Ici même la semaine dernière Thierry Boutet ouvrait le débat sur la question de l’immigration. Thierry Boutet le sait, je ne partage pas totalement son point de vue et il me donne cette semaine l’occasion de lui répondre dans le cadre du débat qu’il désire poursuivre sur ce site.
Pour Thierry Boutet, la population de l’Europe a été globalement stable tout au long de son histoire. Elle a formé une communauté culturelle d’origine chrétienne. Aujourd’hui se produit en Europe un radical bouleversement démographique et culturel.
Dans l’avenir, deux communautés culturelles vont devoir cohabiter, l’une « chrétienne » peu convaincue de son identité, l’autre « musulmane » déterminée à s’imposer.
Thierry Boutet parle à la suite des analyses de John Caldwel de « changement de peuple » et conclut sur la nécessité d’une politique d’affirmation forte de l’identité culturelle européenne et de ses racines chrétiennes. Je rejoins Thierry Boutet dans ces conclusions mais je ne partage pas, en totalité, son analyse et sa manière de parler de l’islam. Je souhaiterais compléter ce qu’il écrit.
1. les chiffres, qu’il ne donne pas d’ailleurs, mais qu’il suggère, ne sont pas selon moi aussi alarmistes. Beaucoup d’immigrés, y compris musulmans, s’intègreront et même s’assimilerons sans que cela ne pose de problèmes.
2. Il n’y a pas un mais des islams comme il le reconnaît lui-même. Il est donc dangereux de parler de l’Islam. Il stigmatise l’islam comme une globalité intangible et, reprenant John Caldwel, affirme qu’il forme « une communauté enracinée, confiante en elle, avec une volonté forte de convertir les autres peuples à sa foi ».
Décrire ainsi l’islam n’a pas vraiment de sens et c’est même dangereux. La situation est beaucoup plus complexe. De nombreux musulmans ne souhaitent convertir personne et encore moins de force, et aspirent à s’intégrer et même à s’assimiler. Il y a donc un risque en parlant ainsi de l’Islam de dresser des murs au lieu d’ouvrir le dialogue. Méfions-nous des approches globalisantes.
3. Plutôt que de favoriser une barrière entre chrétiens et musulmans nous devons favoriser comme le suggère Mgr Sabbah « un front de chrétiens et de musulmans face à un front exclusivement musulman, pour ne pas dire islamiste ».
Mgr Sabbah oublie-t-il pour autant que la terre qu’il habite est d’abord chrétienne ? A-t-il abdiqué, cherche-t-il à composer face au pouvoir de l’islam « modéré » ? Ignore-t-il ce qu’il y a dans le Coran ? Est-il moins résistant que nous ? Non, bien sûr. Il évoque la possibilité du martyre pour les chrétiens, mais il voit simplement la réalité ; il voit des hommes, tous frères. Par ailleurs, c’est sur la question des valeurs républicaines, de l’amour de notre patrie, et aussi de l’ordre public, auquel tous les hommes de bonne volonté sont attachés, que nous pouvons et devons-nous retrouver. Nous n’avons d’ailleurs pas d’autre choix.
Pour le reste, le fait que nous sommes héritiers d’une civilisation chrétienne qu’il faut affirmer, que « l’islam n’est en aucune façon la culture de l’Europe », que « cette cohabitation inévitable exigera des marqueurs politiques clairs de notre identité dans le respect de chacun », et aussi que les « décrues » visibles du laïcisme et de l’athéisme nous donnent maintenant une belle opportunité, pour cela, et aussi sur le fait que nous sommes bien mal engagés , que nous avons beaucoup trop attendus et qu’il est plus que temps d’agir, je ne peux qu’être d’accord avec Thierry Boutet, tout comme je le suis avec l’essentiel des propos de Jean-François Chemain.
Commentaire de la rédaction
Le site Liberté politique est un site où des hommes et des femmes partageant la même espérance et les mêmes convictions sur l’homme et sa place dans la création peuvent débattre dans le plus grand respect de l’autre et dans la recherche d’une commune vérité. Sur des sujets complexes et contingents comme la question de l’immigration, cela n’exclut pas des différences de points de vue et d’appréciation. C’est pourquoi nous souhaitons ouvrir un débat. François Martin répond ici à mon éditorial et dans une certaine mesure aux articles de Jean François Chemain. Nous poursuivrons ce débat dans les semaines qui viennent. Au-delà des questions de forme qui sont c’est vrai importantes, Il n’y a pas de désaccord entre nous mais plutôt des questions qu’il nous faut creuser ensemble.
