Source [Le Salon Beige] D’un lecteur, Thomas Jane :
Jacob Rees-Mogg vient tout juste d’être nommé Leader de la Chambre des Communes et Lord président du Conseil privé de la Reine. Il était surnommé au Parlement « l’honorable membre du XVIIIesiècle » – en France, nous dirions qu’il appartient pleinement au XVIIe, au Grand siècle des âmes.
Dans une vidéo des plus remarquables, celui que LifeSiteNews présente comme allant à la messe en latin (et qui s’est de fait marié au cours d’une messe Novus Ordo en latin), rend, face à des journalistes, un témoignage des plus brillants, cohérents, et puissants au Christ, à l’Eglise, à l’Evangile.
Rees-Mogg est amené à parler du Brexit, puis du “mariage” homosexuel, puis de l’avortement. Il tient les journalistes en échec. Ses positions sont claires, nettes, sans ambiguïté, respectueuses… et catholiques. Les catholiques qui sont français, et l’Eglise qui est en France, gagneraient à les étudier pour garder good common sense…
Nous redonnons ici les articulations de l’échange.
Sur le Brexit :
« Je pense que les étrangers venus légalement au Royaume-Uni avant le Brexit doivent être protégés totalement, tous leurs droits doivent être protégés. Ils sont venus avec une juste compréhension (fair understanding) de ce qu’était notre loi. Le Brexit ne devrait pas les affecter rétroactivement, ce serait profondément injuste (deeply unfair). »
Noter que l’argument de fond resterait pour un catholique substantiellement le même pour les immigrés venus illégalement : ils restent des hommes, et des sujets de droit (et de droits humains), quoique leur présence soit illégale, et en ce sens injuste et inacceptable.
Sur le mariage homosexuel :
« Je tiens les enseignements de l’Eglise catholique sur la Foi et les mœurs. »
Rees-Mogg sera amené à le répéter près de dix fois au cours de l’échange, avec la plus grande fermeté, clarté, intransigeance, et finesse.
« C’est le mariage qui est l’enjeu, non la façon dont les gens organisent leur vie. Le mariage est un sacrement, et ce qu’est un sacrement est sous l’autorité de l’Eglise, et non du Parlement. C’est exactement la position que Thomas More tenait. »
Dans un pays dont le chef d’état est gouverneur suprême de l’Eglise (schismatique) d’Angleterre, et où l’Evangile constitue une référence, ceci constitue un argument des meilleurs. Par contre, dans un pays laïc de principes, athée de culture, et anti-Dieu de fait, il serait (ou aurait été) mieux venu d’axer les argumentaires sur la dimension naturelle et rationnelle du mariage humain entre un homme et une femme.
« Tenez-vous que les relations sexuelles homosexuelles sont un péché ? – Clairement, du péché, c’est à l’Eglise de juger, pas à moi. En ce qui me concerne, je vois des plus clairement que je ne suis pas fondé à juger ce que d’autres personnes font. Le Christ, dans l’Evangile, dit que ce serait à celui qui est sans péché de jeter la première pierre. »
La suite le montrera, ce n’est pas de la sophistique, c’est une position de Foi politique réfléchie, cohérente, et mûre.
« L’enseignement de l’Eglise sur la Foi et les mœurs a autorité, mais c’est également l’enseignement de l’Eglise [et du Christ et de Saint Jacques] que ce n’est pas à moi de juger les autres. »
« L’enseignement de l’Eglise catholique prend-il le pas sur vos engagements politiques ? – Ces matières sont au Parlement affaire de vote personnel, et non de vote de parti ; affaire de vote du Parlement, non de vote de parti ; et pas non plus affaire de choix du Premier Ministre. »
Ceci fait entendre un tintement de démocratie auquel en France nous ne sommes plus habitués…
« Il n’est pas à l’ordre du jour de changer ces lois, il n’y aurait pas de majorité. »
La question n’est pas posée, car la réponse serait évidente – et imparable vu le terrain sur lequel Rees Mogg a placé la discussion : Oui, s’il y avait une majorité, je déposerais une loi pour abolir le “mariage” homosexuel. Mais cela ne devrait pas vous poser de problème, puisque ce serait voté par la majorité du Parlement.
« Je tiens les enseignements de l’Eglise catholique sur la Foi et les mœurs, et je tiens à insister : je ne suis pas contre le “mariage” homosexuel, je tiens l’enseignement de l’Eglise ; je ne m’oppose pas à quelque chose, je soutiens autre chose. Je ne veux pas critiquer les gens qui conduisent leur vie selon des vues qui ne sont pas les miennes, mais je ne veux pas non plus m’écarter de l’enseignement historique de l’Eglise catholique. Si vous disiez que je m’oppose, vous donneriez l’impression que je condamne des gens. »
On pourrait difficilement être plus clair, ferme, cohérent, et fin car puissamment réfléchi. La suite en donnera de nouvelles preuves.
« Mais alors quelle est votre opinion sur l’avortement ? – Je suis totalement contre l’avortement, la vie commence à la conception. Y compris, j’en ai bien peur, comme vous me le demandez, dans les cas de viol et d’inceste, car la vie est sacro-sainte et commence à la conception. »
« Donc vous vous opposez à quelque chose, vous n’êtes pas cohérent avec ce que vous disiez avant ? – Si, car il s’agit de deux sujets totalement différents. Le “mariage” homosexuel est quelque chose que les gens font pour eux-mêmes, l’avortement est quelque chose qui est fait à l’enfant in utero. »
« Donc pour vous, si vous étiez Premier Ministre, vous diriez qu’une jeune fille violée par un membre de sa famille n’aurait absolument aucun droit d’avorter ? – Non, dans le droit du Royaume-Uni, elle aurait le droit d’avorter.
– Vous désapprouvez cette loi ? – Cette loi n’est pas sur le point de changer.
– Quelle est votre opinion personnelle ? – Ma position personnelle est que la vie commence au moment de la conception, et que l’avortement est moralement indéfendable.
– Donc vous feriez naître ce bébé ? – Je ne le ferai pas, car la loi… [et on pourrait presque finir par : prévoit que c’est l’office d’un gynécologue]
– Mais alors qu’en est-il du leader des Libéraux-Démocrates qui a été désavoué par son parti à ce sujet ? – Les Libéraux-Démocrates, malgré leur nom, ont de graves difficultés avec la démocratie. Ils seraient prêts à tout tolérer, sauf les positions chrétiennes, et un chrétien comme leader de leur mouvement. Le parti Conservateur, savez-vous, est bien plus tolérant… Il est facile de clamer que nous vivons dans un pays multiculturel, sauf pour les chrétiens qui tiennent les vues traditionnelles de l’Eglise…
Il est de certaines traditions françaises de flirter avec le gallicanisme. Mais il est par contre dans les traditions anglaises d’être outrageusement papiste. Thomas More s’est incliné devant le jugement du pape, contraire à celui du roi, et a été décapité. Jacob Rees-Mogg suit son illustre compatriote, et ne fait que prolonger les lignes tracées par le pape François. D’où ce côté à la fois inattaquable car parfaitement respectueux des personnes, et totalement intransigeant sur le fond. Et en même temps, position très réaliste car tenant compte du réel possible, sans pour autant renier soi-même ni sa foi. La politique, la morale, la Foi, l’Eglise même sont tellement plus convaincantes, posées et belles avec l’accent d’Eton !
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