Nos coups de coeur
Que ceux qui cherchent une réponse à la question du titre de cet ouvrage ne lisent pas ce livre. En effet, celui-ci est davantage un plaidoyer, une apologie de la psychanalyse qui traverse, au dire de l'auteur, des temps difficiles.
Elle est principalement mise à mal par le recours massif aux médicaments, anxiolitiques et dépresseurs. Ceux-ci ne prennent en charge que les symptômes des maladies et méconnaissent totalement le long détour par la parole et le travail du sujet sur lui-même. Cette pratique est justifiée par l'idéologie scientiste des neuro-sciences qui pense pouvoir réduire l'homme à sa seule dimension biologique. Tout cela entretient une société dépressive, c'est-à-dire une société dont les membres ont évacué tout tragique et conflit de leur existence. La recherche du seul bien-être physique et psychique autorise tous les moyens pour faire oublier les difficultés existentielles de l'homme. Celui-ci se réfugie par là soit dans les pratiques irrationnelles (voyance, etc.), soit dans la camisole chimique. Il y a ainsi une occultation de la subjectivité.L'auteur fait une généalogie de l'opposition au freudisme comme étant coextensive à l'histoire de cette pratique thérapeutique. Il manifeste aussi les divisions internes entre écoles, mêlant des considérations théoriques à des querelles de personnes. Mais ce livre est décevant car il ne répond pas réellement en profondeur à la question initiale. Élisabeth Roudinesco aurait pu en profiter pour redonner l'inspiration originelle de la psychanalyse et la manière dont celle-ci peut apporter des éléments de construction encore aujourd'hui. Elle l'affirme mais n'argumente pas. Somme toute, la confrontation avec le scientisme neuro-chimique n'a pas vraiment eu lieu.TH. C. Article paru dans "Liberté Politique" N°1