« Ne vous conformez pas à ce monde présent, mais transformez-vous par le renouvellement de l’esprit » Rm 12,2

Lors, ce que je vois venir, c’est qu’à un moment donné, ce ne sera plus supportable ; à un moment donné tout va exploser et nous serons submergés, décivilisés, anéantis par le tsunami antifamilial, anti-éducatif, anti-national, antisocial, ,mondialiste, amoral , immoral et par la subversion calculée des minorités destructrices financée par la ploutocratie  qui lancent les hordes misérables du « Camp des saints » déferler et brûler ce qu’il reste de la mémoire occidentale ; je vois tout ce qu’on n’a pas voulu ni entendre, ni voir ni donc anticiper. 

Car, « Quiconque laisse paraître quelque réserve sur le changement de peuple et de civilisation, et a fortiori une franche opposition au génocide par substitution, est un homme mort » écrit dans son dernier ouvrage La dépossession Renaud Camus .On en devinait déjà les prémices à la Libération ; de grandes figures ont alerté ; lorsque les prélats et le Pape donnaient de la voix, le monde entier écoutait, surtout les ennemis de l’Eglise (laquelle est devenue un cheval de Troie habité par nombre de ceux-là mêmes qui se sont mus en Préfets en habit violet) qui cherchèrent tous les moyens pour la faire taire (par la mort physique, morale, spirituelle, médiatique…). Et voilà la question lancinante : quel monde allons-nous laisser à reconstruire à nos enfants et petits-enfants quand l’Etat Français servilement manipulé par la nébuleuse oligarchique et globaliste aura rompu toutes les amarres qui leur permettaient naturellement (Dieu, la famille, le village, le travail, la patrie) de grandir et de pérenniser à leur tour la pratique des vertus qu’on leur aura transmises (Fidélité, courage, prudence, charité, justice, force et tempérance). Je médite très souvent cette note d’Emile Masson qu’il avait destinée à ses fils : « Je place les vertus domestiques au sommet de toutes les vertus, en temps de guerre aussi bien qu’en temps de paix. Car c’est au feu du foyer, et non à celui du champ de bataille, que s’épanouit la fleur de l’héroïsme. Il m’a toujours paru qu’il fallait infiniment plus de courage pour élever un homme que pour en abattre dix ».

Tout cela parce que s’il est une chose qui est mal comprise ou étouffée dans l’œuf, c’est bien la générosité. Le propre de l’esprit mesquin, calculateur, est de ne pas pouvoir imaginer la générosité. Le faible peut imaginer ce qu’est la force, le sédentaire peut imaginer le voyage, mais le mesquin ne peut pas imaginer la générosité (les prédateurs qui nous gouvernent distribuent l’argent qui n’est pas le leur non pas généreusement mais vénalement). La générosité, le don noble et gratuit sont au sens propre inimaginables. Ce sont des réalités. Le mesquin ne pouvant imaginer la générosité- mais qui doit bien en constater quelquefois les manifestations-, se trouve obligé par sa tournure d’esprit à supputer des motifs intéressés, sous-jacents aux actes généreux qu’il ne comprend pas. Sa morale s’établit sur la conformité de l’acte à l’utilité. C’est une morale pour laquelle la fin justifie les moyens. (Même chez nous, le ver est dans le fruit). « Ils ont la science, mais une science assujettie aux sens. » (Dostoïevski)

Et pourtant, il faut tout reconquérir. Quand on voit la destruction des paysages, leur profanation, on a vite compris que c’est un enlaidissement de l’âme et un péché contre l’esprit.

Si le monde moderne, après avoir entrepris la destruction de toute forme de pensée métaphysique ou sapientielle, en est venu à détruire, en grand, les paysages naturels (aujourd’hui ce sont les champs d’éoliennes qu’on veut de plus en plus hautes pour voler de plus en plus de vent et notre littoral souffre à son tour un grand remplacement définitivement haïssable…), ce n’est point par hasard. Tout se tient : nos paysages et nos pensées, de même que se tiennent l’irrévérence et la barbarie. Le monde moderne cultive une inimitié farouche pour toute forme de recueillement, d’invitation à méditer ou à se laisser habiter par le mystère. Or les paysages nous recueillent. Nous nous recueillons dans les paysages et nous recueillons en nous, pour les porter dans le secret des âmes et du dire poétique, les paysages. Ce lien, cette concordance, cette correspondance simple, le monde moderne en a horreur. Toute l’énergie qu’il met à constituer une réalité virtuelle tient en cette horreur. Comment comprendre cette horreur ? Mais comme elle fut toujours comprise : comme l’œuvre du Diable, du Diviseur ! De cette force qui divise, qui oppose l’inopposable naturel, le monde moderne a démultiplié les pouvoirs et accouche d’une culture de l’inversion. Nous en sommes là, et au point où cette simple évidence que les pensées naissent de paysages, apparaîtra bientôt comme une chose étrange ou incongrue. Le monde moderne a créé toutes les conditions de déracinements, de déforestation, de destruction du verbe, d’éradication de l’âme des peuples pour mieux laisser la chimère « ravager » nos terres. Il faut reconquérir la fierté et l’humilité pour ne pas laisser l’imposture se « réinventer ». Il faut tout reconquérir ! A commencer par l’unisson. La première liberté humaine, le premier « droit de l’homme » devrait être le droit au silence, qui inclut le droit de se taire et la liberté d’écouter comme la liberté de parler et le droit d’entendre le silence. Tournons-nous vers la Sapience musicale du Moyen âge. Ecoutons Guillaume de Machaut ou Sainte Hildegarde de Bingen (Docteur de l’Eglise), laissons résonner en nous cette prodigieuse méditation sur le son, sur la mathématique et sur la vibration matérielle du son et nous aurons quelque chance de comprendre comment naissent nos pensées, et comment il advient que l’Esprit accomplisse ses œuvres à travers elles.

L’être qui est orienté par le profit, par la conformité sociale s’oppose à celui qui est orienté par la quête de la beauté, de la connaissance. Ce sont ces appartenances secrètes à la matrice artistique, à l’intimité poétique qui déterminent le destin de la personne, bien davantage que les appartenances aux classes sociales, aux masses uniformes gesticulantes, salissantes et aboyeuses qui hantent les nuits des morts vivants, les impostures ecologrettathunbergiennes ,les fêtes des voisins et les laquais de la déculture , de l’  « homo festivus »( Ph Muray) ou tout « auteur » est par définition immoral, car tout ce qui n’est pas vénal est immoral. Le paysage que le poète honore et chante est un point de jonction. Il est à la fois paysage de l’âme et du monde. Se reconnaître dans ce paysage, y célébrer sa présence, y attendre l’épiphanie, c’est bien reconnaître que le site, et par voie de conséquence, l’âme humaine, ne sont pas réductibles au « genre » ou à l’espèce.

 

Ortega y Gasset résume, avec brio, la situation : « On peut facilement formuler ce que notre époque pense d’elle-même : elle croit valoir plus que toutes les autres tout en se croyant un début et sans être sûre de ne pas être une agonie ».

 

Thierry Aillet

 

Ancien Directeur Diocésain de l’Enseignement Catholique d’Avignon