Baskhan Magamadov : Les affrontements entre les Tchétchènes et les trafiquants de drogue à Nice

Source [tergam.info] Entretien avec Baskhan Magamadov, président de l’Union des Tchétchènes et Ingouches des Alpes Maritimes, sur les événements qui ont eu lieu dans le quartier Saint-Roch de Nice.

“Tergam” : As-salamou aleykoum. Aujourd’hui, les Tchétchènes de France sont préoccupés par la situation qui s’est développée à Nice, où notre communauté a été confrontée à des gangs de trafiquants de drogue. Pouvez-vous nous dire ce qui se passe réellement ?

Baskhan : Wa aleykoum salam. Il y a quelques jours, des tirs ont eu lieu dans le quartier de Saint-Roch, quartier résidentiel de Nice, pas loin de l’arrêt Saint-Charles, où vivent de nombreuses familles tchétchènes notamment. Deux jeunes tchétchènes ont été blessés par balles. Comme il s’est avéré plus tard, les tireurs étaient des trafiquants de drogue locaux, qui étaient particulièrement actifs depuis le début de la mise en confinement, – comme disent les habitants, une centaine de personne se rassemble tous les jours pour acheter de la drogue. Le trafic de drogue se déroule ouvertement, en plein jour, devant tout le monde, y compris les femmes et les enfants. Tout cela, naturellement, a provoqué la colère légitime des habitants de l’immeuble. Selon certains témoins l’un des blessés avait demandé aux trafiquants de cesser le trafic de drogue, et le second était une victime accidentelle.

La majorité des Tchétchènes prennent toujours soin de leurs familles et de leurs enfants et n’acceptent pas d’injustices. Nous sommes venus ici en France pour pouvoir vivre paisiblement, travailler, élever nos enfants, les éduquer et inculquer la culture. Evidemment, il était difficile pour les Tchétchènes de supporter tout ce bazar, l’espoir était que les autorités prennent des mesures et rétablissent l’ordre.

Cette fusillade a été la dernière goutte. Nos compatriotes, se rendant compte qu’à tout moment leurs femmes et leurs enfants peuvent être victimes d’une balle perdue, sont sortis et ont simplement chassé les revendeurs et leurs clients. Les Tchétchènes y ont accroché une affiche indiquant que «le réseau est fermé définitivement» et ont fait du piquetage dans la rue pour empêcher le retour des criminels. Ceci, bien sûr, est le comportement noble et courageux de nos frères, et nous les saluons et prions pour eux.

“Tergam” : Le trafic de drogue est-il si ouvert dans tout Nice ?

Baskhan : Ce type de criminalité ne fleurit que dans les zones dites « sensibles », les cités HLM. Et la plupart de nos compatriotes vivent précisément dans ces zones. Evidemment, le trafic de drogue, mené en plein jour, provoque l’indignation, de plus, il a un effet dévastateur sur la jeune génération. Nous réprimandons toujours les parents dont les enfants ont choisi le mauvais chemin, mais vous ne pouvez pas ignorer l’impact négatif que les enfants de ces quartiers souffrent du trafic de drogue sous leurs yeux, jour et nuit, sous les fenêtres et dans les aires de jeux.

“Tergam” : Et comment les autorités réagissent-elles à tout cela ?

Baskhan : Comme nous le savons, le Président de la République a annoncé il y a quelque temps un programme visant à rétablir l’ordre et la sécurité dans les quartiers «difficiles». Mais pour le moment les résultats de ce programme à Nice ne sont pas visibles.

D’après ce que disent les témoins, les policiers qui sont arrivés après le « nettoyage » du point de vente de la drogue par les Tchétchènes, après avoir appris d’eux ce qui s’était passé et pourquoi ils se tenaient dans la rue, les ont remerciés et ont dit qu’ils avaient « beaucoup de travail » et sont partis. Il ont abandonné les Tchétchènes contre les trafiquants de drogue.

Après ce « balayage », des messages avec des menaces sur les murs ont commencé à apparaître dans le quartier, et pendant deux nuits consécutives, les trafiquants ont mis le feu à des voitures – une démonstration habituelle de l’indignation des racailles …

“Tergam” : Et comment ont réagi les médias de la ville ? Nous n’avons pas encore vu quelconque information de leur part à ce sujet.

Baskhan : Étonnamment, les médias locaux ignorent encore complètement tout ce qui se passe. La presse locale n’a pas publié un seul article à ce sujet. Les habitants du quartier disent que les journalistes ont promis de venir, mais ne sont jamais arrivés.

Pourtant la situation devient de plus en plus intense.

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