

Le porte-parole de l'Opus Dei aux États-Unis, Brian Finnerty, exhorte pour sa part le distribuiteur du film, Sony Pictures Entertainment (SPE), à "traiter l'Église catholique sur un pied d'égalité avec les autres religions". En effet, dit-il, "nous sommes inquiets de voir les gens faire parfois la confusion entre les faits et la fiction". Il est vrai que Sony doit clarifier la situation : Dan Brown a cultivé l'ambiguïté, affirmant que son roman était basé sur des documents historiques.

Des groupes conservateurs ont adopté une attitude plus offensive que la hiérarchie de l'Église, comme la Ligue catholique, organisation de 350.000 membres, qui a demandé à Ron Howard de faire figurer un avertissement au début de son film précisant qu'il s'agit bien d'une fiction. "Il n'est pas trop tard pour affirmer clairement que ce film est une fable", a plaidé le président de la Ligue, William Donahue, dans une lettre ouverte publiée le 15 mars dans le New York Times.

Sony, dont la filiale Columbia distribue le Da Vinci code refuse de dire s'il se pliera à cette requête. "Nous ne révélons pas ce qui est ou pas dans le film, mais nous avons dit à de nombreuses reprises qu'il s'agissait d'une fiction, et qu'avant tout, c'est une œuvre de suspense, pas un pamphlet religieux", indique Jim Kennedy, vice-président chargé de la communication.

Sony a elle aussi ouvert un site internet, www.TheDaVinciDialogue.com, où s'expriment des experts, y compris les plus critiques envers le livre. L'un d'entre eux, le théologien Thomas Rausch, y qualifie l'ouvrage d'"anticatholique". "Il présente l'Église catholique comme une ennemie de la liberté, qui biaise le message de Jésus, cache des preuves, s'engage dans une campagne de désinformation et présente l'Opus Dei comme une organisation catholique sinistre qui n'hésite pas à utiliser la violence et à assassiner pour atteindre son but", dénonce Thomas Rausch.

En France, des initiatives sont également prévues pour riposter. Avec les plus solides arguments. Nous en reparlerons.

Sources : Infocatho, CNS

Pour en savoir plus, dès aujourd'hui :

Roland Hureaux

Jésus et Marie-Madeleine

Perrin, coll. Tempus, mars 2006, 170 p., 6,65 €

Qui était exactement Marie-Madeleine ? Quelle fut la nature de ses relations avec Jésus ? Y a-t-il eu une ou trois Marie-Madeleine ? Depuis vingt siècles, ces questions ont alimenté les controverses religieuses, ésotériques, et même fourni l'alibi romanesque du célèbre Da Vinci code. À partir des sources fiables — le Nouveau Testament, les évangiles apocryphes et les documents médiévaux – Roland Hureaux décrypte l'énigme Marie-Madeleine.

■ Roland Hureaux est normalien, agrégé d'histoire, membre du comité de rédaction des revues Commentaire et Liberté politique.

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