François et l’islam : le berger et les loups

[Source: Nouvelles de France]

Guide spirituel et moral d’un milliard deux cent millions de personnes, le Pape François  est un acteur incontournable du monde contemporain.  Mais, son attitude vis-à-vis du monde musulman – particulièrement dans les relations que ce dernier entretient avec le monde chrétien – suscite des interrogations croissantes.

Guerre juste : que diable attend le Pape ?

Le Saint-Père ne manque pas d’alerter la communauté internationale quant à la persécution dont sont victimes les chrétiens en Irak et en Syrie, ni d’appeler régulièrement à la prière pour que Dieu mette fin à leur calvaire. Mais le Souverain pontife tergiverse dès qu’il s’agit d’appuyer la seule solution matérielle qui s’impose, à savoir une intervention armée contre Daesh.  Interrogé sur la nécessité d’une telle opération, le Pape François s’est contenté de déclarer à la presse en août 2014 : « je peux seulement dire qu’il est licite d’arrêter l’agresseur injuste. Mais je souligne le verbe “arrêter”! Je ne dis pas “bombarder” ou “faire la guerre”… Je dis “l’arrêter” ! » (1)  Certes, nul ne reprochera au Pape de ne pas avoir mémorisé Clausewitz, mais comment ne pas demeurer dubitatif face à cette proposition d’arrêter un ennemi armé sans pour autant lui livrer bataille ?  Que propose le Saint-Père ? Creuser une tranchée autour du califat en espérant que les djihadistes n’oseront pas la franchir ? Si le pape saint Pie V s’était embarrassé de telles précautions face à l’invasion ottomane qui menaçait l’Europe en 1571, il est probable que les hommes d’Ali Pacha auraient  célébré promptement l’Aïd-el-Kébir dans les appartements pontificaux  et qu’à l’heure actuelle le siège temporel de la Papauté se trouverait loin du Tibre, quelque part entre le Rio Grande et le Rio de la Plata. Lorsque saint Pie V envoya don Juan d’Autriche et sa flotte défaire l’envahisseur turc les conditions d’une guerre juste étaient  réunies, elles le sont également aujourd’hui face aux troupes d’Abou Bakr al-Baghdadi (2). Faudra-t-il que le dernier chrétien d’Irak soit supplicié pour que le Pape – si actif sur le dossier cubain – se résolve enfin à user de son prestige pour contraindre les grandes puissances à une intervention au sol ?

Europe : l’accueil à tout prix ?

Les errements de la politique vaticane ne se limitent pas hélas à la rive orientale de la  Méditerranée. Alors que l’Europe est depuis quelques mois régulièrement endeuillée par des attentats perpétrés au nom de l’Islam le Pape François ne cesse d’inviter les pays européens à ouvrir sans restriction leurs frontières aux « réfugiés », y compris musulmans. Le Saint-Père n’aurait-il pas pris conscience de l’ampleur historique du phénomène migratoire que nous vivons ? Rien n’est moins sûr puisque le Pontife romain n’a pas hésité à affirmer devant des « cathos de gauche » reçu par lui au Vatican que l' »on peut parler aujourd’hui d’invasion arabe. C’est un fait social » (3). Cette remarque a toutefois immédiatement été suivie par une autre qui se voulait rassurante cette fois « Combien d’invasions l’Europe a connu tout au long de son histoire. Elle a toujours su se surmonter elle-même, aller de l’avant pour se trouver ensuite comme agrandie par l’échange entre les cultures »(4). Venu du bout du monde, le Pape François ignore peut-être que si l’Europe a effectivement survécu aux invasions musulmanes c’est parce qu’elle les a énergiquement repoussées  à Poitiers à 732, à Vienne en 1529 et en 1683 et à Lépante en 1571. Certes, à l’exception de quelques terroristes, les « envahisseurs » de 2016 ne sont pas armés comme l’étaient les vaincus de Poitiers. Mais une Europe frappée par un taux de chômage endémique et une crise identitaire, réalités qui ne peuvent échapper au Saint-Père, a-t-elle les moyens d’accueillir des millions de personnes, poussées par la guerre ou la nécessité économique, mais dont tout indique qu’elles ne sont pas prêtes à adopter les us et coutumes des peuples qui les accueillent ?  Cette question n’est pas subsidiaire, elle est même essentielle selon saint Thomas d’Aquin, docteur de l’Eglise, qui enseigne que l’accueil de populations étrangères est conditionné par le Bien commun des nations à qui est demandée – et non pas imposée – l’hospitalité (5).

