Notre "décryptage" du Rapport du GIEC sur le réchauffement climatique a soulevé beaucoup d'émotion. Comment peut-on mettre en cause une telle unanimité dans la prise de conscience des dangers que fait courir l'irrespect de l'environnement ? Là n'était pas le sujet.
Oui, le climat se réchauffe, les glaces du Pôle Nord fondent, l'augmentation régulière du gaz carbonique dans l'atmosphère est indubitable. Oui, la pollution industrielle et le consommation à outrance sont des fléaux, et nous nous réjouissons qu'ils soulèvent une légitime désapprobation. Mais l'unanimisme dans la désignation du lien entre les deux (la responsabilité humaine du réchauffement) est plus que suspect. Davantage que les scientifiques, les historiens (qui ne projettent rien) savent que le climat de la Terre est cyclique. Les variations de l'orbite de la Terre autour du Soleil ou l'inclinaison de son axe ont plus de chance d'expliquer les fluctuations climatiques depuis l'ère secondaire que les modèles informatiques qui spéculent sur les effets de serre du gaz carbonique (à plus de 90 % d'origine naturelle).
S'il convient de lutter contre toutes formes de pollution, le refus du débat scientifique (nous y reviendrons) ne sert pas la cause de la protection de l'environnement, et d'une écologie véritablement humaine. Et si on se trompe sur les causes du désordre climatique, comment la nature et les hommes s'y retrouveront ?
Pour éclairer la réflexion sur la méthode d'appréhension du sujet, nous vous proposons cette semaine de revenir avec le Cespas sur le discours de Benoît XVI à l'Académie pontificale des sciences de novembre dernier. Réunis en assemblée plénière, les académiciens avait pour thème de travail "Les prévisions scientifiques : exactitude et limites". Pour demeurer au service de l'homme, la science ne peut s'enfermer dans le déterminisme.
P:first-letter {font-size: 300%;font-weight: bold;color :#CC3300; float: left}LE SCIENTIFIQUE doit "éviter les prévisions inutilement alarmantes lorsque celles-ci ne sont pas étayées par des données suffisantes ou vont au-delà des capacités effectives de prévision de la science". C'est avec ces mots que Benoît XVI s'en est pris, lors de l'assemblée plénière de l'Académie pontificale des sciences, aux "prophètes de malheur" qui ces derniers temps mènent une offensive internationale sans précédent pour annoncer de toutes prochaines situations catastrophiques, environnementales et économiques : d'abord avec le rapport de WWF, ensuite avec le Rapport Stern, et ces jours-ci avec la Conférence de Nairobi sur les changements climatiques.
En fait, le discours du Pape a été un hymne à la science et à son utilité fondamentale pour le genre humain. Dans cette perspective, il a invité les scientifiques à être conscient de leurs limites et à se libérer eux-mêmes des nombreux pièges de la politique et des idéologies, particulièrement florissant ces temps-ci. "L'activité de prévision, de contrôle et de gouvernement de la nature, que la science rend aujourd'hui plus réalisable par rapport au passé, est en elle-même une partie du dessein du Créateur." Toutefois — a ajouté le Pape — "la science, en agissant généreusement, ne peut donner que ce qu'elle doit donner" et "ses conclusions doivent être guidées par le respect de la vérité et par la reconnaissance honnête tant de l'exactitude que des limites inévitables de la méthode scientifique".
Face "aux menaces incessantes contre l'environnement qui frappent des populations entières, et au besoin urgent de découvrir des sources énergétiques alternatives, sûres, accessibles à tous" a-t-il poursuivi, " les scientifiques trouveront le soutien de l'Église dans leurs efforts pour affronter de telles questions", à condition que "la capacité de la science à prévoir et à contrôler ne soit jamais utilisée contre la vie humaine et sa dignité, mais qu'elle soit toujours mise à son service".
Revenant sur les prévisions du futur, Benoît XVI insiste pour dire que "la science ne peut pas prétendre fournir une représentation complète, déterministe, de notre avenir et du développement de chaque phénomène qu'elle étudie". Au contraire, cette voie, qui est celle de l'écologisme dominant, conduit droit vers le totalitarisme ("ouvre la porte à l'exploitation de l'homme" a dit le Pape) parce qu'elle ne reconnaît pas que l'homme est plus que ce que les prévisions scientifiques peuvent dire : "Alors que l'univers physique peut avoir son propre développement spatio-temporel, seule l'humanité, au sens strict, possède une histoire, l'histoire de sa liberté. La liberté, comme la raison, est une partie précieuse de l'image de Dieu en nous et ne peut être réduite à une analyse déterministe."
© Svipop, traduction française Décryptage.
Le Svipop-Sviluppo e Popolazione (Milan), est une publication du Cespas, Centro Europeo di Studi su Popolazione, Ambiente e Sviluppo (Centre européen d'études sur la Population, l'environnement et le développement), co-fondateur avec la Fondation de service politique de l'association pour la Fondation Europa.
Pour en savoir plus :
■ Science et environnement , le discours de Benoît XVI à l'Académie pontificale des sciences
■ "Rapport sur le climat, la grande escroquerie", par Fabrizio Proietti Décryptage, 2 février 2007.
■ Lire de Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire du climat depuis l'an mil (Flammarion, 1993, 287 p., 8,08 €)
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