Source [Causeur] : Dégraissé jusqu’à l’os par la réforme de Jean-Michel Blanquer, le baccalauréat de français, en classe de première, est désormais une formalité à passer pour avoir la moyenne. Et pour faire de nos élèves de bons citoyens, certains profs oublient la littérature au profit du militantisme. Témoignage.
La réforme du baccalauréat voulue par Jean-Michel Blanquer en 2018 est entrée en vigueur en 2020 pour ce qui concerne l’EAF, entendez les épreuves anticipées de français en fin de première. Celles-ci ayant été annulées en 2020, Covid oblige, je m’apprête à interroger les candidats à l’oral pour la première fois depuis la réforme.
Quelques mots tout d’abord pour présenter cette épreuve orale, destinés à ceux qui voient encore le baccalauréat comme une chose sérieuse. Ils se souviennent peut-être encore du texte littéraire sur lequel ils ont planché dans leur jeunesse, dont il fallait livrer une analyse rigoureuse et précise. L’épreuve est demeurée telle jusqu’en 2020, du moins sur le papier : on a maintenu l’intitulé « analyse de texte », mais sans plus exiger ni rigueur ni précision – et ne parlons même pas de finesse – et les élèves qui se livraient à une paraphrase augmentée de deux ou trois remarques stylistiques s’en sortaient très honorablement, d’autant qu’un entretien sur le texte étudié, consécutif à l’analyse proprement dite, permettait bien souvent d’en pallier les lacunes. L’épreuve traditionnelle perdurait donc, au prix d’une démission générale sur les exigences et après gonflement artificiel des notes par un corps d’inspection dûment mandaté.
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