source[Causeur.fr]Entretien avec le directeur du département Opinion publique à l'IFOP.
Causeur. Votre livre évoque la « communauté catholique », comme il existe des communautés maghrébine et asiatique en France. Cela signifie-t-il que les catholiques ont conscience de ne plus former la majorité culturelle du pays ?
Jérôme Fourquet. Les catholiques se considèrent en effet comme une minorité parmi d’autres dans une société massivement déchristianisée, dont les mutations anthropologiques (loi Taubira, voire bientôt PMA et GPA ?) les heurtent profondément. Jusqu’au mariage pour tous, ils se sentaient protégés par une espèce de droit d’aînesse, mais la loi Taubira leur a fait prendre conscience des conséquences de leur statut minoritaire. En dépit de leur mobilisation massive, ils n’ont pas réussi à faire reculer la gauche au pouvoir. En cela, la Manif pour tous (2013) est l’antithèse de la mobilisation pour l’école libre (1984), qui avait obtenu gain de cause.
Pourtant, la déchristianisation de la société ne date pas d’hier : dès le début des années 1960, juste avant le concile Vatican II, seulement un tiers des Français déclarait aller à la messe tous les dimanches. En 2012, ce chiffre était descendu à 6 %, signe d’un basculement culturel et sociologique majeur.
Les cathos sont fortement divisés.
À mesure que la société se déchristianise, son noyau catholique semble de plus en plus s’engager. Ainsi, le PACS (1997) n’avait soulevé aucune mobilisation massive alors que le mariage pour tous (2012-2013) a cristallisé l’opposition de centaines de milliers de catholiques. Comment expliquez-vous ce réveil ?
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