Comment aborder le défi que représentent ces nouveaux flux migratoires ? Le sociologue Jean-Pierre Le Goff s'inquiète du basculement de la politique dans la culture de l'émotion et de l'immédiateté.
« Plutôt que de nous sentir “coupables”, la question est de savoir si nous sommes prêts à affronter le mal à sa racine en traitant les causes qui provoquent ce flux d'immigration et en premier lieu la guerre et la barbarie dont l'État islamique et les groupes terroristes sont responsables et coupables. Si la réponse militaire n'est pas la seule, elle n'en est pas moins une condition première et indispensable à tout règlement. Ce combat-là ne relève pas de l'indignation et de la morale, mais de la politique et de l'action militaire sur le terrain. Sommes-nous prêts avec d'autres à en payer le prix ?
La réponse ne me paraît pas aller nécessairement de soi dans une société marquée par un certain pacifisme et un angélisme que le 11 janvier a ébranlés mais qui n'ont pas pour autant disparu. Les images, l'émotion et la morale réduite à l'indignation et aux bons sentiments sont devenues les modes d'expression d'une société qui a perdu le sens du tragique et de l'histoire, en croyant vivre à l'abri des désordres du monde. Une partie de la société et de la classe politique n'entendent pas vraiment remettre en cause cette illusion. Qui aura le courage de trancher et de faire des choix clairs et cohérents ? »
Source :
Propos recueillis par Vincent Tremollet de Villers dans le Figaro (4 sept. 2015).
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