De Bernard Mitjavile pour Le Salon beige :
La révolution ou « libération » sexuelle commencée dans les années 1960 a bien des causes mais on a rarement mis en lumière l’impact négatif sur les valeurs familiales d’une certaine psychologie et d’une certaine sociologie populaire dans les sociétés occidentales qui ont accompagné et en partie causé cette révolution. Une évaluation de l’apport de ces sciences humaines sur la période remontant aux années d’après-guerre jusqu’à aujourd’hui nous donne un bilan qui est loin d’être globalement positif.
Pseudo-scientificité de la psychanalyse freudienne
La psychanalyse se présente comme une approche scientifique de la santé mentale et donc neutre vis à vis des valeurs morales. Un psychanalyste estime en général que pour guérir des malades, il ne faut pas émettre des jugements moraux ou se référer à des valeurs absolues mais écouter les personnes définir leurs propres valeurs.
Cette approche se veut scientifique depuis Freud et la création de la psychanalyse mais force est de noter entre autres, à propos de ce caractère scientifique, que chaque fois que le fondateur de la psychanalyse Sigmund Freud s’est avancé sur le terrain de l’histoire ou de l’anthropologie, ses théories ont été largement rejetées dans ces domaines par les scientifiques concernés.
Ainsi l’idée du meurtre du père comme origine de la civilisation défendue dans « Totem et Tabou » est largement discréditée par les anthropologues.
La théorie défendue dans « Moïse et le Monothéisme » d’un Moïse égyptien massacré par les juifs dans le désert du Sinaï qui auraient ainsi reproduit le « meurtre du père » est encore plus largement discréditée par les spécialistes de la Bible et les historiens.
Quant à son affirmation dans l’un de ses derniers ouvrages, « L’Avenir d’une illusion » que « la religion est la névrose obsessionnelle de l’humanité », elle ne fait que refléter ses préjugés athées et antireligieux et n’est pas sans rappeler Karl. Marx déclarant que la religion est l’opium du peuple. Cela devrait nous inciter à ne pas prendre pour argent comptant ses théories et l’usage qui en est fait sous le couvert de la science.
Le complexe d’Oedipe
Un concept freudien central comme le complexe d’Œdipe, n’a tout d’abord pas grand-chose à voir avec le mythe grec d’Œdipe qui concerne avant tout la fatalité pesant sur le héros Œdipe. Pour Freud, le mythe d’Œdipe raconte l’histoire d’un fils qui désire tuer son père et coucher avec sa mère alors que chez les Grecs, c’est l’inverse avec Laïos qui veut tuer son fils et ordonne son meurtre pour échapper à la malédiction qui lui vaudrait d’être tué par lui alors qu’Œdipe n’a aucunement l’intention de tuer son père.
Mais, plus grave, ce concept a pu servir à couvrir ou à nier des cas d’abus sexuel et de pédophilie dès son origine. Ainsi Freud est passé brusquement sans véritable justification scientifique d’une théorie de la séduction d’un enfant par un adulte suite aux consultations de patientes évoquant des scènes sexuelles explicites dans leur enfance à l’origine de bien des névroses à la thèse que les scènes de séduction dans l’enfance évoquées par ses patientes n’étaient que des fantasmes liés aux désirs incestueux de l’enfant. Pourtant Freud reconnaît dans une lettre à Wilhelm Fliess que son frère même avait été victime d’abus sexuel de la part de son père qu’il qualifie de pervers ce qui était à l’origine de son hystérie ainsi que « certaines de mes sœurs cadettes ».
Affirmer comme une vérité scientifiquement prouvée que chaque enfant entre 2 ans et demi et sept ans, a désiré plus ou moins inconsciemment avoir une relation sexuelle avec le parent de sexe opposé, ceci en se basant sur un nombre limité de consultations à Vienne de personnes de la bonne société perturbées mentalement et évoquant des scènes d’abus sexuels dans leur enfance, paraît très peu scientifique, et pourtant, cela a marché.
Les psychanalystes étaient contents d’avoir « trouvé » un concept universel, un couteau suisse permettant de répondre à toutes sortes de questions et mis à toutes les sauces.
Si ce concept était si crucial, alors le fait d’avoir trouvé la source d’innombrables problèmes mentaux, avec la non-résolution ou mauvaise résolution du complexe d’Œdipe, aurait dû amener une amélioration spectaculaire de la santé mentale des populations, un peu comme pour la santé physique avec la découverte de la pénicilline par A. Fleming ou le développement de la vaccination. Or on ne peut dire que l’application de ce concept à des foules de patients ait permis d’améliorer la santé mentale de l’humanité si l’on regarde l’évolution des maladies mentales ou des suicides dans les grands pays occidentaux depuis bientôt un siècle.
Peut-être que la boutade attribuée à Freud à son arrivée à New York « est-ce qu’ils ne savent pas que nous leur apportons la peste ? » n’était pas un simple bon mot ou une plaisanterie.
