Lors du démarrage de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron, comprenant qu’il tenait là un événement lui permettant de se mettre en valeur, s’est mis en scène en chef de guerre : mâchoires serrées, menton volontaire, regard d’acier, barbe de deux jours, cheveux en bataille, habillement approprié, rien n’a manqué à cette communication grossière visant à montrer que le chef de guerre, que le patron de l’Europe, que l’adversaire redoutable de Poutine s’appelait Emmanuel Macron…et il fallait que la terre entière le sache !

La communication a fonctionné comme prévu, puisque la politique, aujourd’hui, n’est que communication, parfois axée sur la vérité, mais surtout basée sur le mensonge. Dans le cas de cette mise en scène macronique, le mensonge était évidemment au rendez-vous, puisque l’Union européenne , actuellement présidée par Macron, n’a aucune force militaire à opposer à Poutine, comme elle n’a d’ailleurs aucune autre force à opposer à Poutine. Une barbe mal rasée et des cheveux en bataille ne vous transforment pas nécessairement en Alexandre le Grand ou en Napoléon.

Il n’a fallu que quelques jours pour que le chef de guerre mal rasé tente de se transformer en un Louis XIV magnifiquement dominateur : Macron recevait les chefs d’État de l’Union à Versailles, dans les ors de la royauté la plus grandiose. Il jouait son acte II : rasé de frais, ayant retrouvé ses costumes et ses cravates, illuminant le célèbre château des feux de la victoire, comme si Poutine avait été écrasé, dressant des tables magnifiques  surchargées de victuailles pour éblouir ses compères partenaires. Adieu, la guerre en Ukraine, les morts en Ukraine, les destructions en Ukraine, les réfugiés venant d’Ukraine : à nous foie gras et caviar, à volonté!

Lorsque Paris fut libérée, en juin 1944, de Gaulle  installa son PC Gare Montparnasse, sous l’œil attentif et protecteur du général Leclerc et de ses troupes aguerries : pas question de parader à Versailles, la guerre ne se joue pas dans des châteaux illuminés.

À l’évidence, Macron aurait dû tenir sa réunion à l’Élysée, symbole actuel du pouvoir, pour un moment de travail court et intense, se déroulant jusque tard dans la nuit, avec pour tout menu des sandwiches au jambon. Car si l’Union est en guerre, comme le pense Macron de façon absurde, les dirigeants doivent agir et communiquer dans un esprit guerrier, en revêtant les habits de la guerre.

Une énième fois, Macron a montré qu’il ne comprenait rien au tragique de l’histoire : il a voulu paraître en Louis XIV, mais n’est apparu que comme le sous-adjoint du sous-directeur du sous-chef de cabinet de Bernard Henri Lévy. Puisse la France le comprendre en avril prochain.

François Billot de Lochner