[Source : Salon Beige]
De Gabrielle Cluzel sur Boulevard Voltaire :
"L’opération a pour nom Voscouleurs. Des organisateurs, on ne sait rien, à dessein, sinon qu’ils sont, comme ils disent, « des amoureux de la France ». Cet anonymat les préserve, pensent-ils, de toute récupération. Leur objectif ? « Jeter le poids du peuple de droite dans la balance. » Rassembler la droite de conviction, tant qu’il en est encore temps. S’il en est encore temps. « Vous savez qu’on ne peut plus attendre, dans 5 ans il sera trop tard, cette présidentielle est la dernière avant la tempête » lit-on sur leur teaser, tandis que défilent les livres La France qui tombe, Le suicide français ou encore Soumission. À Philippe de Villiers, Marion Maréchal-Le Pen, Jean-Frédéric Poisson, Laurent Wauquiez, François Fillon, Henri Guaino, Nicolas Dupont-Aignan, Hervé Mariton, ils lancent « un appel solennel par une grande pétition, et les invitent à se réunir au mois de novembre pour réaliser l’union des droites, désigner leur candidat unique, et définir le programme commun, qui redressera la France en 2017 ».
Oui, je sais : tout cela sent un peu le bis repetita. Au mois de mai dernier, le Rendez-vous de Béziers a tenté le même rassemblement, a initié le même rapprochement, a voulu faire tomber les mêmes murs, a convié peu ou prou les mêmes personnalités. Oz ta droite, leur a-t-on dit, c’est-à-dire pose ton ego, oublie ta boutique, mets de côté tes calculs politiciens, cours le risque d’unir tes forces à celles d’un autre, au risque de voir celui-ci arriver avant toi à l’Élysée si le bien commun l’exige.
Mais la vérité est que l’on veut bien coucher dans le même lit, à condition de tirer la couverture à soi.
Oui, je sais : il y a justement un grand absent de ce casting, c’est Robert Ménard. Et cet oubli est étonnant. Qui pourrait nier qu’il a donné, en pionnier, les premiers coups de pioche dans ces murs qui cloisonnent et empoisonnent la droite, avec l’énergie enthousiaste et kamikaze qu’il met en toutes choses, au risque de se prendre au passage quelques parpaings sur la tête ?
Oui je sais : il y a aussi, a contrario, un grand présent non moins surprenant, qui porte nom de François Fillon, dont l’adoubement par Sens commun ne saurait faire oublier – pour ne parler que d’elle – l’inséparable copine Roselyne Bachelot, difficilement miscible, on en conviendra, dans la droite de conviction.
Je sais tout cela. Mais je sais aussi que je ne veux pas être celle qui ricane « Te fatigue pas, Monique, ton truc ne fonctionnera jamais » en continuant de se vernir les ongles des doigts de pied. Que je ne veux pas entendre mes enfants me dire, dans 20 ans : mais que bricoliez-vous donc, en 2017, quand il était encore temps de se bouger, que les équilibres démographiques n’étaient pas encore inversés, que la guerre civile n’était encore que larvée, qu’il restait encore un peu de notre prospérité à conserver, de notre sérénité à préserver, de notre identité à sauver ?
Qu’à trop espérer la perfection, le comte de Chambord attend toujours, six pieds sous terre, son drapeau blanc.
Que lors des manifs pour tous, preuve a été faite que nous autres, piétaille dite « de droite conservatrice » ontologiquement docile, n’avons pour nous que notre nombre. Notre entêtement poli. Notre inlassable énergie, tels des paysans vendéens, pour aller tirer de leur lit – en nous y reprenant à plusieurs fois – nos politiques par les pieds, et les forcer à porter… nos couleurs. Certains préféreront rester avec couardise sous la couette. Tant pis pour eux ! Mais que les autres se lèvent enfin et le fassent savoir. Cette pétition leur en donne l’occasion."
Michel Janva
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