1. Chrétiens et musulmans, unis ensemble, peuvent-ils, à l’avenir, faire la France ? François Martin le pense, je ne le crois pas. La France est chrétienne et le restera ou sera musulmane pour des raisons à la fois démographiques et religieuses. C’est une première question.
2. Le respect des valeurs de la République suffit-il à nous protéger de l’islamisation ? François Martin estime que c’est un problème politique et d’ordre public. Certes, mais en ce qui me concerne je ne crois pas que les valeurs de la République suffiront à nous préserver d’une islamisation de la société française. Sur ce point nous ne divergeons pas, puisque François martinest aussi persuadé que moi de l’importance d’affirmer notre culture et de notre histoire. La République coupée de ses racines culturelles chrétiennes ne court-elle pas le risque de devenirune République islamique. ? Car, l’islam n’est-il pas comme le soutien Eric Ze imour « un communisme avec Dieu, c’est-à-dire une théorie égalitaire, collective qui contrôle la liberté de ses affiliés avec un dieu tutélaire ». C’est une seconde question.
3. Peut-il y avoir en France comme le suggère Mgr Sabbah pour les pays du Moyen Orient « un front de chrétiens et de musulmans face à un front exclusivement musulman, pour ne pas dire islamiste ».
François Martin le pense, parce que nous n’avons pas d’autre choix que de « faire société ». Je crois qu’il est possible de dialoguer avec des musulmans mais non avec un « islam de France » sous la pression de sa frange fondamentaliste. Chrétiens et musulmans ont 1 600 ans d’histoire commune au Moyen Orient. Ce n’est pas notre cas. Les Chrétiens d’Orient sont des dhimmis . Devons-nous accepter de l’être ? Mgr Sabbah indique que ce dialogue peut-aller jusqu’au martyre. Les Français sont-ils prêts à cette offrande ? C’est une troisième question.
Thierry Boutet
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Lettre du Père de Foucauld (mort le 1er décembre 1916)
Voir le commentaire en entierLettre du Père Charles de Foucauld adressée à René Bazin, de l’Académie française, président de la Corporation des publicistes chrétiens, parue dans le Bulletin du Bureau catholique de presse, n° 5, octobre 1917
"Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire colonial du nord de l'Afrique ne se convertissent pas, il se produira un mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie : une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir l'esprit ni le cœur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera l'étiquette pour pouvoir par elle influencer les masses ; d'autre part, la masse des nomades et des campagnards restera ignorante, éloignée de nous, fermement mahométane, portée à la haine et au mépris des Français par sa religion, par ses marabouts, par les contacts qu'elle a avec les Français (représentants de l'autorité, colons, commerçants), contacts qui trop souvent ne sont pas propres à nous faire aimer d'elle.
Le sentiment national ou barbaresque s'exaltera dans l'élite instruite : quand elle en trouvera l'occasion, par exemple lors de difficultés de la France au dedans ou au dehors, elle se servira de l'islam comme d'un levier pour soulever la masse ignorante, et cherchera à créer un empire africain musulman indépendant.
L'empire Nord-Ouest-Africain de la France, Algérie, Maroc, Tunisie, Afrique occidentale française, etc., a 30 millions d'habitants ; il en aura, grâce à la paix, le double dans cinquante ans. Il sera alors en plein progrès matériel, riche, sillonné de chemins de fer, peuplé d'habitants rompus au maniement de nos armes, dont l'élite aura reçu l'instruction dans nos écoles. Si nous n'avons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous chasseront. Le seul moyen qu'ils deviennent Français est qu'ils deviennent chrétiens.
Il ne s'agit pas de les convertir en un jour ni par force mais tendrement, discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne éducation, instruction, grâce à une prise de contact étroite et affectueuse, œuvre surtout de laïcs français qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un contact plus intime.
Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ? Exceptionnellement, oui. D'une manière générale, non.
Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s'y opposent ; avec certains il y a des accommodements ; avec l'un, celui du « Mehdi », il n'y en a pas : tout musulman, (je ne parle pas des libre-penseurs qui ont perdu la foi), croit qu'à l'approche du jugement dernier le Mehdi surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l'islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non musulmans.
Dans cette foi, le musulman regarde l'islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s'il est soumis à une nation non musulmane, c'est une épreuve passagère ; sa foi l'assure qu'il en sortira et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse l' engage à subir avec calme son épreuve; " l'oiseau pris au piège qui se débat perd ses plumes et se casse les ailes ; s'il se tient tranquille, il se trouve intact le jour de la libération ", disent-ils.
Ils peuvent préférer telle nation à une autre, aimer mieux être soumis aux Français qu'aux Allemands, parce qu'ils savent les premiers plus doux ; ils peuvent être attachés à tel ou tel Français, comme on est attaché à un ami étranger; ils peuvent se battre avec un grand courage pour la France, par sentiment d'honneur, caractère guerrier, esprit de corps, fidélité à la parole, comme les militaires de fortune des XVIe et XVIIe siècles.
Mais, d'une façon générale, sauf exception, tant qu'ils seront musulmans, ils ne seront pas Français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du Mehdi, en lequel ils soumettront la France.
De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empressés à demander la nationalité française : comment demander à faire partie d'un peuple étranger qu'on sait devoir être infailliblement vaincu et subjugué par le peuple auquel on appartient soi-même ?
Ce changement de nationalité implique vraiment une sorte d'apostasie, un renoncement à la foi du Mehdi..."
Charles de FOUCAULD
Mehdi = Le Bien-aimé = le Sauveur de l’Islam
Je crois aussi qu'il n'y a pas plusieurs islams. Certes, il y a des musulmans de convictions plus ou moins marquées. Mais aucun d'entre eux ne remet en cause les passages du Coran qui appellent à la violence et à la discrimination. Ce test est probant.
A Hébron, en 1929, les musulmans ont massacré leurs voisins juifs, sans état d'âme, avec lesquels ils vivaient depuis des générations.
A l'école polytechnique, à la fin du XXè siècle, les étudiants musulmans déclaraient aux non-musulmans qu'ils n'hésiteraient pas à les tuer si "on" le leur demandait. L'Islam n'est pas assimilable, c'est un totalitarisme intégral. Sa vocation est de convertir le monde, depuis toujours, par la force.
Permettez moi de faire une remarque, peut-être très simpliste au regard de ces articles si bien pensés J'ai passé et lu autour de moi, le point de vue de Monseigneur Sabah. D'abord, les membres de ma famille qui est musulmane ont été agréablement surpris d'une telle ouverture d'esprit. Personne ne connaissait votre association et j'ai pu lire d'autres articles comme celui -ci. Voyez-vous la génération de nos parents est certes venue pour travailler et nous offrir un mieux vivre. Bien sur, ils ne s'attendaient pas à ce que nous choisissions de vivre et de mourir dans et aussi pour ce pays
Voir le commentaire en entierMa génération et celle qui arrive n'est pas toujours très pratiquante de l'Islam comme l'ont transmis les parents. On vous parle toujours des barbus et foulards, sans mentionner les jeunes musulmans qui osent remettrent en question le Coran !!! qui osent s'interesser aux autres croyances, qui osent se dire athés ou agnostiques! Une grande majorité silencieuse est laïque et bon nombre se mettent à fêter Noël autant de l'Aid el Kébir tout simplement parce qu'il ya quelque chose à partager avec celui qui accueille. Il y en a d'autres comme moi, ont sauté le pas et sont baptisés adultes.
Les étiquettes religieuses qu'on se colle les uns aux autres ne feront rien avancer. Monseigneur Sabah parle de ce qui se passe en Orient, . Ici en Europe, nous avons beaucoup à faire et aussi beaucoup à espérer d'un dialogue interconfessionnel.Je doute fort que la France se retrouve musulmane un jour, ses chrétiens ne sont pas si tièdes qu'il n'y parâit. Amina.