Nos coups de coeur
Le dernier Etchegoyen. Poli, léché, prêt à consommer. Il n'y aurait rien à en dire s'il ne parlait de la responsabilité, ce " nouveau principe moral qui caractérise notre époque " et s'il ne cherchait à dégager la dimension philosophique d'une notion dont l'origine est juridique.
Oui, le juridisme est une défaite de la morale quand chacun s'entoure de précautions pour se protéger des responsabilités dont les autres peuvent l'accabler. La morale ne se résume pas au respect des devoirs que la société se donne : répondre de ses choix, quand on s'engage dans l'action, devant ceux avec qui on agit ensemble, c'est cela être responsable.Tout est dit. Presque dit : on regrettera que le lien avec la liberté soit seulement évoqué, alors que la responsabilité sanctionne, nous semble-t-il, sa dimension politique ; on regrettera que, confronté aux vertus, au Petit traité des grandes vertus de Comte-Sponville, " le concept de responsabilité apparaî[sse, aux yeux de l'auteur,] comme une forme de discrimination entre les grandes vertus et leurs mauvais usages ou maladroites interprétations " (p. 174). Était-il vraiment impossible d'avancer plus loin dans le raisonnement et de rappeler la conception qu'Aristote s'était formé de la prudence, cette intelligence de l'action, cette mesure de la vertu ? Il est vrai que cela fait déjà vingt-cinq siècles qu'on a compris que le fondement de la moralité de chaque homme est l'épreuve du réel, l'expérience de son comportement, les réactions de ses proches, la discipline de la responsabilité...A. P.-T.Article paru dans "Liberté Politique" N°1