Le couple est le cœur de la famille, celui qui la crée et l’irradie. La fécondité des interactions et relations dans une famille dépend en premier lieu de la fécondité amoureuse du couple.
NOS ENFANTS n’ont pas simplement besoin que l’on s’occupe bien d’eux, ils ont besoin du couple de leurs parents comme manifestation et témoignage d’un amour humain qui vit de la Charité de Dieu. C’est le couple amoureux qui éduque naturellement les enfants à l’amour. Il n’est pas d’enjeu éducatif supérieur à celui-là.
L’art d’aimer
Déclinant l’affreuse formule de « cellule de base de la société », Jacques Trémolet de Villers préfère dire que les familles sont « les foyers où se cultive, de génération en génération, l’art d’aimer ». Admirable formule ! Je suis convaincu que cette recherche de l’art d’aimer est encore et toujours au cœur des aspirations du plus grand nombre.
Je pense notamment à cette jeune génération qui continue à s’engager dans le mariage, à tous ces jeunes qui désirent l’amour. Pas un amour "petit format", non, un amour "grand format". Avons-nous conscience du mal que nous pouvons faire à ces jeunes en basant à l’excès notre perception et notre expression des enjeux familiaux sur l’image d’un grand chaos où la désillusion serait presque la règle ? Il ne faut jamais doucher l’idéal d’un jeune. Au contraire, il faut le nourrir, l’encourager.
Mais avant d’entendre quoi que ce soit, un jeune a besoin de voir l’amour vécu par la génération qui le précède. Pas un amour "petit format", non, un amour "grand format". Un idéal vécu, entretenu, choyé, préservé ; le même idéal de nos 20 ans, intact à 40, 50 ou 80 ans, même si son expression sensible est très différente. Comme parents, c’est notre responsabilité ; et c’est un beau chemin pour donner du sens à cette période du « milieu de vie » que l’on sait parfois critique.
« N’ayez pas peur de voir grand »
Je dis aux jeunes qui m’écoutent : n’ayez pas peur de votre idéal, n’ayez pas peur de voir grand, de voir beau, de voir vrai. N’ayez pas peur du mariage. Et je leur dis aussi que le « mariage à l’essai » est un mensonge que des adultes leur laisse croire, par ignorance ou par démission.
Si l’engagement dans le mariage n’est pas le fondement préalable de votre vie commune, vous vivrez plusieurs années sans idéal amoureux concrétisé par un choix, donc sans colonne vertébrale. Et vous vous trouverez bien fragiles lorsque le sentiment altéré viendra faire une rude concurrence à votre bonne volonté. Alors, cherchez le grand idéal et mettez le bon Dieu dans le coup.
Pour un synode de l’amour
Si je parle du couple et de l’amour, c’est parce que se profile le synode sur la famille, en octobre prochain. Je lis des quantités de considérations sur sa préparation et j’y trouve bien peu de mots pour exprimer l’enjeu majeur du couple, de l’amour, du mariage comme sacrement de la charité de Dieu imprégnée dans la beauté de l’amour humain. Je commence à me demander si le couple ne serait pas le grand oublié du synode.
Alors, je formule les vœux suivants : que ce synode ne soit pas quasi-exclusivement consacré à des analyses socio-pastorales et paralysé par des débats théologiques, doctrinaux et disciplinaires ; que ce synode nous montre et nous donne ce bon Dieu qui veut bénir de sa charité nos désirs brûlants ; que ce synode donne du souffle et de l’espérance à cette jeune génération qui attend de l’Eglise ce qu’un enfant attend d’une mère.
Chronique prononcée sur Radio Espérance, 21 mars 2014.
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Parmi les "solutions" pour sauver un couple qui n'a pas mis l'amour de Dieu à l'orée de sa construction il y a le recours "magique" au mariage religieux, en cours de route, quand la barque prend l'eau. Est-ce bien l'amour divin qui motive cette décision ? J'ai réfléchis et je me dis : "l'Eglise devrait demander à ces couples une séparation totale de 40 jours avant de prendre leur décision de se marier religieusement. 40 jours comme les 40 jours au désert, comme 40 semaines de gestation. 40 jours sans mail, sans SMS, sans téléphone, dans le silence et la méditation, dans le dialogue avec le Seigneur. Cela n'éviterait pas tout mais cette épreuve pourrait être préalable à un nouveau fondement. Cela aussi, pour éviter que le tiède des deux ne fasse le geste uniquement pour piéger l'autre, qui y croit". Celui des deux qui quitterait le domicile serait accueilli dans un couvent ou un monastère ou chez des membres de la paroisse. Ne pourrions-nous tous faire une place pour que ces 40 jours de silence et de méditation permettent de fonder une décision selon l'Esprit et pas selon la Chair ? Je ne suis pas mariée mais je suis triste en voyant des divorcés chrétiens qui se sont fait abusés et que l'Eglise a mariés avec peut-être trop de légèreté.
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