François Billot de Lochner, le président de l’association Stop au porno, publie un DVD documentaire choc : Le tsunami pornographique, le comprendre et le combattre*. Il a bien voulu répondre à nos questions.
Pourquoi attirer ainsi l’attention du public sur ce phénomène ?
Tout simplement parce que la déferlante pornographique constitue, dans une grande indifférence générale apparente, l’un des dangers principaux que le XXIe siècle aura à affronter.
D’un côté, il ne fait plus aucun doute que la pornographie est un drame pour chaque personne et pour la société tout entière. En effet, il est désormais prouvé scientifiquement que la consommation de matériaux pornographiques abîme le cerveau (la dopamine, essentielle pour notre activité primaire, est gravement endommagée par une consommation pornographique outrancière), transforme peu à peu la personne en objet de consommation dont on peut faire n’importe quoi, détruit l’unicité qui fait la beauté de chaque être humain en réduisant celui-ci à un simple objet de jouissance, abîme le si nécessaire lien social entre les personnes, enferme peu à peu le consommateur de matériaux pornographiques dans la simple consommation de plaisirs fugitifs, etc. Ce que je décris là correspond à de très nombreuses études réalisées par des spécialistes en neurosciences, par des psychologues, par des sociologues, par des médecins ou par des formateurs compétents. Les très nombreux témoignages que je reçois révèlent l’ampleur du problème, qui touche toutes les générations, et notamment les enfants, désormais au cœur de la déferlante pornographique.
Cela étant dit, la société tout entière se couche devant un phénomène qu’elle pense immaîtrisable et qui la met profondément mal à l’aise. L’idéologie libertaire est implantée dans nos sociétés à un point tel que toute atteinte présumée à la « liberté » est considérée comme intolérable. Réguler ou interdire la pornographie serait donc insupportable pour nos libertés. Tant pis si la société tout entière, et chaque personne en particulier, se met en grand danger par rapport à ce phénomène.
Emmanuel Macron a fait des déclarations sur ce sujet lors de son discours à l’Élysée à l’occasion de la Journée des violences faites aux femmes, en novembre 2017. La lutte contre la pornographie (notamment sur Internet) faisait partie des préoccupations du gouvernement. Pour vous, Emmanuel Macron n’en a pas fait assez ?
Emmanuel Macron, fidèle à lui-même, a comme objectif unique de communiquer, sans que la moindre action ne suive ses propos. Concernant la pornographie, nous frisons la caricature. La main sur le cœur, il déclare que l’on va voir ce que l’on va voir… sans d’ailleurs préciser vraiment ce que l’on va voir. En même temps, ses ministres tiennent des propos contradictoires sur le sujet, la palme d’or revenant à l’inénarrable Schiappa, qui entend protéger de la pornographie alors qu’elle écrit sous pseudonyme des livres érotiques, et qui décide d’épauler le ministère de l’Éducation nationale en protégeant les jeunes enfants de la pornographie, au moyen de « cours d’éducation sexuelle » dont chacun sait par ailleurs que les « éducateurs » appartiennent souvent à la mouvance LGBT. Si le sujet n’était pas d’une extrême gravité, tant de bêtise de la part de nos dirigeants politiques devrait générer, chez chacun d’entre nous, d’irrépressibles et incontrôlables fous rires. En réalité, depuis des dizaines d’années, la classe politico-médiatique, l’Éducation nationale et le système judiciaire se tiennent les coudes pour promouvoir autant que possible la dérive pornographique de la société tout entière.
Vous parlez de « combattre » le tsunami pornographique : comment ?
Soyons lucides : combattre un tel fléau relève presque de la mission impossible, tant la société tout entière est imprégnée de pornographie. Cela dit, il est hors de question de baisser les bras. Je préside l’association Stop au porno, qui agit sur tous les fronts. En voici quelques exemples.
Nous avons plusieurs procès en cours, dont une action contre le ministère de l’Éducation nationale pour incitation des jeunes à la débauche : nous avons l’intention de multiplier les procès. Il existe tout de même un Code pénal, qui condamne à de lourdes amendes et à des peines de prison tous ceux qui fabriquent, distribuent et promeuvent des matériaux pornographiques. Sur un autre registre, je fais très souvent des conférences en province et interviens régulièrement dans divers médias pour réveiller les consciences, notamment celles des parents qui restent beaucoup trop passifs concernant un sujet aussi grave.
Nous faisons beaucoup de publications sur le sujet de la pornographie depuis plusieurs années, afin que nos lecteurs comprennent que la pornographie est un projet ancien des élites, visant à détruire une société fondée sur des valeurs chrétiennes détestées, et afin de leur donner des clés précises de lutte contre ce fléau. Sur notre site, nous sommes en train de mettre au point une « École des parents » par Internet. Nous venons de créer une cellule d’écoute pour les hommes et les femmes tombant dans la pornographie. J’arrête là cette énumération d’actions que nous faisons, qui montre à l’évidence que nous pouvons agir, en amont et en aval de ce tsunami ravageur.
Nous savons que notre lutte s’apparente à celle du petit pot de terre contre le gigantesque pot de fer : cela nous fortifie dans notre combat, que nous pensons essentiel. À un journaliste qui disait de façon méprisante à Mère Teresa que ce qu’elle faisait s’apparentait à une goutte d’eau dans l’océan, la sainte de Calcutta répondit avec son grand sourire que, sans cette goutte d’eau, l’océan ne serait pas le même.
*pour commander le DVD contre simple participation aux frais de port, www.libertepolitique.com et www.stopauporno.fr
Entretien réalisé par Sabine de Villeroché