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En France, nous n’avons pas Elon Musk, mais nous avons Bolloré et Hanouna. Cela suffit pour susciter l’ire des médias centraux. Qu’il s’agisse de Twitter ou de TPMP, la démocratie serait en péril des deux côtés de l’Atlantique au prétexte qu’il y a un début de commencement de pluralisme dans l’information mainstream.
Je confesse avoir du mal à savoir ce que je dois penser d’Elon Musk. Transhumaniste fanatique, le mec est aussi brillant, visionnaire et, plus important encore à mes yeux, drôle. Chez lui l’idéal techniciste est contrebalancé par un fond conservateur. C’est un libertarien, donc un homme qui se méfie à raison de l’État et dont l’individualisme forcené n’oublie pas – comme tous les authentiques libéraux, mais il y a bien sûr beaucoup à redire sur ce point – l’éthique de responsabilité. Tandis que le capital fusionne avec le progressisme, Nike étant par exemple à la pointe du projet multiculturaliste, Musk appelle à détruire le wokisme et, cas rares parmi les tycoons de l’économie mondialisée, soutient le GOP, le Grand Old Party, y compris sous sa forme trumpienne. Musk a toujours inquiété la Silicon Valley à cause de son profil de franc-tireur ; il était admiré, craint et moqué ; mais son incroyable réussite étouffait les critiques de ses opposants.
Musk en chevalier blanc de la liberté d’expression
En décidant d’acheter Twitter, Musk a déclaré la guerre à ces derniers. Il a dépensé plus de quarante milliards de dollars dans cette opération pour des raisons idéologiques : authentique démocrate, lui, il estime à juste titre que la démocratie doit être un débat où toutes les opinions doivent pouvoir s’exprimer. Aux citoyens de faire, ensuite, en conscience, sans le tamis de la « pédagogie », les choix qui modèlent la société. On voit bien en quoi cette conception est insupportable aux yeux des progressistes qui pensent, eux, que la volonté populaire doit être régulée par des principes « humanistes », une morale de Bisounours et des lois qui limitent sans cesse davantage la liberté d’expression – enfin, celle de leurs adversaires.
Pour diriger les masses occidentales, le progressisme s’appuie d’abord sur les médias ; sociologie aidant, les journalistes sont, partout dans le monde supposément libre, les prêtres les plus sûrs de l’Église du Progrès. Ils nomment « décryptage » la lessiveuse idéologique dans laquelle ils font entrer le réel ; ils appellent « polémique » la prise en compte de ce dernier et « dérapage » les propos qui s’écartent de leurs dogmes. Internet est venu contester leur omnipotence. C’est pourquoi ils soutiennent frénétiquement, eux qui n’ont pourtant que la « liberté » à la bouche, la censure. Plus récemment, ils ont inventé les fake news, ces nouvelles le plus souvent moins fausses que rétives au récit du monde – au narratif, comme il disent – qu’ils promeuvent et qui traduit leur vision du monde, qu’ils jugent incontestable. Hier, contre leurs ennemis, ils pratiquaient la reductio ad hitlerum ; aujourd’hui, ils les nomment « complotistes ». Ce glissement traduit la soumission totale du politique au médiatique. Pour eux, l’idéologie est une affaire réglée ; ce sont les mots qui la disent qui, seuls, peuvent encore être, sous certaines conditions – de plus en plus strictes – l’objet d’affrontements. L’étape suivante, c’est l’annihilation de ceux qui refusent le progressisme – des lois permettent déjà de les tuer socialement et économiquement.
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