Après les glorias et les encensoirs, les médias ont lâché les critiques sur le bilan du pontificat de Jean Paul II, dont Benoît XVI fut un des plus fidèles serviteurs. Le théologien Hans Kung, qui a été l'une des figures du concile et de la période post-conciliaire, a publié deux articles particulièrement agressifs dans le Monde et Libération.
Il n'a pas été le seul.
Rappelons l'essentiel qui échappe aux critiques : le concile a été un vigoureux appel à la sainteté. Le mot sainteté est le mot le plus cité du concile. Cette orientation a été totalement reprise par Jean Paul II dans le cadre de la nouvelle évangélisation à laquelle les jeunes et les communautés nouvelles ont adhéré en très grand nombre.
Mais le concile a proposé aussi une forme de compromis avec le monde. Son silence sur le communisme est à cet égard significatif. Cela explique l'interprétation qui en a été donnée. Interprétation que des théologiens comme Hans Kung ont largement contribué a diffuser sous le vocable "d'ouverture", terme qui ne figure pas dans les textes conciliaires.
Deux coups d'arrêts ont été donnés. Le premier en 68 par Paul VI avec Humanae Vitae, qui a valu au pape des accusations ignominieuses sur les murs de Rome comme celle d'être homosexuel, accusation relayée par certains cardinaux... Un second avec la condamnation de la théologie de la libération par Jean Paul II et son ami très proche le cardinal Ratzinger, deux hommes clé de Vatican II.
De ce compromis conciliaire nous ne sommes pas complètement sortis malgré l'immense personnalité du pape polonais. Toute une partie de l'Église vit dans une sorte de schisme intérieur. Du point de vue de la communion de la foi, certains protestants, en particulier certains évangéliques, sont parfois beaucoup plus proches de Rome que les catholiques entre eux. L'appartenance confessionnelle ne recouvre plus une véritable communion de la foi. De nombreux catholiques, même pratiquants, ont pris l'habitude de faire leur marché des articles du credo, triant à leur gré l'acceptable du non-consommable, comme le montre toutes les enquêtes.
L'élection de Benoît XVI intervient sur une Église plus divisée qu'on ne croit, et parfois sur l'essentiel. La personnalité de Jean Paul II masquait pour partie cette situation. Mais malgré les critiques dont il fut l'objet, il était devenu quasi intouchable.
Le prochain pontife est armé pour faire face à cette situation. Jean Paul II était parvenu à se rallier les jeunes et les forces vives du laïcat. À l'agonie, ne disait-il pas encore : "Je vous ai cherchés, vous êtes venus, je vous remercie." Il avait conquis la sympathie des médias. Mais il a peiné à modifier en profondeur l'attitude du clergé et de nombreuses universités catholiques.
La rapide élection de Benoît XVI a manifesté l'unité spirituelle du collège des cardinaux. Mais en bien des lieux, comme en France, l'Église-institution a encore besoin de se renouveler en profondeur. Prions pour celui que les cardinaux "ont envoyé à la vigne du Seigneur".
[19 avril, 20h00]
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