Source [Le JDD] L'acceptation par Donald Trump d'une rencontre en face à face avec Kim Jong-un est accueillie avec autant d'espoir que de scepticisme. L'interrogation principale concerne la capacité du régime de Pyongyang à se séparer de son arsenal atomique considéré comme une assurance-vie.
C'était il y a dix-huit ans. Après avoir ordonné un moratoire sur les tests de missile en échange d'une levée partielle des sanctions qui frappaient son régime, Kim Jong-il avait déroulé le tapis rouge pour la secrétaire d'État américaine Madeleine Albright. L'objectif du "cher Leader"? Préparer la venue à Pyongyang de Bill Clinton lui-même. En ce 23 octobre 2000, la cheftaine de la diplomatie américaine est accueillie dans un stade de 100.000 places où la jeunesse communiste nord-coréenne lui offre, après dix mois de répétition, un de ces spectacles dont seuls les régimes totalitaires sont capables. Quelque 30.000 garçons et filles jouent avec des plaquettes de couleur dont les ensembles une fois figés représentent des fresques de scènes de champs et d'usines.
Mais quelle n'est pas la surprise de l'Américaine lorsque lui est projetée l'image géante d'un tir de missile longue portée. "Ce modèle-là était notre premier, ce sera aussi notre dernier", lui glisse à l'oreille le dictateur nord-coréen. Madeleine Albright n'avait-elle pas vanté lors du toast du dîner d'État la capacité de l'aigle américain et des montagnes enneigées nord-coréennes à se rejoindre ? Les résultats obtenus à Pyongyang furent insuffisants. Pis, les services de renseignement américains détectèrent peu après des tentatives clandestines d'enrichissement d'uranium. Le syndrome du bluff et de l'échec en somme, des inerties et des coups tordus, des malentendus qui dégénèrent. Depuis cette séquence, la dictature a multiplié les tests nucléaires et balistiques. Elle est devenue cette année puissance atomique. Est-il encore possible pour Donald Trump de lui faire renoncer à cette conquête? En serrant la main de l'héritier de la dynastie Kim d'ici à la fin mai?
Pour Victor Cha, l'ancien patron des affaires asiatiques au Conseil national de sécurité de George W. Bush, et qui était pressenti pour devenir le nouvel ambassadeur des États-Unis à Séoul avant que Donald Trump ne revienne sur sa décision, cette promesse de rencontre au sommet fait courir de grands risques. "Cette initiative diplomatique spectaculaire menée par deux dirigeants connus pour leur instinct et leur théâtralité peut nous amener plus vite qu'on ne le pense à la guerre", écrivait-il dans une tribune au New York Times vendredi. "Car si l'on échoue au sommet, il n'y a plus de recours possible à la diplomatie." Une crainte que relativise un responsable français interrogé par le JDD : "Si les conditions du dialogue sont claires et que la rencontre se confirme, ce sommet apportera un espoir de détente bienvenu."
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