Le prochain synode sur la famille aurait dû n’être qu'un évènement important pour la famille : il en est devenu un événement déterminant. Depuis plus d’un an, et parce qu’une première session a rendu des conclusions provisoires, les positions se seraient affirmées et durcies, entre les « progressistes » qui estimeraient que l’Église doit se formater au monde, et donc faire évoluer sa doctrine et sa pastorale en fonction de l’évolution du monde, et les « conservateurs » qui affirmeraient que l’Église doit amener le monde à la vérité de l’Évangile sans que soit altéré son message.
Parler, dans cette affaire, de progressistes et conservateurs est en fait une erreur. Le combat, car c’en est un, qui se joue depuis plus d’un an dépasse assez largement une telle qualification des positions respectives des uns et des autres. En réalité, ces positions sont simples, et peuvent se résumer ainsi : sur les problématiques qui « font débat », à savoir par exemple l’accès à la communion pour les divorcés remariés ou l’union homosexuelle, faut-il suivre exactement ce que nous enseigne le Christ, ou peut-on « nuancer » ses paroles par l’utilisation d’enseignements complémentaires que l’on va « accoler » à ce qu’il dit ?
Par exemple, en réponse à ses disciples qui l’interrogeaient sur l’acceptation du divorce par Moïse, le Christ déclare qu’il ne faut séparer ce que Dieu a uni. Sa position est nette. Cependant, par les Béatitudes, il nous demande d’être miséricordieux. Faut-il conserver en l’état la position claire exprimée par le Christ, ou l’amoindrir par l’instillation d’une certaine miséricorde, qui ouvre la porte à l’interprétation, donc à l’affadissement de l’enseignement initial, et donc à la relativisation de la Vérité ? Or, avec le Christ, la véritable Miséricorde et la Vérité sont toujours intimement liées.
L’Église s’est bâtie sur l’enseignement du Christ, qu’elle a mission d’interpréter en fidélité à la Tradition. Remettre en cause cet enseignement aboutit à l’ébrécher, et donc à fragiliser l’Église elle-même. De surcroît, le faire sur l’un de ses piliers qu’est la famille, c’est-à-dire « l’Église domestique », peut aboutir à son éclatement. À cet égard, le livre lumineux du cardinal Sarah, Dieu ou rien (Fayard), donne des clés de compréhension fondamentales au débat qui s’ouvre actuellement. De leur côté, d’autres prélats, comme le cardinal Burke, dans son livre Entretiens (Artège), ou Mgr Schneider dans le sien, intitulé Le Synode sur la famille en 100 questions (Renaissance catholique), offrent des analyses profondes, argumentées et de grande utilité sur les vrais enjeux du synode.
Ainsi, le synode ne pourra se résumer en un affrontement classique entre conservateurs et progressistes, entre anciens et modernes, entre l’aile souvent qualifiée de moyenâgeuse et l’aile souvent considérée comme marchante. Plus simplement et plus sûrement, Il nous indiquera la façon dont les pères synodaux reçoivent et diffusent l’enseignement du Christ. Il nous dira si cet enseignement peut ou non être relativisé d’une certaine manière, et si Le Chemin et La Vérité définis clairement par le Christ, et qui sont le Christ même, offrent la possibilité de détours imprévus. En réalité, l’enjeu de ce synode dépasse largement le sujet de la famille : il sera déterminant pour l’Église tout entière.
François Billot de Lochner
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