Le titre claque comme un coup de fouet sur nos bonnes consciences endormies. On en sort sonné. Le film de Wajda a la magistrale tenue de La Chute (Oliver Hirschbiegel). Beauté des images, des acteurs et actrices aux visages naturels et purs. L'émotion se lit à livre ouvert dans ces yeux candides, apeurés ou pleins de résolution.
Le mensonge est énorme. Insoutenable. Des deux côtés, allemand et russe, il y a brutalité, cruauté, arbitraire et mépris de la personne humaine. Mais le mensonge est stalinien, le mensonge est communiste, et il résonne sans fin, en propagande incessante aux oreilles blessées des parents de victimes qui, elles, savaient...
Certains officiers polonais ont survécu au massacre en passant à l'ennemi de l'Est. Pardon, en faisant allégeance aux libérateurs . Ils accréditeront le mensonge qui ne coûte rien. Celui qui attribue aux précédents occupants, les Allemands, cet immense crime : plus de 2000 officiers polonais, l'élite du pays et de l'armée, froidement assassinés d'une balle dans la nuque et jetés encore chauds dans une fosse commune aussitôt comblée de terre par les bulldozers afin que rien n'en demeure.
Pire, ils utiliseront ce crime incessamment rappelé pour attiser la haine et envoyer se faire tuer au front ce qu'il reste de soldats polonais.
Une femme de général n'accepte pas le mensonge. Un des officiers qui a menti se suicidera, tué par son mépris. Un tout jeune homme refuse de se rétracter. Il sait que son père a été tué en 40 par les soviétiques et non en 43 par les nazis. Il arrache les affiches qui mettent en scène l'imposture. Il mourra écrasé par la police aux ordres des soviets alors même qu'il se croit sauvé par une jeune fille dont la beauté vient de le foudroyer de joie...
La sœur d'un disparu vend ses longs et magnifiques cheveux blonds pour acheter une pierre tombale à son frère. Mais sur la pierre figure la date fatidique : 1940. Elle sera arrêtée et exécutée. La pierre tombale sera fracassée par les hommes de main du régime.
C'est la chute du Mur et l'ouverture consécutive des archives du Kremlin sur cette période qui a permis de savoir la vérité.
Wajda et tant d'autres orphelins de guerre savaient. Mais qui les aurait crus ?
Nos écrivains les plus connus de l'après guerre, nos quotidiens les plus prestigieux ne répétaient ils pas à l'envie que le communisme était un bel idéal, même si Staline était, bien sur, un peu autoritaire. Même si Mao, même si Pol Pot....
Le dépeçage de la Pologne, sur lequel s'ouvre le film, entre Hitler et Staline, les deux tortionnaires rivaux mais amis de 1939 à 1941, fut un des secrets les mieux et des plus longtemps gardés en France par un Parti communiste vigilant.
Et Dieu sait combien de mensonges ont été mis en place aussi soigneusement, aussi machiavéliquement que celui de Katyn pour dissimuler cette période honteuse de collaboration des communistes russes et français avec les nazis.
Ils viendront tous au jour. L'opération vérité ne fait sans doute que commencer.
Que ce très beau film ne soit programmé a Paris que dans deux ou trois salles confidentielles peut en tout cas le laisser penser.
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Katyn, d'Andrzej Wajda
Le site officiel
Les salles ***
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