De la guerre en Ukraine à l'affaire de l'avion des joueurs du Paris Saint-Germain, l'actualité, quelle que soit son importance, fait l'objet d'une lecture qui se veut sensationnelle. A l'outrance médiatique, s'ajoute le parti-pris des réseaux sociaux, le tout au service d'une désinformation qu'alimentent les consommateurs.
Le sensationnel comme seule boussole
Rechercher le scandale où le titre qui fait mouche a toujours fait partie du jeu journalistique. A l'heure où l'achat du journal a été remplacé par un clic immédiat et gratuit, cela est encore plus vrai. La retranscription des informations est ainsi profondément bouleversée et subit un processus de simplification. Le conflit ukrainien en est un exemple frappant, l'approche manichéenne de la guerre par la majorité médiatique empêchant une compréhension sereine de la situation. Le résultat produit par un tel biais de lecture est de susciter soit une adhésion totale et bête soit de faire développer une opposition qui, souvent, devient tout aussi caricaturale mais de manière inversée. Dans un registre tout autre, l'affaire des joueurs de football parisiens qui commettent le "crime" de se déplacer en avion, et non en train, créé la polémique. Un scandale né de réactions politiques surjouées pour un sujet finalement peu intéressant.
Une hiérarchisation à la dérive
La recherche du sensationnel vise à attirer le plus de flux possible pour les médias et néglige la hiérarchisation de l’information. La guerre en Ukraine accapare l'actualité internationale reléguant d'autres informations internationales qui ne sont pourtant pas sans importance. La guerre qui se déroule en Arménie est ainsi très peu commentée en comparaison au dernier t-shirt porté par le président Zelensky. Pourtant, les Européens sont concernés par cette guerre et font même des affaires avec l'agresseur azéri vers lequel ils se sont tournés pour compenser la perte du gaz russe...
Dans le cas des footballeurs du PSG, la polémique a été relayée partout dans les médias et sur les réseaux sociaux et a occasionné bien plus d'articles que les accusations de comportements inappropriés à l'encontre de la Fédération de Football dirigée par le socialiste Noël Le Graet. Enfin, le battage médiatique autour des obsèques de la Reine d'Angleterre semble avoir figé l'actualité mondiale, tous les yeux étant rivés vers Londres pour une cérémonie dont l'issue ne laisse pas trop de place au suspens.
Nivellement par le bas
L'absence de hiérarchisation de l'information est alimentée par des commentaires permanents de l'actualité sur les réseaux sociaux, qui participent à l'importance donnée aux sujets et guident en partie les choix éditoriaux. Une alimentation par le bas qui peut permettre de soulever des problèmes que les médias auraient caché (les violences du Stade de France) mais qui mettent aussi en avant des sujets sans intérêt ou presque. Face à l'actualité permanente et aux réseaux sociaux, la prise de recul est salutaire ; l'auteur américain Rod Dreher suggère ainsi des périodes d'ascèse numérique. Si celles-ci sont parfois inconciliables avec nos emplois, une diète d'informations peut néanmoins être observée pour beaucoup ; à minima, une mise en pause des réseaux sociaux ne peut que bénéficier à l'élévation de la pensée ! Ces dernières suggestions ne dispensent cependant pas de lire hebdomadairement les éditoriaux de Liberté Politique !
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