L'illusoire succès des écologistes aux élections européennes

 Une des surprises du récent scrutin européen aura été le succès inattendu de la liste écologiste menée par Yannick Jadot. Avec 13, 5 %, elle arrive en troisième place devançant clairement les Républicains tombés à 8,5 %.

Ce succès a eu des conséquence  sur le rapport gauche-droite, étonnamment déporté vers la gauche alors que chacun s’accorde sur l’idée qu’il y a aujourd’hui plutôt une droitisation de l’opinion.  Le total des formations de gauche (en y incluant En marche) atteint 54,91 % des voix pour seulement 41,84 % pour la droite (et  3,85 %  d’inclassables, tels les animaliers).

Si on recense  les partisans de l’Europe de Bruxelles (LR inclus), on arrive à 58,81 % des voix  contre 35,73 % seulement contre – à comparer aux 55 % de Français qui avaient refusé  le traité constitutionnel en 2005, la  dernière fois  où  on les a consultés à ce sujet. 

Dans les deux cas, c’est le poids du vote écologiste qui fait la différence .

Il est d’autant plus nécessaire de relativiser la portée de ce vote qui fausse l’image de la répartition des forces politiques. 

A toutes le européennes, les écologistes font un bon résultat : 9,72 % en 1999;  7,41 % en 2004  ;  16,28 %  ( c’est Cohn-Bendit qui tire la liste) en 2009 ; 8,95 %  en 2014 - avec plus de 50 % d’abstentions ne l’oublions pas . En revanche leurs résultats aux présidentielles sont généralement décevants:  5,25 en 2001 (candidat :  Mamère) ,  1,57 % en 2007, 2,31 en 2012 ;  pas de candidat en 2017 (ce qui a permis à Macron d’être au second tour). Clairement, les Verts représentent un vote défouloir dans une élection, l’élection européenne, que les Français ne prennent  qu’à moitié au sérieux,  mais dès qu’ils ‘agit de désigner celui qui les dirigera, ils se trouvent relégués au second plan. Il en est de même aux municipales où les Verts représentent une force d’appoint pour la gauche mais dirigent rarement les mairies.

Pas d’autre choix

 Ce n’est pas seulement pour se défouler que les Français ont voté pour les Verts, c’est aussi parce  que certains n’ont pas eu d’autre choix.  Ne voulant pas donner un satisfecit au pouvoir en place, ni voter au extrêmes, déçus par les partis de de droite, il  ne leur en restait  que cette option. Une option qui  semble engager bien peu  : un vote gentil en faveur  de gens qui se préoccupent de l’avenir de la planète et de la défense les petits oiseaux . C’est  généralement  le vote d’une gauche en désarroi . Et parfois même d’une droite tout aussi  perturbée : au dernier scrutin beaucoup de gens qui votaient habituellement LR ont, malgré la bonne mine de  Bellamy , voté vert. Était aussi en course une liste écologiste apolitique , celle du méritant Dominique Bourg,  mais elle n’a attiré que 1,82 % des voix, le vote vert par excellence restant  celui d’Europe Ecologie . Au fond, Jadot , c’est le vote de ceux qui, quoique médiocrement intéressés par le scrutin, n’ont pas voulu s’abstenir.

Pour autant, cet était pas un vote indifférent. C’est délibérément que ceux qui ont voté Jadot, dont beaucoup avaient voté Macron à la présidentielle  se sont détournés de lui. 

Contrairement à ce qu’on a pu dire, ce n’était pas un vote anti-gilet jaune et en faveur de la taxe carbone. Sur les ronds-points le problématique environnementale était présente : personne n’y remettait en cause le réchauffement de la planète, regrettant seulement que le pouvoir  fasse payer les contre-mesures aux classes populaires et pas aux  grandes fortunes. 

C’est en ce sens que le vote vert a été porté par une grande illusion. Loin d’être un  vote gentil, c’est l’appui porté à une idéologie qui recouvre bien plus que le souci de la nature : si Macron est européiste et mondialiste, Jadot est encore plus européiste et encore plus mondialiste, au point que certains soupçonnent  que le thème du réchauffement climatique a été lancé pour favoriser l’établissement d’une gouvernance mondiale. Or, c’est , confusément,le mondialisme que les Gilets jaunes ont rejeté en réclament plus de proximité (le référendum d’initiative  populaire), et une augmentation du pouvoir d’achat (le contraire de la politique d’austérité dictée à Bruxelles). Avec les Verts, ceux qui ont voté contre Macron auront  encore plus de Macron.

Les Verts (au moins ceux d’EELV) sont des idéologues sur  d’autres plans : ultra-libertaires  certains envisagent la suppression de la famille, le retour à l’état sauvage en matière sexuelle. Les catholiques pratiquants, toujours tentés par ce qui  a l’air apolitique,  le savent-ils ? La plupart des écologistes , inspirés par les idées de Bill Gates, sont hostiles à toute idée de politique familiale afin de favoriser la décroissance démographique, l’attrition d’une humanité prédatrice et pollueuse. Hostiles à  tout souci de  perpétuation ou de puissance,  ils ne sont pas effrayés par l’idée d’un grand remplacement  ou d’une immigration de masse. Qu’en suivant cette voie, on assiste au cours des prochaines décennies à la disparition des seuls peuples ( les Occidentaux) qui se préoccupent de l’avenir de la planète, les autres s’en moquant, n’est  pas pour les inquiéter. Étonnamment pour des partisans de la nature, la  plupart sont favorables à la fécondation artificielle et au mariage de même sexe. Même si tous ne sont pas sur cette ligne, le noyau dur de l’idéologie écologiste est  bien un antihumanisme. Le caractère idéologique de l’écologie politique  se voit à son intolérance : alors  qu’une question comme celle du réchauffement  climatique devrait rester  ouverte  à un débat scientifique serein, elle ne donne lieu plus lieu chez eux et ailleurs qu’à des anathèmes haineux.

Aujourd’hui hui les Verts sont euphoriques. Ivre de son succès, Jadot a dit se désintéresser d’avenir de la gauche, suscitant la réaction de Noël Mamère, l’homme la vieille  garde gaucho-écolo, premier maire de France à avoir  célébré un mariage homosexuel, alors illégal. Le plus probable est qu’aux prochaines municipales, face à un parti socialiste en perdition, les écologistes tenteront de se présenter sous leur propre enseigne. C’est alors que les déconvenues pourraient venir.

 Roland HUREAUX