Nos coups de coeur
Le livre noir de la construction européenne
L’ouvrage récent de Philippe de Villiers, J'ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu,mettait en lumière, pour le grand public, les origines troubles douteuses de l’Union européenne, et faisait la vérité sur un projet politique et anthropologique dangereux destiné à tuer le corps et l’âme de l’Europe millénaire.
La démarche de Romain Rochas, ancien fonctionnaire à la Cour européenne des comptes, est assez différente, car il a fréquenté et pratiqué pendant toute sa carrières la bureaucratie européenne de l’intérieur, mais elle aboutit au même constat : il faut dénoncer la logique mortifère de l’Union européenne, dont nul aujourd’hui n’ose remettre en cause les fondements ni les perspectives. Romain Rochas démonte comment au nom d’idéaux prétendument généreux s’est construit un monstre à l’autorité illimitée, repoussant sans cesse plus loin le champ de ses « compétences », au nom de la rationalisation et de l’efficacité. Le « temple du bonheur » est devenu une « prison des peuples », qui brille, et c’est le paradoxe le plus éclatant pour une structure qui s’est construite contre l’obscurantisme, par son opacité.
A travers une série d’études de cas emblématiques (la PAC, le traité de Lisbonne, l’affaire des wagons commandés trop larges), Romain Rochas met le doigt sur l’absurde qui nous gouverne et sur l’aveuglement des fonctionnaires qui entretiennent le système devenu une superstructure incontrôlable. La machinerie européenne, semblable à un mécanisme d’horlogerie sophistiqué, est cachée aux yeux du profane, désormais privé de toute possibilité d’agir sur sa destinée par son vote, et par la participation au débat public. L’Europe signifie tout simplement la mort de la politique. Romain Rochas fait un constat lucide que peu de ses pairs ont osé conscientisé, sans parler même de le formuler explicitement ; qu’il en soit remercié. Son optimisme le pousse à croire une réforme de l’institution possible : qu’il nous soit permis d’en douter, compte tenu de degré de verrouillage qu’il dénonce lui-même.
