Nos coups de coeur
La démocratie paraît triompher aujourd'hui, parce qu'elle n'a plus de rival : il n'y a pas de source alternative de légitimité politique. Cela ne lui garantit pour autant pas la pérennité. Régime politique fragile et complexe, ne fonctionnant que depuis peu de temps et sur une partie seulement de l'humanité, elle y a prospéré en s'appuyant sur la créativité économique du capitalisme et sur la solidarité émotivement forte de la nation.Mais cet environnement évolue à grande vitesse. Et plus encore que la mondialisation, ce qui mine la société démocratique actuelle de l'intérieur, au moins dans les pays avancés, est le relativisme, cet ultime avatar d'un paradigme de neutralité présent dès les origines de la société moderne et dont elle se fait une gloire. C'est cette idée étrange que la société doit être neutre
entre toutes les valeurs, chacun pouvant décider ce qui est bien ou mal, désirable ou condamnable, comme il l'entend sous la seule réserve du droit
équivalent du voisin. Ce relativisme, désormais poussé à son terme individualiste, détruit les bases personnelles et sociales de la citoyenneté
comme de la communauté ; il ne s'accommode finalement que de l'arbitrage par l'argent, lui aussi par nature neutre entre les valeurs.
Qu'est-ce qui menace à terme l'avenir de la démocratie, sinon cette conception délétère ? Qu'est ce qui peut sauver la vie en commun, dans chaque petite patrie comme sur la planète, sinon le recours, tolérant mais résolu, à la recherche du Bien commun comme fondement objectif du lien social ?