Dans l'après-midi de mardi 12 janvier, Haïti, le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental a été secoué par un tremblement de terre de magnitude 7. L'épicentre était à quelques kilomètres au sud-ouest de la capitale Port-au-Prince (deux millions d'habitants), à une profondeur d'environ 10 km. L'Église a payé un lourd tribut au séisme. Le pape appelle à la prière et à la générosité de tous.
Selon les premières informations diffusées, rapport e l'agence Fides, le centre de la ville a été complètement détruit, de nombreux édifices publics se sont écroulés ainsi que le siège de la mission des Nations-unies sur l'île. Les communications téléphoniques sont interrompues. Trois hôpitaux de Port-au-Prince se sont effondrés.
La Croix-Rouge internationale est déjà sur place pour aider les habitants, qui vivent un drame terrible. Les 6 700 militaires des forces de la paix de l'ONU (les "casques bleus") qui proviennent de 17 pays sont en train d'aider dans les opérations de secours envers la population. Le Service géologique des États-Unis (USGS) a donné l'alerte rouge et a qualifié le désastre, à cause de ses dimensions, comme unique dans l'histoire du pays. Haïti n'a pas été touché par un tremblement de terre de dimension aussi considérable depuis plus de 200 ans : le dernier remonte à 1751, mais il ne fut pas aussi violent.
Le récit dramatique du nonce apostolique
Port-au-Prince est totalement dévasté : c'est le témoignage dramatique du nonce apostolique à Haïti, l'archevêque Bernardito Auza, contacté par l'agence Fides. La cathédrale, l'archevêché, toutes les grandes églises, tous les séminaires sont réduits en poussière. L'archevêque de Port-au-Prince serait mort sous les décombres, avec une centaine de séminaristes et de prêtres qui sont sous les décombres. Le vicaire général, Mgr Benoît Seguiranno, est porté disparu, a précisé à Rome l'agence Missionary international service news agency (Misna).
L'archevêque poursuit :
Le palais national est tombé. Ce matin, je suis allé exprimer mes condoléances et ma solidarité au Président de la République, qui est sauf car il était en dehors, avec sa famille. Sa maison privée est détruite. Tous les ministères, sauf celui de la culture sont détruits. Le parlement avec les sénateurs, les écoles avec les enfants, les supermarchés sont réduits à rien. Le quartier général de la Minustah (siège de l'ONU pour l'aide à Haïti) est réduit à un tas de ciment et des centaines de personnes sont enfermées, y compris le chef de la délégation, Hedi Annabi, m'ont dit des personnes qui habitent en face du quartier général.
Le nonce a parcouru comme il pouvait la ville dévastée, et il raconte à Fides :
Je suis à peine arrivé ce matin. J'ai trouvé des prêtres et des sœurs dans la rue, qui n'ont plus de maison. Le recteur du séminaire est vivant, ainsi que le directeur des études, mais les séminaristes sont sous les décombres. Partout, on entend des cris sous les ruines. Le Cifor – institut d'études pour religieux et religieuses – s'est écroulé avec les étudiants à l'intérieur qui participaient à une conférence.
La nonciature a résisté, personne n'est blessé mais tout le monde est sous le choc ! Beaucoup de choses sont détruites, y compris le tabernacle, mais nous sommes plus fortunés que les autres. De nombreux membres des familles du personnel sont morts, leurs maisons détruites. Nous aurons des problèmes d'eau et de nourriture parmi tant d'autres. Nous ne pouvons pas entrer ou rester dans les maisons parce que la terre continue de trembler, et nous sommes ainsi en campement dans le jardin.
Le témoignage des dominicains
À Saint-Marc, hors de la zone touchée par le séisme, un couvent dominicain de la province de Toulouse abrite sept religieux, qui vont bien (haiti.dominicains.com). Leur supérieur, le Fr. Manuel a donné des nouvelles par mail à ses frères français : La mort, des morts, beaucoup de morts. La ville est remplie de gémissements et de cris. Beaucoup de personnes sous les décombres.
Plus tard, dans la matinée de mercredi, il précise :
L'hôpital général au centre ville de Port-au-Prince est comble. Les malades sont dans la rue. Il est difficile de trouver une morgue pour enterrer les morts qui sentent depuis hier soir. Nous avons passé la nuit dehors à prier. Heureusement le peuple haïtien a la foi. Les gens se sont rassemblés pour prier et chanter au milieu de cris et des gémissements.
