[Source: Boulevard Voltaire]
Né de la Manif pour tous, le mouvement Sens commun s’est créé au sein de l’UMP pour peser sur ses choix et influencer ses dirigeants et candidats. Tenant de valeurs humaines fortes, modérément libéral en économie, plutôt eurosceptique, Sens commun revendique 9.000 adhérents, ce qui constitue une jolie performance. Reste à déterminer quelle est son influence réelle.
Sens commun, c’est la bourgeoisie catholique conservatrice qui pense peser sur les choix d’un parti eurobéat, libéral, libertaire, sans colonne vertébrale, sans philosophie politique ni anthropologie.
Sens commun, ce sont aussi des jeunes courageux affirmant leurs convictions face aux requins de la politique. C’est un mouvement qui inspire de la sympathie, une large adhésion, du respect et du scepticisme : qui peut prétendre changer quoi que ce soit au sein d’une telle machine électorale ? Mais il a le mérite d’exister et, finalement, comme il est facile de critiquer, nul ne peut leur reprocher l’expérience qui mérite d’être menée.
L’annonce par Le Figaro de la création d’un collectif Horizon en vue des primaires de l’UMP appelle néanmoins quelques questions. Pour quoi faire ? Horizon est une réunion de l’UNI – syndicat étudiant -, de Sens commun et de la Droite forte de Guillaume Peltier et Geoffroy Didier. Or, ces deux derniers n’inspirent pas une confiance innée.
Du MPF de Philippe de Villiers en passant par le FN, Guillaume Peltier a échoué à l’UMP au terme d’un parcours qui suscite des questions sur la constance de ses opinions. Geoffroy Didier – candidat à la primaire – est un avocat ambitieux qui souhaite incarner la relève et « mettre fin à l’entre-soi des professionnels de la politique ». On a entendu ce genre de propos des centaines de fois. Cela ne l’empêche pas de prendre tous les postes disponibles et de se placer dans l’organigramme du parti. Ni de se montrer d’une rare agressivité envers tous ceux qui refusent la fatalité et cherchent, au FN, à DLF ou ailleurs, des solutions alternatives à la politique menée depuis 1974.
Geoffroy Didier est, par ailleurs, favorable au mariage homosexuel, dont on rappellera qu’il est à l’origine de la création de… Sens commun qui s’y oppose !
Pas d’ennemis à droite, direz-vous. À condition de s’entendre sur ce qu’il faut appeler la droite. Le manifeste du collectif Horizon est de droite, intéressant et frappé au coin du bon sens. Il n’a rien à faire à l’UMP.
Les 27, 28 et 29 mai prochains, Robert Ménard organise à Béziers des journées de la droite. Sans exclusive, sans anathème, dans le but de travailler ensemble à l’élaboration d’un vrai programme de redressement national.
Y verra-t-on Sens commun, l’UNI, La Droite forte et tous les autres ?
Leurs contributions sont indispensables au débat : non seulement ils ont quelque chose à dire, mais encore cela leur permettra de prouver leur volonté, sans arrière-pensée électoraliste, de travailler à un seul objectif : le bien commun français. C’est là qu’il faut aller : l’union de la droite se fera dans cette « zone grise » inter-partisane qui n’attend qu’un chef et, surtout, un vrai programme.
Mais d’ici là, qu’on nous permette de nous interroger sur cette curieuse alliance de la carpe et du lapin qui, soyons honnête, déçoit de la part de Sébastien Pilard et Madeleine de Jessey.
François Teutsch
Avocat
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