Cérémonie très attendue par le corps diplomatique, les vœux du pape sont l'occasion pour Jean Paul II de livrer chaque année sa synthèse personnelle sur "l'état du monde". Un discours prononcé en français, adressé par l'intermédiaire des diplomates à "presque la totalité des peuples de la terre", et ouvert aux graves problèmes qui agitent l'humanité, aux fléaux qui l'accablent - cataclysmes, guerres – "mais aussi avec les espérances toujours vives qui [les] animent".

 

"Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien", c'est le leitmotiv pontifical pour cette année 2005,' tel que le Saint-Père l'a formulé dans son Message pour la Journée mondiale de la paix. Un leitmotiv qui se décline en quatre grands défis : la vie, la faim, la paix, la liberté.

 

Le premier grand défi est le "défi de la vie" : "L'Église annonce l'Évangile de la Vie. L'État a pour tâche primordiale la protection et la promotion de la vie humaine. [...] Soutenue par la raison et par la science, la position de l'Église est claire : l'embryon humain est un sujet identique à l'enfant qui va naître et à celui qui est né, issus de cet embryon. C'est pourquoi rien de ce qui en viole l'intégrité et la dignité ne peut être admissible sur le plan éthique. De même, une recherche scientifique qui réduit l'embryon à un objet de laboratoire n'est pas digne de l'homme."

 

Par ailleurs, "le défi de vie se manifeste dans... la famille. Elle est aujourd'hui souvent menacée par des facteurs sociaux et culturels qui, en faisant pression sur elle, en rendent la stabilité difficile. Dans certains pays, la famille est aussi menacée par une législation qui porte atteinte - parfois même directement - à sa structure naturelle, qui est et qui ne peut être qu'une union entre un homme et une femme, fondée sur le mariage".

 

Le deuxième défi est celui de la faim : "Rendue merveilleusement féconde par son Créateur, la terre possède des ressources abondantes et variées pour nourrir tous ses habitants, présents et à venir. Malgré cela [...] des centaines de millions d'êtres humains souffrent gravement de malnutrition, et, chaque année, des millions d'enfants meurent à cause de la faim ou de ses conséquences". Beaucoup a été fait, "mais cela ne suffit pas, [...] une forte mobilisation morale de l'opinion publique et plus encore des responsables politiques s'impose, surtout dans les pays qui ont atteint un niveau de vie satisfaisant et prospère".

 

Quant au défi de la paix, le Saint-Père a redit son indignation : "Combien de guerres et de conflits armés y a-t-il encore, que ce soit entre États, entre ethnies, entre peuples et groupes vivant sur un même territoire national ! D'une extrémité du globe à l'autre, ils font d'innombrables victimes innocentes et ils sont source de tant d'autres maux !"

Contre ces maux tragiques, auquel "s'ajoute le phénomène cruel et inhumain du terrorisme, fléau qui a atteint une dimension planétaire inconnue des générations précédentes", le même remède est inlassablement rappelé par le Saint-Siège :

"À la volonté de puissance on doit opposer la raison. "

 

Le défi de la liberté, lui, est une priorité dont le pape a rappelé combien elle lui est chère, "en raison de l'histoire même du peuple dont je viens". Pour Jean-Paul II s'adressant aux diplomates et aux États du monde, la liberté est avant tout un droit de l'individu, mais "la liberté des États est aussi sacrée car ils doivent être libres, et c'est avant tout afin de pouvoir s'acquitter de manière appropriée de leur devoir primordial de protéger, outre la vie, la liberté de leurs citoyens, dans toutes ses justes manifestations."

 

Comment se structure la liberté ? "Au plus intime de la liberté humaine se trouve le droit à la liberté religieuse, parce qu'elle touche à la relation la plus essentielle de l'homme : la relation avec Dieu." Or la liberté de religion demeure dans de nombreux États un droit qui n'est pas suffisamment reconnu ou qui ne l'est pas de manière appropriée, c'est pourquoi le Pape veut faire retentir à nouveau l'appel que l'Église a déjà maintes fois exprimé: "Il faut que partout sur terre la liberté religieuse soit garantie par une protection juridique efficace et que soient respectés le devoir et le droit suprêmes qu'ont les hommes de mener librement leur vie religieuse dans la société."

 

Un rappel qui est aussi une occasion d'aborder le lancinant problème de la laïcité : "On ne doit pas craindre que la juste liberté religieuse limite les autres libertés ou nuise aux relations au sein de la société. Bien au contraire, grâce à la liberté religieuse, se développe et s'épanouit toute autre liberté... On ne craindra pas non plus que la liberté religieuse, une fois reconnue à l'Église catholique, empiète sur le champ de la liberté politique et des compétences spécifiques de l'État : l'Église sait bien distinguer, comme il est de son devoir, ce qui est à César et ce qui est à Dieu".(Avec VIS.)

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