Tous les religieux français n'ont pas eu cependant la chance des dominicains. D'après 20Minutes.fr, un religieux des Frères de Ploërmel (Morbihan), Joseph Bergot, est décédé et un autre, Dominique Baron, est porté disparu après l'effondrement de leur maison à Pétionville lors du séisme : Le frère Joseph Bergot, 70 ans, qui vivait en Haïti depuis 1965, a été grièvement blessé lors de l'écroulement de sa maison. Il est mort peu après son hospitalisation. Le frère Dominique Baron, 46 ans, se trouvait lui au rez-de-chaussée lorsque l'édifice s'est écroulé. Le moine qui n'a pu être dégagé se trouve toujours sous les décombres et est "probablement décédé", selon les frères de Ploërmel.
La Société des prêtres de Saint-Jacques à Landivisiau (Finistère) a également annoncé le décès de l'un de leurs 17 séminaristes haïtiens, Adoni Bien-Aimé, originaire de Port-au-Prince.
Le message du pape
À la fin de l'audience générale, mercredi 13 janvier, le Saint-Père a lancé un appel en faveur d'Haïti :
"Mes pensées vont à la population, durement frappée il y a quelques heures par un fort séisme ayant causé la mort de nombreuses personnes, sans compter les disparus, mais aussi causé de graves dégâts et privé de toit beaucoup de gens. Je vous invite à vous unir à ma prière pour les victimes de cette catastrophe et ceux qui les pleurent. J'exprime ma solidarité à qui a perdu sa maison et plus généralement à tous ceux qui ont été touchés, implorant Dieu de leur accorder réconfort et assistance.
J'en appelle aussi à la générosité internationale afin que ces frères et soeurs dans le besoin et la souffrance reçoivent le soutien solidaire de la communauté internationale. Par le biais de ses institutions caritatives, l'Église catholique a immédiatement assuré Haïti de sa participation aux besoins les plus urgents de la population."
A Paris, une messe pour les victimes du séisme sera célébrée samedi 16 janvier à 18h30 en la cathédrale Notre-Dame par le cardinal André Vingt-Trois.
Haïti : un des pays les plus pauvres du monde
La République d'Haïti avec une superficie d'environ 27 mille km2, se trouve à environ 80 km de Cuba, avec 9.035.536 habitants, dont seulement 3,4% a l'espoir de vivre au-delà de 64 ans. Le revenu annuel par personne est d'à peine 1 300 dollars, ce qui fait qu'Haïti se place à la 203e place parmi les 229 pays du monde.
Haïti occupe la moitié occidentale de l'île d'Hispaniola, où Christophe Colomb arriva à la fin de son premier voyage, en 1492. Le taux d'alphabétisation est de 45% et la moyenne de vie autour de 50 ans. La population totale est formée pour 95% de noirs, et pour 5% de métisses et de blancs.
Le pays est souvent traversé par des ouragans qui provoquent morts et destructions. En 2008, il y en a eu 4 (Fay, Gustav, Hanna e Ike), qui ont provoqué la mort de 330 personnes à travers tout le pays : le passage des quatre ouragans en un mois a été considéré par les autorités comme la principale catastrophe des dernières années, avant le tremblement de terre d'hier.
En plus de la capitale, les autres villes principales sont Cap-Haitien et Gonaives. Malgré les substantielles exportations de sucre, de café, de bananes et de mangues, Haïti reste un des pays les plus pauvres et arriérés du monde. Le chômage touche 60% de la population.
Fondé en 1749 par des colons français planteurs de canne à sucre, le pays, d'abord de possession espagnole, devint colonie française au XVIIe siècle. En 1804, il été la première république noire à obtenir son indépendance. Les habitants sont catholiques à 70% et protestants à 23%. L'Église catholique compte 7 039 000 fidèles, 10 circonscriptions ecclésiastiques, 18 évêques, 485 prêtres diocésains et 306 prêtres religieux, 332 religieux non prêtres, 1 851 religieuses, 421 grands séminaristes. L'Église gère 26 hôpitaux, 213 dispensaires, 4 léproseries, 23 maisons pour personnes âgées et malades chroniques, 39 orphelinats (Fides).
Aidez le couvent des dominicains d'Haïti après le séisme
Si vous souhaitez aider la fondation des frères en Haïti ou faire aider par les frères la reconstruction après le séisme:
CCP SOLIDARITE HAITI PROVINCE DOMINICAINE
Etablissement : 20041
Guichet : 01001
N° de compte : 160 11 94 X 022
SOLIDARITE HAITI PROVINCE DOMINICAINE
COUVENT DES DOMINICAINS
20 RUE DES AYRES
33000 BORDEAUX
Vous trouverez le site des frères en Haïti en cliquant ici
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