LA GUERRE EST UN FLEAU dont on ne peut maîtriser les conséquences et la durée. Une opération militaire de grande envergure aujourd’hui en Syrie n’est pas une solution acceptable. Des dizaines de milliers de civils seraient aussitôt pris pour cible, déplacés, massacrés au prétexte d’exporter la démocratie.
Depuis plusieurs mois, un conflit dramatique ne cesse de faire couler le sang en Syrie. Cette situation ne peut, et ne doit, nous laisser indifférent. Toutefois, l’éventualité d’une intervention armée de la France, simplement alignée sur les positions américaines, comporteraient plusieurs obstacles importants.
♦ Nul ne peut prévoir les conséquences d’une telle intervention, tant sur la population syrienne que sur la région. La tension est extrêmement vive et des pays tels qu’Israël, le Liban et l’Irak peuvent très rapidement, et d’une manière qui échapperait à tous, basculer dans de nouvelles violences. Le sang coulerait donc et bien au-delà même des cibles visées par les pays occidentaux.
♦ Si tant est que cette intervention réussisse à renverser le régime, il n’en demeure pas moins qu’aucune solution de remplacement n’est aujourd’hui pertinente. Le plan actuel consiste simplement à remettre le pouvoir à une coalition hétéroclite de groupes islamistes radicaux qui se battent déjà entre eux : quel en serait l’avantage décisif pour la population syrienne ?
♦ La France est souveraine et ne doit pas s’aligner systématiquement sur les USA ou le Qatar. Elle n’a pas vocation à participer à un embrasement du Proche et du Moyen Orient. Nous y avons une histoire, des devoirs ainsi que des pays alliés et amis. Nous ne pouvons accepter de participer à ce massacre annoncé, tant d’un point de vue diplomatique que dans un souci d’humanité avec ces populations amies.
♦ Enfin, il parait acquis que le régime syrien doit être remplacé par un véritable gouvernement démocratique et non pas par une dictature des frères musulmans qui eux ne protégeront pas l’équilibre entre les différentes communautés présentes en Syrie. Un changement de pouvoir risquerait de mettre directement en péril ces personnes. Là encore, la tradition française et notre devoir d’humanité nous obligent à une reconnaissance de l’ensemble des équilibres en présence au Moyen Orient.
Appel signé par l'AFSP-Liberté politique, l'Aide à l'Eglise en détresse (AED), le Parti chrétien démocrate (PCD), l'Observatoire de la christianophobie.
Pour en savoir plus, sur Libertepolitique.com :
Le tourisme stratégique des Occidentaux au Moyen-Orient (les critères de la guerre juste appliqués à la Syrie), par Pierre de Lauzun
Si nous essayions de comprendre le problème syrien, par le général J.-G. Salvan
L’espoir d’une évolution post-islamiste en Égypte et l’inquiétude pour la zone Syrie-Liban, par Denis Lensel