Cette thèse du complexe d’Œdipe associée à celle de la sexualité enfantine, aura un succès phénoménal sur la psychologie populaire en Occident et sera reprise plus tard, entre autres par des pédophiles, qui se sont mis à parler de la nécessité de libérer la sexualité infantile.
Le conflit entre Freud et Jung
L’idée freudienne d’un inconscient comme étant essentiellement le siège de la libido refoulée et de tous les fantasmes qu’elle suscite amène à considérer l’homme comme un animal en rut qui a de l’imagination. Cette idée a été rejetée par le principal disciple de Freud, Karl Gustav Jung qui lui, voit en l’inconscient le siège des archétypes, des images primordiales à l’origine des grands mythes et grandes religions. Les relations entre Freud et Jung sont bien connues et en lisant leurs divers échanges épistolaires, on a plutôt l’impression d’un chef de secte qui sent son pouvoir menacé par un disciple que d’échanges entre scientifiques sur la nature de l’inconscient. Il ne s’agissait pas bien sûr chez Jung de nier l’importance de la sexualité, des besoins sexuels chez l’homme mais de les mettre en relation avec les autres dimensions de la psyché humaine individuelle et même collective, d’où l’idée d’inconscient collectif.
La Révolution sexuelle
Les idées freudiennes de libido l’inconscient se sont retrouvées chez les promoteurs de la « Révolution sexuelle ». C’est ainsi que Wilhelm Reich, disciple de Freud et premier à mettre ce thème à la mode en tant qu’auteur du livre « La révolution sexuelle », a développé l’idée que la morale sexuelle était un moyen utilisé par la bourgeoisie pour asseoir sa domination. Reich en appelait à une libération sexuelle de la morale et du mariage « bourgeois », y compris concernant les enfants. Ce mélange de marxisme et de psychanalyse a été repris et modifié par Herbert Marcuse (« Eros et Civilisation », « L’homme unidimensionnel ») et par tous les soixante-huitards dont Daniel Cohn-Bendit, auteur de souvenirs sur l’éducation des enfants dans sa commune en Allemagne frisant la pédophilie. Son cas n’était pas isolé, plusieurs de ses compagnons des Grünen ayant été éclaboussés par des scandales pédophiles.
Cohn-Bendit s’est excusé en invoquant l’esprit de l’époque et effectivement, on a assisté au cours des années 70 à 2000 à un soutien accordé à des pédophiles avérés dans les média et les cercles universitaires, des pédophiles comme Gabriel Matzneff ou Tony Duvert ayant été encensés par Libération, Le Monde etc. Tony Duvert selon qui « il n’existe qu’un moyen de découvrir la sexualité de quelqu’un, petit ou grand, c’est de faire l’amour avec lui », auteur qui a reçu entre autres le prix Médicis, s’est appuyé sur les théories de S. Freud sur la sexualité enfantine pour justifier ses activités pédérastes. Il réclamait dans son livre « Le bon sexe illustré » une « libération sexuelle » des enfants par la pédophilie, la sexualité des enfants étant selon lui opprimée par la société.
Développement de la pornographie
Quand la pornographie de masse a commencé à se développer à partir des années 1970, un marqueur étant le succès populaire du film soft-porno Emmanuelle ou les chansons de Gainsbourg (« 69, année érotique » etc..), les milieux de psychologues ont largement sous-estimé ou carrément ignoré ses effets nocifs et ses implications pour la criminalité sexuelle. Bien au contraire, toujours selon un point de vue soit disant scientifique, ils ont parlé de l’effet de « catharsis » que pouvait avoir la pornographie empêchant les personnes de passer à l’acte par le défoulement supposé résultant du visionnage de vidéos pornographiques. Il a fallu tout d’abord le rapport d’une commission du congrès américain (la commission Meese) pour faire voler en éclat ces théories soit disant scientifiques. La commission du congrès, se basant sur de très nombreux rapports de police, a montré que dans la très grande majorité des cas de crimes sexuels et de pédophilie, les criminels faisaient une intense consommation de pornographie.
Depuis, lors de l’affaire Dutroux comme dans diverses affaires de crimes sexuels en France, on a pu voir les liens entre la fabrication et la consommation de vidéos pédophiles et le passage à l’acte, liens mis en évidence en surfant simplement sur le Web où les formes les plus violentes de pornographie et pédophilie sont proposées. Plus grand monde ne croit à la non nocivité de la pornographie et quand les industriels du porno essayent encore aujourd’hui de défendre cette idée, on comprend vite qu’il s’agit de défendre leur marché et leurs intérêts commerciaux. Sans doute, de nombreux crimes auraient pu être évités si les milieux de psychologues avaient été plus clairs sur ce sujet et n’avaient pas donnés une caution scientifique à des théories infondées. Comme le disait avec un simple bon sens un témoin à la commission Meese, un marchand de bière ou de cigarettes sait très bien l’impact que peut avoir un spot publicitaire d’une minute sur ses produits, aussi comment un industriel de la pornographie pourrait ignorer l’impact d’une cassette pornographique de 60 mn.
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