Nos coups de coeur
Au printemps 2011, la Syrie bascule dans une crise politique qui se mue très vite en une atroce guerre civile. En trois ans, ce conflit a fait 150 000 morts, des millions de réfugiés et a causé des dégâts irréversibles au patrimoine culturel.
Arabisant et chercheur, l’auteur a sillonné le Moyen-Orient, et en particulier la Syrie à laquelle il a consacré sa thèse de doctorat. Il enseigne actuellement la géopolitique.
Pourquoi ne pas l'écrire ? Sur le dossier syrien, l'Occident s'est trompé. D'erreurs d'appréciation en déclarations intempestives, les grandes puissances, dont la France, ont donné la pénible impression d'une diplomatie de l'improvisation. Les envolées martiales peinent à cacher l'indigence tragique d'une politique parfois menée par des hommes que la complexité du dossier syrien rebute.
Dès les débuts du conflit, la diplomatie française s’est illustrée sur le dossier syrien par son audace et son caractère extrêmement offensif envers le régime de Damas. Cette attitude d’activisme tous azimuts, mélange d’indignation morale, d’agressivité verbale et d’impuissance militaire, aurait de quoi faire sourire s’il n’avait pas mené la France à une impasse, jusqu’aux derniers développements de septembre 2013 où l’on aura vu un président français attendre le coup de fil d’Obama pour assister, impuissant, à la conclusion d’un accord entre Russes et Américains.
Au printemps 2013, la France refusait toujours d’admettre qu’il n’y avait aucune articulation entre l’opposition et les groupes armés sur le terrain. Entretemps, l’infiltration djihadiste encouragée par la lutte sourde entre le Qatar et l’Arabie Saoudite a fini par transformer la Syrie en terrain de jeu régional pour les islamistes du monde entier. Aujourd'hui, la Syrie est un sanctuaire pour le Djihad mondial.
Comment en est-on arrivé là ? Cet essai répond en tentant d'analyser les simplifications qui ont coûté si cher à tout un peuple.
Jean Voisin
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