Avant de lier de pesant fardeaux et de les soumettre aux épaules des Européens (Mt, 23, 4), le Saint Père ferait bien de méditer l’appel de son frère dans l’épiscopat, l’archevêque de Mossoul en Irak, Mgr Amel Nona, qui avertissait ainsi les Européens lors d’une entrevue accordée au Corriere della Serra , le 14 août 2014 : « Nos souffrances d’aujourd’hui constituent le prélude de celles que vous Européens et chrétiens occidentaux subirez aussi dans un proche avenir (…) vous accueillez dans vos pays un nombre toujours plus grand de musulmans. (…)  Si vous ne le comprenez pas à temps, vous deviendrez victime de l’ennemi que vous avez accueilli chez vous ».  Les tristes prédictions de l’archevêque de Mossoul se sont hélas déjà confirmées avec les attentats perpétrés à Paris et Bruxelles, lesquels ont été facilités par les flux migratoires récents d’après les sources policières (6). Un risque dont le Saint-Père avait conscience, sans en tirer toutefois les conclusions que la prudence imposait (7).

Quid de l’évangélisation des musulmans ?

Enfin, dernière source de perplexité, si ce n’est de scandale eu égard la mission, d’abord spirituelle, qui est celle du successeur de saint Pierre : l’abandon des hommes et des femmes égarés par l’Islam. Qu’attend le Pape François pour demander à son clergé et aux fidèles laïcs, d’entreprendre l’évangélisation de ces populations, dans les pays où la loi islamique n’interdit pas de le faire ? Prévoit-il de lancer ses filets quand l’Islam sera devenu majoritaire en Europe occidentale, ce qui est déjà le cas dans certains quartiers des grandes villes du continent ? Il sera alors bien tard, car l’histoire et l’actualité nous enseignent, sans l’ombre d’une exception, que la chrétienté est  vouée à la dhimmitude ou à la disparition partout où l’Islam s’impose (8). Malgré tout, des musulmans se convertissent, grâce notamment à l’action courageuse de prêtres ostracisés par leur hiérarchie comme l’abbé Guy Pagès… Le Pape des périphéries ignore-t-il que ces néophytes trouvent souvent des communautés chrétiennes indifférentes voire embarrassées par leur présence ? (9) Pourquoi cette attitude de la part de nombreux catholiques ? Par lâcheté peut-être, par égoïsme probablement. Mais certainement aussi en raison du choix « pastoral » obstiné du Vatican en faveur du dialogue « interreligieux », au détriment de l’apostolat. Les salutations du Souverain pontife à l’occasion du Ramadan, ses visites répétées dans les mosquées, et maintenant sa décision de laver les pieds d’immigrés musulmans lors du Jeudi saint – privilège inouïe que le Christ a réservé à Ses apôtres – entretient chaque jour un peu plus la confusion sans pour autant apaiser les fanatiques.  Chrétiens et musulmans auraient-ils le même Dieu ? N’est-il plus nécessaire de suivre le Christ pour accéder au salut ? Les paroles de Jésus sont cependant sans ambiguïté : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14, 6). Laisser les musulmans dans l’ignorance de la Bonne Nouvelle contredit la Miséricorde dont le Saint-Père vient pourtant de décréter l’année jubilaire. Pire, c’est faire fi de l’ordre donné par Notre-Seigneur à Ses Apôtres : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28, 19).

Encensé par les grands de ce monde, porté aux nues par les médias, le Pape François est rattrapé par l’Histoire, laquelle est souvent tragique. Saura-t-il lire les signes des temps (10), expression chère au Concile Vatican II , et se saisir de la crosse du pasteur que la Providence lui a confiée ? Espérons-le de tout cœur, car le loup est déjà dans la bergerie…

 

Notes :

(1) propos cités notamment par Jean-Marie Guénois dans la version numérique du Figaro du 19 août 2014.

(2) Ces dispositions, au nombre de quatre, sont rappelées par l’article 2309 du catéchisme de l’Eglise catholique promulgué par Jean-Paul II en 1992 : « que le dommage infligé par l’agresseur à la nation ou à la communauté des nations soit durable, grave et certain, que tous les autres moyens d’y mettre fin se soient révélés impraticables ou inefficaces, que soient réunies les conditions sérieuses de succès » et « que l’emploi des armes n’entraîne pas des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer. »

(3) http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/conversation-politique-avec-le-pape-francois-02-03-2016-71086_16.php

(4) Ibidem

(5) Somme théologique, I-II, Q. 105, art. 3

(6) http://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/attaques-du-13-novembre-a-paris/enquete-sur-les-attentats-de-paris/attentats-de-paris-un-terroriste-a-voyage-parmi-un-groupe-de-migrants_1178923.html

(7) http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150914.REU3478/le-pape-parle-du-risque-d-infiltration-de-migrants-terroristes.html

(8) on pense à la chrétienté du Magreb – dont la plus éminente figure demeure saint Augustin – qui a presque totalement disparue suite à la conquête arabe.

(9) Une expérience douloureuse, racontée nnotamment par Joseph Fadelle, dans son récit autobiographique  « Le prix à payer », publié en 2010 par L’Oeuvre Editions.

(10) Selon l’index mondial 2016 des persécutions des chrétiens dans le monde, dressé par l’association Portes Ouvertes, 9 des 10 pays où les chrétiens subissent les pires persécutions sont musulmans.